de Philippe Falardeau ***(*)

Avec Patrick Huard, Irdens Exantus, Suzanne Clément

Jusque là il était assez simple pour Steve Guibord d'être le Député Indépendant (je pense que nous disons "sans étiquette" dans nos contrées) du Comté de Prescott, Makadewa et Rapides-Aux-Outardes (voir carte ci-dessous) :

Il lui suffisait d'inaugurer les cafeterias du coin, de régler les problèmes locaux, d'apaiser quelques tensions entre différentes communautés. Pour bien comprendre, je vous invite à parcourir le faux Site très drôle du Député Guibord ICI.

Les choses se compliquent lorsque, comme tout député, Guibord doit participer à un vote national afin de décider si le Canada doit envoyer des troupes pour combattre au Moyen-Orient. Elles se corsent doublement lorsqu'il découvre après le vote de tous les députés, que le sien va faire basculer le vote en fonction du "oui" ou du "non à la guerre". Il décide donc de lancer une consultation chez ses concitoyens car même s'il a un avis tranché sur la question, il estime qu'il est de son devoir d'interroger les habitants du comté. Il se lance donc pour une semaine dans une campagne politique. Et pour cela, il va parcourir des centaines et des centaines de kilomètres (le pays est vaste) mais comme il souffre d'aérophobie, il doit voyager en voiture ce qui rend les déplacements forcément plus longs et le temps est compté.

Il est accompagné dans son périple par Souverain Pascal, étudiant stagiaire en Sciences Politiques qui a confondu entretien d'embauche et embauche et a débarqué au Canada avec sa valise. Comme Guibord est un brave type, il n'a pas renvoyé Souverain dans ses foyers. Fraîchement sorti de l'école, la tête farcie de théories, d'idées, de phrases toutes faites : "cela ouvre une belle fenêtre de démocratie" et très imprégné de ses lectures, notamment celle de Rousseau, il va être d'une aide précieuse pour Guibord face aux aléas du voyage. En effet, en chemin ils vont rencontrer des mineurs, des routiers, des aborigènes qui tous ont décidé de bloquer la nationale pour obtenir satisfaction et aussi un groupe de baba-cools (pas si cools) qui vont tenter de « récupérer » Guibord pour leur cause.

On découvre également la famille du député, une femme et une fille aux forts tempéraments qui ne seront pas toujours ni forcément un atout dans son jeu.

Vous l'avez compris, beaucoup d'intrigues, de sous-intrigues, de personnages avec comme point central Guibord et son inénarrable et très précieux stagiaire qui reste en contact permanent avec son Haïti natal via skipe et à qui il donne des cours de géo-politiques pointus, au point que les habitants de l'île vont se mobiliser pour la cause Guibord.

Inutile de vous préciser que j'ai complètement craqué pour ce film, cette histoire, ce personnage. Evidemment je ne suis pas certaine d'avoir compris tous les arcanes de la vie politique canadienne mais Falardeau en donne une vision précise et variée même si le caractère naïf et archi-positif n'échappe pas. S'il existait, Guibord serait le politicien idéal dont nous rêvons tous.

Si vous avez en vie de découvrir un beau film, gai, drôle, optimiste que l'on regarde d'un bout à l'autre le sourire aux lèvres. Si vous avez envie de passer moins de deux heures -un exploit- avec un beau personnage, charmant à l'accent merveilleux. Si vous avez envie d'accompagner un acteur craquant, crédible, irrésistible. C'est Guibord qu'il vous faut.

A noter, malgré l'ambiance globale à la plaisanterie malgré tout sur fond politique, une scène franchement poignante et une autre où Guibord /Patrick Huard s'effondre de ne pouvoir monter dans un avion... On découvre alors la vaste palette de ce merveilleux acteur.