Avec : Tom Vermeir, Stef Aerts, Hélène de Vos

Après nous avoir fait plonger dans le quart monde et trembler pour un jeune garçon de 13 ans (La Merditude des choses), après nous avoir fait pleurer des rivières et laissé inconsolables avec un grand mélo des familles (Alabama Monroe), Félix Van Groeningen s'attaque une nouvelle fois à la famille par l'intermédiaire de deux frères.

Jo est le plus jeune. parti loin de Gand sans raison apparente (mais peut-être pour échapper à sa famille...), il revient sans crier gare et ouvre un bar en ville, le Belgica qui ne désemplit pas. L'aîné Frank, a une femme, un fils et/mais s'ennuie copieusement. Il trouve que sa vie manque de rock n' roll. Sa femme casse quelques assiettes pour lui en donner du rock, mais ça n'est pas suffisant. Il propose donc à son petit frère de l'aider à gérer le bar. Jo accepte. Erreur.

Et c'est parti pour la grandeur, la décadence et la renaissance d'un endroit de folie où tous les nuitards des environs et de plus loin se pressent pour faire la fête jusqu'au bout de la nuit et même au-delà. Impossible de déloger ces fêtards même au petit jour. Jo et Frank exultent. Entourés d'amis proches, ils s'agrandissent, graissent la patte des pompiers si je pouvais en faire autant avec ma putain de commission de sécurité, mais je suis en France... qui ne donnaient leur accord que pour accueillir 80 personnes... et font de l'endroit "le lieu de perdition préféré" des noctambules. Et puis leur projet a une éthique. Alors c'est beau, car au Belgica, pas de service d'ordre, pas de malabar chargé de la sécurité. C'est une "fucking" Arche de Noé où l'on accueille tout le monde, les riches, les pauvres, les jeunes, les vieux, les beaux, les moches et surtout, les blancs, les noirs, les arabes. Tout le monde sans distinction, sans discrimination. On sent dès le départ la légère réticence de Jo à accorder 50 % de sa confiance et de l'association à son frère qui multiplie les projets, mais ils se lancent !

Sauf que forcément, ce serait trop beau pour être vrai et si Jo, le jeune, qui n'a qu'un œil parce qu'il ne peut y avoir de beau gosse chez Félix, réussit à faire une fête de tous les diables tout en gardant la tête sur ses frêles épaules et à gérer la boîte, Frank se laisse aller, déborder, imbiber par l'ambiance sexe, alcool, drogue et rock'n'roll et bousille tout ce qu'il touche. Jusqu'à en perdre son âme et ses belles illusions...

Alors oui, c'est un sacré foutoir, bordélique, bruyant, survolté, vulgaire aussi parfois, mais qu'est-ce qu'on s'en fout parce que qu'est-ce que c'est bon, qu'est-ce que c'est belge ! Personnellement, j'aime, j'en veux, j'en redemande.

VIVE LE CINEMA BELGE !

Et vive ses acteurs, car Stef Aerts qui m'avait déjà bouleversée en 2010, est une fois encore impressionnant, d'une folle intensité. Et son frangin de cinéma Tom Vermeir, bad boy aussi exaspérant que charismatique (un ptit côté Kevin Bacon pour le jeu des ressemblances) a le cinéma qui coule dans les veines.

LA scène (trop courte) qui rend fou. Quel bazar ! Et quelle merveilleuse idée d'inviter cette fanfare au milieu de tout ce bastringue !