LE FILS DE JEAN
de Philippe Lioret ***
Avec Pierre Deladonchamps, Gabriel Arcand
Mathieu reçoit un étrange coup de fil ce matin-là au travail. Alors qu'il n'a jamais connu son père et que sa mère lui a toujours dit qu'il était issu d'une histoire d'un soir, un homme, Pierre, lui annonce que son père est mort, qu'il a un colis à lui expédier et qu'avant lui, il a eu deux autres fils.
Contre toute attente et bouleversé par cette nouvelle, Mathieu décide de se rendre à Montréal, d'assister aux obsèques et surtout de rencontrer ses deux frères. L'accueil de Pierre est plus que froid et il déconseille à Mathieu de rencontrer ses frères. Ils viennent d'apprendre que leur père est mort, c'est déjà assez perturbant. Mais Mathieu insiste, assure qu'il ne posera aucun problème et sera présenté comme le fils d'un ami.
Jean est mort noyé et le corps n'ayant jamais été retrouvé, ses fils organisent des recherches dans le lac. Mathieu et Pierre les accompagnent. Au cours du week-end dans une cabane de pêcheurs, les surprises et les révélations vont s'enchaîner. Mais promis, je ne dirai rien.
On sait que Philippe Lioret est un réalisateur sensible et parfois engagé qui aime traiter de la filiation, des rapports entre les parents et leurs enfants et réciproquement. Des non-dits, mystères et secrets des familles. Il nous avait laissés en larmes avec l'histoire d'un père qui veut protéger sa fille maladroitement et au-delà de toute logique dans Je vais bien, ne t'en fais pas. Et si Welcome était plus engagé, les rapports entre un maître nageur et un jeune migrant qui cherchait à rejoindre à la nage depuis Calais sa famille en Angleterre, Simon s'attachait à Bilal comme un père à un fils.
Comme chaque fois, sans pathos ni hystérie, le réalisateur fait se rencontrer, se rapprocher, se découvrir et se comprendre des êtres qui auraient pu ne jamais se trouver en présence les uns des autres. Il sait doser avec précision et sans excès la part de méfiance, de bienveillance et finalement de confiance ou d'hostilité qui s'instaure entre les êtres.
Il utilise et se repose sur l'interprétation supra sensible de deux acteurs intenses. Gabriel Arcand (aaaaaaaaaaaah ce que j'ai aimé Ovide Plouffe : introuvable en DVD :-(' ) a toujours son beau regard triste un peu perdu. Bougon et généreux, il fait la démonstration sans esbroufe de ce qu'est la présence incontestable d'un grand acteur. Et quand son beau visage s'éclaire d'un sourire, ses yeux se mettent à pétiller encore davantage de tendresse et de douceur.
Et évidemment Pierre Deladonchamps, tout en beauté et en douceur aussi. Son visage est un paysage où l'on trouve l'enfance dans ce regard naïf, étonné, ce sourire lumineux, et la vie qui va dans des rides profondes déjà creusées autour des yeux et de la bouche. Tout en délicatesse et en pudeur, comme tout le film, il impose son obstination avec charme, finesse et intelligence.
Un bien beau moment.
Commentaires
Un bien beau moment oui, surtout le dernier quart. Je suis moins fan que toi de Pierre Deladonchamps, je le trouve un peu terne (pas taper).
Je comprends ce que tu veux dire... mais je le perçois plus comme de la sobriété.
Je ne te taperai pas à condition que tu ne recommences pas.
Coucou Pascale !
Super ton blog ! Je sens que je vais passer de bons moments à découvrir tout ça !
C'est Nathaly (et Joël) Place Stan ce soir !
Envoie moi un petit mail qu'on échange nos coordonnées !
A bientôt
Super que tu sois déjà passée :-)
A bientôt.
J'attendais ta critique :) un Lioret demeure toujours intéressant à regarder. Cette économie dans la démonstration des sentiments me fait l'effet d'une bouffée d'air frais. J'ai lu que Deladonchamps avait surtout été retenu pour son regard, où transparaissait une certaine innocence propre à l'enfance. Avec ce film j'ai découvert 2 grands acteurs.
Oui ce grand regard étonné et ce sourire lumineux, on dirait un enfant.
Beau film.
Et Gabriel... :-)))
Bonjour Pascale,
J'habite à Montréal et mon père qui réside en France est en ce moment ici pour me rendre visite. Il a tellement adoré le film et les paysages qu'il souhaiterait les visiter et m'a chargé de les localiser! Je n'arrive cependant pas à trouver des indications sur Internet. Il n'est ici que pour quelques jours. Est-ce que tu aurais la gentillesse de me donner des informations? Un grand merci par avance.
Pascale, excuse le tutoiement, c'est naturel au Québec;-)
Tux peut-être essayer la maison de production en leur expliquant gentiment :-)
http://www.unifrance.org/corporate#contacts
Et aucun problème pour le tutoiement qui me vient naturellement aussi.