LOVE AND FRIENDSHIP
de Whitt Stillman **
avec Kate Beckinsale, Chloé Sevigny, Tom Bennett, Stephen Fry
Jeune, belle et récemment veuve, Lady Susan Vernon débarque chez son beau-frère (le frère du défunt) et sa belle-soeur Catherine, précédée de sa sulfureuse réputation.
Elle s'est commodément débarrassée de sa fille adolescente Frederica en la plaçant dans une institution chargée de son éducation, mais la jeune fille s'en échappe. Encombrante, sa mère cherche à la marier au stupide Sir James Martin mais là encore Frederica refuse. Aidée par son amie américaine Alicia, elle va multiplier les intrigues pour lui trouver et se trouver un prétendant.
Traitée sur le mode de la comédie en froufrous virevoltante avec moult chassés-croisés, portes qui claquent, longs couloirs, complots et quiproquos Love and Friendship, tiré du roman épistolaire de Jane Austen Lady Susan, n'oublie pas de sous-entendre qu'à cette époque, la fin du XVIIIème siècle, les femmes n'avaient d'autre choix pour s'en sortir que de faire un "bon" mariage. Hors de l'homme, point de salut possible. Les femmes étaient donc soumises à des mariages arrangés avec des hommes fortunés certes qui avaient l'âge d'être leurs pères leur donnant l'espoir non dissimulé de les voir mourir rapidement ou d'autres du même âge mais qui hélas ne restaient pas fidèles à leur jeune épouse. Parfois, rarement, l'amour venait s'immiscer dans ces unions.
Lady Susan, scandaleuse, égoïste, menteuse et manipulatrice a un fort ascendant sur les hommes qu'elle parvient à utiliser selon ses plans. Certains comme le mari de sa meilleure amie s'aperçoivent de sa mauvaise influence et de ses manœuvres et il ne cesse de menacer Alicia de la réexpédier aux Etats-Unis si elle continue de fréquenter Lady Susan. Mais Alicia et Susan sont bien plus machiavéliques encore qu'on ne peut les soupçonner.
Malgré une somptueuse reconstitution d'époque, les demeures, les intérieurs, les toilettes sont sublimes, des dialogues vifs et intelligents, une réalisation dynamique, une interprétation impeccable, malgré l'humour et la cruauté, les intrigues, mensonges, ruses et stratagèmes diaboliques de cette peste sans cœur finissent par lasser et le temps paraît long dans la dernière demi-heure quand on a compris quelle indécrottable chipie est Ladie Susan.