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LES MALHEURS DE SOPHIE de Christophe Honoré ***

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Synopsis : Depuis son château, la petite Sophie ne peut résister à la tentation de l'interdit et ce qu'elle aime par dessus tout, c'est faire des bêtises avec son cousin Paul. Lorsque ses parents décident de rejoindre l'Amérique, Sophie est enchantée. Un an plus tard, elle est de retour en France avec son horrible belle-mère, Madame Fichini. Mais Sophie va pouvoir compter sur l'aide de ses deux amies, les petites filles modèles, et de leur mère, Madame de Fleurville pour se sauver des griffes de cette femme.

Quelle surprise de découvrir ce film ! Et quelle envie surtout de relire la chère Comtesse dont il  me semble en y réfléchissant un peu, mais pas trop, qu'elle est à l'origine de mon goût pour la lecture. Mais à l'époque je ne m'étais sans doute pas bien rendu compte de ce qu'étaient réellement les malheurs de Sophie.



Ne vous fiez pas à l'affiche que je trouve particulièrement moche (pas vous ?) avec cette petite fille à l'air et l'attitude parfaitement têtabaffes. Elle n'est pas très jolie d'ailleurs Sophie, a-t-on le droit de le dire ? Je trouve ça d'ailleurs presqu'audacieux d'avoir choisi parmi les centaines d'enfants castés, une enfant qui n'ait pas un air angélique, yeux bleus/cheveux blonds. En tout cas Sophie n'est rien moins qu'une petite fille de 5/6 ans survitaminée, curieuse comme pas deux, qui expérimente plutôt que de poser des questions et qu'aujourd'hui sans doute on traiterait pour hyperactivité. A l'époque, on se désolait de son inaptitude à être une petite fille modèle idéale, on lui hurlait dessus, on la privait de chocolat, de manger aussi, on la punissait plusieurs jours d'affilée. Les adultes qui ne faisaient pas dans la dentelle psy étaient totalement dépassés par cette fougueuse.

 

Ce film et cette histoire ne sont pas du tout ce que j'en attendais. Je m'attendais à voir une petite peste marrante faire les quatre cents coups avec ses potes et ses cousins. Il n'en est rien. J'ai bel et bien tout oublié des Malheurs et des Petites Filles modèles dont le film est le condensé. Je crois par contre me souvenir que le Général Dourakine était mon De Ségur préféré et que je me demandais comment un livre avec un titre aussi moche pouvait être aussi génial. Je viens d'ailleurs de commander ce qui s'appelle la Trilogie De Fleurville pour me remettre à jour, car je ne trouve plus un seul livre de la Comtesse dans ma bibliothèque. Mais bon, me voilà hors sujet.

 

Sophie.

 

Ce film est souvent un crève-coeur et j'ai eu à plusieurs reprises les larmes au bord des paupières parce qu'en fait de bêtises, il traite surtout (j'ai trouvé) de la maltraitance de l'enfance et Sophie, orpheline d'une mère merveilleuse mais souffreteuse, d'un père absent dont on apercevra qu'une silhouette, se retrouve, pire que Cendrillon, le souffre-douleur de Madame Fichini que son père veuf, a épousée en Amérique. Ce chameau ne supporte pas la fillette, elle la martyrise en bonne adepte du châtiment corporel qu'elle est. Mais comme toute enfant de cet âge, Sophie, vaillante, courageuse et endurante s'adapte et retrouve parfois l'insouciance d'une fillette lorsqu'elle peut de nouveau partager les jeux (ou plutôt imposer les siens) à ses parfaites petites cousines Camille et Madeleine. Son cousin adoré Paul, resté en Amérique lui apparaîtra en rêve en brave cow-boy affrontant des indiens tout comme sa maman, fantomatique et évanescente... scène déchirante où la nuit Sophie crie mamaaaaaan le visage ravagé de larmes qui jaillissent véritablement de ses yeux !

 

Christophe Honoré, dont je découvre qu'il a jadis été auteur de romans pour la jeunesse s'y prend à merveille pour nous conter les Malheurs et j'imagine que parfois il a dû laisser tourner la caméra et saisir des instants de connivence et d'éclats de rire enfantins qui sont vraiment réjouissants. Il a aussi fait intervenir quelques animaux dont le rôle est capital mais en animation, ce qui fait pousser des ho de satisfaction aux enfants. J'étais moi-même accompagnée de cet astre de lumière qu'est ma petite fille qui a je pense, beaucoup aimé. La main devant la bouche elle souriait, s'étonnait et s'inquiétait d'apprendre comment on torture une poupée, on tue un écureuil, on découpe un poisson rouge après l'avoir salé, on prépare un thé... Etait révoltée de découvrir cet instrument de torture le fouet et de me demander si de mon temps cela existait encore ! Et oui, mes parents possédaient un martinet, il était d'ailleurs très coloré, sans doute pour le rendre plus joli, mais je n'en ai jamais tâté. Ma sœur, qui n'était pas sage comme une image comme moi, si !

 

L'intérêt d'avoir une enfant de 7 ans avec soi c'est qu'il m'a été permis par moments d'avoir la traduction de certaines phrases. Lorsque je lui demandais "elle a dit quoi là ?", j'ai eu la surprise de constater que ma petite fille, cette constellation, avait parfaitement compris. Les enfants parlent donc le même langage c'est incontestable, j'en ai eu la preuve. Non pas qu'ils jouent mal ici, au contraire, les petites filles sont absolument incroyables, mais leur débit verbal dépasse parfois le tempo que mon oreille est capable d'assimiler ! J'ai néanmoins trouvé que le petit garçon qui interprète Paul était beaucoup moins naturel que les filles et jouait faux, mais ça ne gêne pas. Je ne vous parle même pas de sa façon de chanter... j'en ai la migraine !

 

Je ne sais trop comment dire la façon dont Christophe Honoré s'y est pris pour filmer cette histoire. On a parfois coutume de dire que tel film est tourné du point du ou des enfants mais là, c'est différent. Les adultes sont présents, uniquement les mères et les domestiques d'ailleurs et s'adressent parfois face caméra pour nous raconter Sophie. A ce titre Baptistin (Jean-Charles Clichet) est particulièrement savoureux. Mais on a l'impression que toute l'organisation de la maison tourne autour des enfants, ce qui n'est sans doute pas le cas mais le réalisateur donne cette impression de façon tout à fait subtile.

 

Les enfants sont à croquer, drôles et parfaitement justes. Sophie (Caroline Grant) est étonnante. Mais pendant quelques instants elle se fait presque voler la vedette par une petite encore plus petite Aèlys Le Nevé dans le rôle de Marguerite de Rosbourg qui m'a beaucoup rappelé la petite Paulette des Jeux Interdits.

 

Côté adultes, Sophie est plutôt bien entourée par sa maman de cinéma Golshifteh Farahani tout en fragilité et inquiétude et responsable aussi d'un des jolis moments de grâce chanté du film. Par sa tante Madame De Fleurville interprétée avec douceur et délicatesse par Anaïs Demoustier. Et surtout par cette charogne de Madame Fichini que Muriel Robin, parfaite, rend pathétique et drôle.

 

A noter la présence/découverte de David Prat, beau, "trop beau" dira cette folle de Madame Fichini, mix de River Phoenix et de Jamie Bell, je vous le dis, y'a du niveau, et  dont la mèche rebelle, le sourire et les fossettes sèment le trouble chez les filles de 5 à 77 ans...

Commentaires

  • Vu, mais pas aimé tant que toi. J'ai souvent eu l'impression d'un film qui n'avait pas toujours réussi à faire des choix, le cul entre deux chaises. D'ac en revanche sur Aélys Le Nevé et les autres fillettes, et sur la compétence esthétique de David Prat.

  • J'ai aussi trouvé du flottement qui a fini par ne plus me déranger car j'ai décidé que le film se faisait au rythme des moutards.

    David est très très compétent encore plus lorsqu'il est en mouvement et très souriant comme dans le film car sur les photos de top, il ne sourit jamais ! Le top doit avoir dans son contrat la mention : "donne l'air de souffrir".

  • Le top doit avoir dans son contrat la mention : "sois beau mais pas engageant, l'important c'est quand même la fripe que tu as sur le dos."

  • Ben même avec son air de top, on a juste envie de lui retirer sa fripe.

  • J'ai fait la moue en voyant l'affiche, mais finalement je vais sans doute y aller. J'ai peu de souvenirs des livres, pourtant je les lisais en boucle, je n'avais que ça sous la main. J'adorais aussi le général Dourakine, qui est, si je ne me trompe pas, la suite de l'auberge de l'ange gardien.

  • Ah ben tu as plus de mémoire que moi. Mais oui l'Auberge de l'ange gardien, ça me parle.
    Je vais relire tout ça.
    Et le film, j'y suis allée parce que je fais confiance à Christophe Honoré, mais l'affiche de la ptite peste (qui n'en est pas une du tout), quelle horreur !!!

  • Alors question bête mais moi ce sont des garçons que j'ai à la maison. Sans faire de sexisme stupide, seront-ils aussi réceptifs que des filles ?
    Sachant que la Comtesse de Ségur est probablement à l'origine des dizaines de cartons de livres que mon conjoint a portés à chacun de nos déménagement (11 à ce jour).

  • Sophie est ce qu'on pourrait appeler un garçon manqué.
    Et il y a Paul !

    Mais si tes garçons ont 11 ans... peut-être pas... mais entre 5 et 8 ça peut le faire :-)

  • Justement ma fille de 7.5 ans est en train de lire mes livres de la Comtesse de Segur, elle a adoré "Les malheurs de Sophie" et "Les petites filles modèles". Je vais peut-être l'emmener voir ce film, dont l'affiche ne m'inspirait pas du tout non plus...

  • Ah ben si elle le lit, elle va être ravie de mettre des visages sur les personnages. Sans hésitation.

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