FREE STATES OF JONES
de Gary Ross **(*)
Avec Matthew McConaughey
Synopsis : En pleine guerre de Sécession, Newton Knight, courageux fermier du Mississippi, prend la tête d’un groupe de modestes paysans blancs et d'esclaves en fuite pour se battre contre les États confédérés. Formant un régiment de rebelles indomptables, Knight et ses hommes ont l'avantage stratégique de connaître le terrain, même si leurs ennemis sont bien plus nombreux et beaucoup mieux armés… Résolument engagé contre l'injustice et l'exploitation humaine, l'intrépide fermier fonde le premier État d'hommes libres où Noirs et Blancs sont à égalité.
Quel sujet en or ! Une histoire à la fois glorieuse et honteuse de l'histoire des Etats-Unis où l'on comprend à quel point cette nation s'est fondée sur la succession de lois raciales, racistes. On découvre une espèce de Spartacus en la personne de Newton Knight (superbe nom pour un humaniste), qui a réellement existé. Déserteur parce qu'il ne comprenait pas le combat qu'on lui faisait mener lors de la guerre de Sécession cet orateur hors pair et charismatique a su entraîner à sa suite des blancs et des noirs avec comme projet de créer un Etat libre où les hommes seraient libres et égaux en droit qu'elle que soit leur couleur. Que l'Histoire l'ait quasiment oublié est surprenant. Il paraît que même aux Etats-Unis il n'a que peu de reconnaissance alors qu'il a mené, les armes à la main, un combat digne sans doute d'un Martin Luther King.
Un personnage magnifique donc et un combat dont on n'a jamais entendu parler. Car malgré quelques films qui évoquent la Guerre de Sécession on sait peu qu'après l'abolition de l'esclavage, l'exploitation des noirs dans les plantations a repris de plus belle et a vu et fait naître le Ku Klux Klan.
Dommage donc que Gary Ross, malgré une profusion de moyens aboutissent à un film qui manque d'ampleur et d'émotion. Concentré essentiellement sur trois points semble-t-il : sa star qui comme sur l'affiche et pour mon plus grand plaisir, envahit l'écran, l'histoire, le film, les décors naturels somptueux, la reconstitution de l'époque. Mais la longueur du film, la complexité des situations (n'étant pas américaine d'origine, il fallait souvent que je me concentre pour savoir où étaient les yankees (en fait y'en a pas ici) et les confédérés car au bout d'un moment à cause de la crasse et de la poussière, tous les uniformes sont gris), et le fait que le réalisateur ait fait appel à un casting d'acteurs particulièrement fades, rendent l'entreprise parfois décevante.
Sans parler des scènes parfaitement inutiles et sans intérêt qui ralentissent régulièrement l'action. Newt Knight ayant fondé une famille avec une ex esclave noire, 85 ans plus tard un de ses petits fils, absolument blanc, aurait néanmoins 1/8 de sang noir et serait hors la loi dans l'Etat du Mississippi pour avoir épousé une blanche. On comprend bien l'intention, merci, mais ces flash-fowards se révèlent particulièrement impersonnels compte tenu également du fait qu'il est absolument impossible d'entrer en empathie avec un acteur aussi inexpressif que Brian Lee Franklin.
Néanmoins l'histoire est passionnante car édifiante et révélatrice de tant d'injustices insupportables. Et puis quelques scènes relèvent parfois le niveau. Celle où Newt tient tête au collecteur d'impôts avec une femme et trois fillettes. Ou la belle scène d'ouverture dans laquelle il tente de sauver son neveu (le jeune et excellent Jacob Lofland qui avait déjà croisé la route de Matthew dans Mud). Pour n'en citer que deux.
Et bien sûr, il y a Matthew McConaughey. Il n'est certes pas responsable que le réalisateur lui ait accordé toute cette place. Il est de quasi tous les plans et semble porter le film à lui tout seul, entraînant difficilement derrière lui une équipe d'acteurs inconnus et parfaitement oubliables. Alors forcément, il en fait des tonnes, hirsute, les dents pourries, le regard halluciné devant tant d'horreurs. Mais on a aucun mal à imaginer, lui qui a tout du héros capable de sauver le monde, à quel point cette cause a pu le toucher sincèrement.
Commentaires
J'en attends trop pour ne pas être déçu.
Je vais laisser passer un peu de temps et j'y reviendrai... peut-être.
Oula, si tu en attends trop... ça va pas le faire :-)