KEEPER de Guillaume Senez ***
avec : Kacey Mottet Klein, Galatéa Bellugi, Catherine Salée, Sam Louwyck, Laetitia Dosch, Aaron Duquaine, Léopold Buchsbaum
Synopsis : Maxime et Mélanie s’aiment. Ensemble, ils explorent, avec amour et maladresse, leur sexualité. Un jour, Mélanie apprend qu’elle est enceinte. Maxime accepte mal la nouvelle mais peu à peu se conforte dans l’idée de devenir père. Il convainc alors Mélanie de garder l’enfant. C’est maintenant décidé, du haut de leurs 15 ans, Maxime et Mélanie vont devenir parents…
Passée la première réaction très masculine (que le mâle ait 15 ans, 30 ou 50 !) : "t'es sûre ? Et il est de moi ?" les hommes sont d'un comique parfois ! Max, plus encore que Mélanie ressent le besoin, l'envie inexplicable mais impérieuse de devenir père. Cette envie déconcertante sera l'objet d'une belle scène avec un travailleur social qui dira à Max : "pour moi ton envie est suffisante mais face à la loi, ce ne sera pas suffisant". Bien sûr à quinze ans, il ne suffit pas de dire "j'ai envie" pour que tout soit simple. Et un enfant ça s'assume, ça s'élève...
Finalement convaincue elle aussi, Mélanie trouve que ce ne serait pas si mal après tout. C'est compter sans la réaction des parents de chacun. Ceux de Max sont divorcés mais toujours parents de leurs enfants. A ce titre, ils affrontent ensemble la nouvelle et prennent ensemble les décisions. Mais la mère de Mélanie a elle aussi été mère très jeune, l'a élevée seule et ne souhaite pas le même avenir difficile pour sa fille. Pour elle, bien que la durée légale pour un avortement soit dépassée, elle a déjà tout organisé pour que Mélanie subisse une IVG en Hollande...
Mais Max et surtout Mélanie qui porte l'enfant, résistent et décident de le garder. Avant d'arriver au terme de la grossesse, il va se passer mille et un événements plus ou moins dramatiques. Les deux ados vont passer par mille et une pensées parfois contradictoires. Et le réalisateur parvient avec beaucoup de réalisme et un sens aigu de la narration jusqu'à la scène finale très belle, très forte, très dure, à ne pas faire un film-dossier qui évoquerait l'avortement, son droit ou son illégalité, les services sociaux, la mono-parentalité, le divorce, l'adoption etc..
Les deux acteurs Kacey Mottet-Klein (et sa déjà longue et brillante carrière) et Galatéa Bellugi ont l'âge de leurs rôles et sont d'une crédibilité et d'une intensité folles. Tour à tour ados pas encore sortis de l'enfance, incapables ou inconscients face à la responsabilité ahurissante, inconcevable à laquelle ils vont s'engager, ils font parfois preuve d'une maturité impressionnante face à cette perspective qui bouleverse forcément la vie quel que soit l'âge des parents : l'arrivée d'un enfant.
Si comme moi vous vous interrogez sur le titre, peut-être ferez-vous la même erreur. Je pensais que Keeper pouvait avoir un sens dans l'acception de to keep, kept, kept, garder et donc, garder le bébé. Il n'en est rien. Il se trouve qu'en plus d'être futur père, Maxime est footballeur, gardien de but et envisage de devenir professionnel. D'où le titre et le réalisateur s'explique : "Keeper", en Belgique et dans bien d’autres pays anglophones, signifie "gardien de but". Je trouvais intéressant de confronter Maxime à ce poste assez ingrat qui en terme d’impuissance fait ici écho au non-pouvoir de Maxime face à la grossesse de Mélanie. "A keeper can’t win a game. He can only save it."
Et à propos de ce rêve de footballeur, le film encore traite bien ce thème et illustre parfaitement à quel point les jeunes s'illusionnent et se trompent sur cette carrière qui offre tant. Aucun n'imagine qu'il n'y a qu'un seul Zidane (oui je sais, je suis en retard d'une génération, mais juste avant 1998 et tout de suite après, le foot n'a jamais été pour moi que ce qu'il est, un jeu moche avec un ballon !) et que devenir multi milliardaire n'est l'apanage que de quelques-uns.