LES AUTRES FILMS DE JUIN 2016
ILS SONT PARTOUT d'Yvan Attal **
L'OUTSIDER de Christophe Barratier *
UN TRAÎTRE IDÉAL de Suzanne White °
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ILS SONT PARTOUT d'Yvan Attal **
Yvan Attal est juif, ni israélien, ni israélite, ni hébreu, ni feuj. Juif. Il n'en tire aucune fierté. C'est juste un fait. Mais dans ce monde où se développent et règnent la xénophobie, la haine, la peur de l'autre, le racisme et l'antisémitisme, Yvan devient paranoïaque aux yeux de son entourage et consulte un psy pour lui faire part de ses peurs.
Les séances chez le psy sont le fil conducteur entre différents sketches dans lesquels l'acteur/réalisateur tente de démonter avec humour les clichés antisémites.
Qui sont donc ces "ils" du titre ? Les juifs pour les antisémites et les antisémites pour les juifs. Si l'on ne devait retenir de ce film qu'une réplique et quelques chiffres, ce serait ceux-ci : la population sur terre est actuellement évaluée à 7.5 milliards, la population juive à 13 743 100 personnes, soit 0.2 % de la population mondiale. Pas vraiment de quoi fantasmer ! Et pourtant c'est un fait, les juifs continuent de faire peur et d'être responsables d'une partie des maux de la planète... L'homme est formidable !!!
Sujet particulièrement casse-gueule et courageux, traité sur le mode du film à sketches, on peut dire qu'Yvan Attal a cumulé les handicaps. Il en ressort un film éminemment sincère mais inégal, parfois incompréhensible, parfois juste, parfois drôle. Mais surtout ce que l'on en retient c'est l'inquiétude d'Yvan Attal.
Le "sketche" qui rassemble Benoît Poelvoorde et Valérie Bonneton en famille Le Pen au-delà du racisme est particulièrement savoureux. Celui où Dany Boon marié à Charlotte Gainsbourg est le plus drôle et il n'y a donc que son (vrai) mari pour sortir Charlotte de ses rôles de dépressive et développer ses évidentes qualités comiques. François Damiens assure. Le sketche où Gilles Lellouche est Jésus est abscons.
Inégal donc, mais sincère et courageux. Ah oui, je l'ai déjà dit.
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L'OUTSIDER de Christophe Barratier *
Avec : Arthur Dupont, François-Xavier Demaison, Sabrina Ouazani, Søren Prévost,
Synopsis : On connaît tous Kerviel, l’opérateur de marchés de 31 ans dont les prises de risque auraient pu, en 2008, faire basculer la Société Générale - voire même le système financier mondial… Entré dans la banque par la petite porte en 2000, personne n’aurait pu prédire que le jeune Breton parviendrait à devenir trader 5 ans plus tard. Et Jérôme Kerviel va gagner ses galons et sa place en apprenant vite. Très vite. Jusqu’à fin 2007, il sera dans une spirale de réussite : « une bonne gagneuse », « une cash-machine » - comme le surnommaient ses collègues…
Rarement il a été donné de voir une profession où les patrons et les employés sont également antipathiques. D'une vulgarité sans nom, humiliant, rabrouant ceux qui n'ont pas encore atteint le titre tellement enviable de traders, tous sont ici d'une médiocrité affolante, multipliant les blagues pas drôles et les sorties alcoolisées dans des boîtes hots où ces types préfèrent se rouler sur de sublimes créatures plutôt que de vivre une vraie vie.
Jérôme Kerviel est donc monté très haut très vite et descendu très bas encore plus vite. Les millions, les milliards qui sont brassés dans ce bureau à l'ambiance survoltée, on ne les voit jamais. Mais ces types tellement grisés par les chiffres et le jeu n'en sortent que pour fêter leurs gains. Ce qui est dit et répété et censé être drôle (j'imagine) est "ah oui, tu as une petite bite" et les hommes, suprême insulte, se traitent de "fillettes" et autres qualificatifs féminins pour bien montrer leur supériorité. Affligeant.
Il se trouve que pas plus tard que la semaine dernière, j'ai revu Le loup de Wall Street dans lequel Martin Scorsese nous permettait de nous passionner pour un "bouffon, une ordure" (génial Leo). Ce n'est évidemment pas le cas ici et le film ne tient pas la comparaison même si on est obligé de la faire.
Ce qui le sauve est l'interprétation d'Arthur Dupont, dépassé par sa propre folie, Sabrina Ouazani sublime et Søren Prévost formidable.
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UN TRAÎTRE IDÉAL de Suzanne White °
Avec Ewan McGregor, Stellan Skargård, Naomi Harris, Damian Lewis
Perry et Gail sont en vacances à Marrakech pour essayer d'oublier le coup de canif que Monsieur a donné dans le contrat en roucoulant avec une de ses étudiantes. Mais le climat marocain n'y fait rien, Madame a ses nerfs. Alors, un soir de migraine, Monsieur se laisse embarquer par Dima un millionnaire russe, excentrique, bruyant et autoritaire qui lui fait connaître les endroits hots de Marrakech. En deux jours, Dima fait une confiance absolue à Perry et lui confie une clé USB qu'il lui demande de remettre aux autorités grandes bretonnes dès qu'il rentrera au pays.
Cette histoire abracadabrantesque est tirée d'un roman de John le Carré. Sur le papier le récit est sans doute palpitant mais à l'écran ça ne tient pas debout. Tout est tellement invraisemblable qu'on n'y croit pas une seconde et Ewan McGregor qui se transforme de prof' de fac en agent très spécial ne semble pas y croire non plus. Ses déboires matrimoniaux nous laissent de marbre et imaginer que les services secrets brexitois utilisent un citoyen ordinaire pour déjouer un complot et jouer de la gâchette... on aimerait en rire mais ça n'est même pas drôle.
Stellan Skarsgård surjoue fortissimo et avec un accent à couper à la machette le russe qui fait flipper mais finalement au grand cœur. Bref, ça n'a pas grand intérêt et surtout ni queue ni tête ! Mais, Madame admirative devant la transformation de son mari, lui pardonne !
Commentaires
Un Traître Idéal -> D'accord avec toi qu'on n'y croit pas une seule seconde - déjà le ruskof qui invite un blanc bec à boire un coup, puis à une soirée, l'autre qui sniffe et va tabasser avec ses petits poings un gros lourdeaud occupé à autre chose avec une dame, et du coup, ça convainc le ruskof du début de lui filer sa clé usb... comme ça, sans raison, juste parce qu'il était là...
Et tout le reste à l'avenant : la gamine qui téléphone à son copain qui est un méchant - elle est enceinte - et le freluquet qui zigouille un autre ruskoff surentrainé pask'il profitait de l'épaisseur de la forêt pour mettre quelques soufflets à son copain, du coup, l'autre, flairant l'accident de pale, lui conseille le vol d'hélico suivant, et tutti quanti... On n'y croit jamais, d'un bout à l'autre.
Mais c'est du cinéma, tu sais : ça reste un film, tiré d'un livre même pas vrai, hein.
Et puis surtout on retrouve notre Damian
Il y a des films et des livres pas vrais qui donnent l'illusion de l'être et du coup, ça fait un peu plus "sérieux" et on entre dans le "jeu", mais là, on se fout de tout.
Je ne me souvenais plus de l'histoire de la gamine amoureuse/enceinte du garde du corps. Le grand n'imp' terminal :-)