ADOPTE UN VEUF de François Desagnat **
Synopsis : Lorsqu’on est veuf depuis peu, il est difficile de s'habituer à sa nouvelle vie... C’est le cas d’Hubert Jacquin, qui passe le plus clair de son temps dans son immense appartement à déprimer devant sa télé. Un beau jour, suite à un quiproquo, sa vie va être bouleversée.
Manuela, une jeune et pétillante baroudeuse à la recherche d’un logement s’invite chez lui ! D’abord réticent, Hubert va vite s’habituer à la présence de cette tempête d’énergie, qui parvient même à le convaincre de loger deux autres personnes. Entre les errements de Paul-Gérard que sa femme a quitté et les gardes à l'hôpital de Marion la jeune infirmière un peu coincée, la vie en colocation va réserver à Hubert de nombreuses surprises…
Encore un film dont le titre, je ne vois d'ailleurs aucun rapport ou presque entre le titre, le thème et le traitement. Il ne s'agit nullement d'un veuf qui se fait adopter mais qui se fait envahir parce qu'il a un immense appartement avec plein de chambres inutilisées qui tombent à pic parce que "trouver un logement à Paris... oulala..."
Et puis il y a l'affiche, pas mieux et sans commentaire ou presque. Mais que font les créateurs d'affiches ?
Et enfin la bande annonce, et pourtant j'essaie d'en voir peu, qui m'a épuisée car je crois me souvenir qu'elle met surtout en lumière des moments aux sous-entendus graveleux (ah ah ah ! il est vieux, il est chaud... je suis encore toute humide etc...) et qu'elle a plutôt eu tendance à me faire fuir en marche arrière. Sans compter que j'avais l'impression de connaître le réalisateur mais non en fait c'est un autre. Vincent il s'appelle l'autre, et il me donne de l'urticaire mais en cherchant plus avant, je m'aperçois que François est quand même le frère de Vincent et qu'ils sont tous les deux responsables de choses qui me donnent la nausée... Bref c'était pas gagné.
D'autant que je m'attendais à l'histoire d'un veuf bougon et misanthrope qui allait rencontrer une tornade et finalement devenir un gentil papy plein de cœurs avec les mains. Ce n'est pas ça DU TOUT. Ou presque pas ça. Même si le cahier des charges comédie romantique : on a rien à faire ensemble, on s'aime, on se sépare, on se retrouve... est respecté !
Bon quand ça a démarré et pendant une bonne demi-heure, je me suis quand même demandée pourquoi j'étais là. Et j'avais presque honte de ne pas participer à l'hilarité ambiante : la salle explosait de rire toutes les trois minutes. J'ai eu beaucoup de mal à croire à l'histoire de ce type veuf, donc seul mais aussi solitaire par choix et souhaitant le rester à condition qu'on vienne lui faire son ménage, accepte aussi facilement de se laisser envahir par une jeune femme à la rue et d'en devenir fou dingue comme s'il s'agissait de sa propre fille qu'il n'a jamais eue, la regrettée défunte ayant été dans l'impossibilité de procréer alors que son tendre époux exerçait le métier d'obstétricien. Voyez un peu les gros sabots ! Par contre je suis parvenue parfaitement à intégrer le fait que cet homme mange les sardines à même la boîte et se trouve par inadvertance comme hypnotisé par certains programmes télé pour ne pas dire de TF1 dont ce film fera sans doute les choux gras d'une soirée dominicale à forte audience.
Et puis, progressivement, presqu'à l'insu de mon propre gré et malgré l'abattage un chouya forcé de l'envahissante Manuela, je me suis laissé gagner par l'atmosphère douce et enveloppante de la bienveillance qui s'est mis à régner au sein de ce grand appartement parisien. Surtout que pas folle la guêpe, Manuela sait compter et s'aperçoit vite que deux autres chambres sont vides et organise donc avec l'accord d'Hubert qui supervise, un casting pour choisir deux autres colocs. Paul-Gérard un avocat coincé du cul et aussi un peu du cerveau en instance de divorce et Marion une infirmière naïve et généreuse un peu coincée du cul et aussi un peu du cerveau (mais moins) voyez un peu l'ouverture... sont les nouveaux heureux élus. Et là, sans même le décider vraiment, j'ai trouvé que toute cette douceur, cette gentillesse, cet altruisme, cette empathie, cette générosité... et bien ça fait un bien fou et qu'ils ne m'ont semblé ni ridicules ni artificiels. Même quand il essaie, le réalisateur ne parvient pas à être vachard et les quelques prises de bec entre les filles n'aboutissent qu'à un peu plus d'amour encore, comme dit le poète.
C'est donc un film qui fait du bien même si cinématographiquement parlant, il vaut mieux rester indulgent.
Côté casting, dialogues et interprétation (donc sans doute direction d'acteurs), un quasi sans faute. Je n'ai guère été impressionnée par Bérangère Krief et son attitude de brave fille gentille naïve, bordélique, rigolote et Arnaud Ducret qui semble embarrassé par son grand corps qui du coup le fait avancer tête baissée comme s'il allait se prendre une porte.
Par contre, André Dussolier, débarrassé des tics un peu "Alain Resnais" du grand dadet distrait et bégayant, il est plus séduisant que jamais, très naturel, drôle, affectueux. Et très à l'aise dans le rôle du chef de tribu, paternel, sexy et rassurant. Et Julia Piaton que je découvrais tout en me disant sans cesse "je connais cette tête"... et en cherchant j'ai trouvé que je l'avais vue récemment dans un téléfilm Le secret d'Elise où elle était magnifique dans le rôle de la maman désespérée d'une enfant-fantôme. Ici, en infirmière très, trop empathique donc qui n'existe pas, elle impose sa grâce et sa drôlerie avec "sa tête de poupée première de la classe".
Enfin, quelques interventions de ce garnement irrésistible de Panayotis Pascot donnent un coup de peps au ronron. Son naturel, sa spontanéité sans gêne, son humour culotté et puis tout ça... car le petit coquin n'a pas oublié d'être joli comme un cœur, me donne l'envie d'adopter un Panayotis pour le mettre dans ma grande maison. Je le crois suffisamment malin pour ne pas se laisser enfermer dans un emploi unique mais si vous ne le connaissez pas je vous encourage vivement à découvrir ses micros trottoirs hilarants*. En tout cas le fait qu'il se tourne vers le cinéma est une excellente idée.
Souffreteuse et bronchitique, je suis sortie de la séance toute souriante. C'est déjà beaucoup.
* je vous recommande La politesse au volant. J'en pleure de rire.
Commentaires
Oui bon ben tout pareil en fait.
Voilà, y'a pas de mal à se faire du bien ! Et en plus ce n'est pas bite couille caca prout vomi...
Ah si, un peu de vomi. Sacré Arnaud !
Bonjour Pascale, je suis d'accord pour dire que l'affiche ne donne pas envie de voir ce film qui n'est pas si mal. Il manque un peu de punch, de rythme mais cela se laisse voir (surtout après une journée de boulot). Bonne après-midi.
Oui il ne fait pas de mal et UN PEU de bien !