LA DERNIÈRE CHANCE
(LUMIÈRE 2016)
de Leopold Lintberg ***
Suisse, 1945
Trésors des archives
Des propositions de la Cineteca di Bologna (Italie), de la Cinémathèque française, de la Cinémathèque royale de Belgique, de la Cinémathèque suisse, du Museo nazionale del cinema de Turin (Italie), du Národní filmový archiv de Prague (République tchèque), du National Digital Archive and Film Institute (Hongrie), ou de Mosfilm (Russie) : pour quelques joyaux et curiosités venus du monde entier.
Synopsis : Nord de l'Italie, septembre 1943. Deux soldats alliés, un Anglais (John Hoy) et un Américain (Ray Reagan), échappent aux S.S. Cherchant à gagner la Suisse, ils trouvent asile chez un curé de village qui accueille des réfugiés de toutes nationalités. Devant ses supplications, ils prennent la tête d’un convoi d’hommes, de femmes, d’enfants et de vieillards pour les mener, à travers les montagnes, jusqu’à la frontière.
Un vieux Juif polonais et sa nièce, un ouvrier yougoslave, un professeur qui transporte les travaux d’une vie dans sa valise, une femme dont le mari est déporté, accompagnée de son fils adolescent… Sur des pentes abruptes enneigées, à travers la bourrasque, cet étrange cortège est en marche. Venus de tous les pays d’Europe, parlant toutes les langues, les réfugiés forment une même communauté : celle des victimes du nazisme que le malheur rassemble.
Au départ les deux soldats doivent s'échapper seuls Puis à la demande du curé, ils se retrouvent responsables de tous ces gens qui fuient depuis des mois, parfois des années face à la barbarie. Si le film est parfois écrasé par une musique grandiloquente, certaines scènes d'une intensité exceptionnelle le hissent vers le haut. Comme celle, incroyable, vibrante, où tous les réfugiés s'abritent quelques heures dans un refuge de montagne abandonné. Alors que le serbe, le seul à ne parler que sa langue et donc à avoir du mal à se faire comprendre des autres, entonne une chanson. Tous les autres, quelle que soit sa nationalité, s'aperçoit qu'ils connaissent la chanson. Ils chantent donc Frère Jacques, chacun dans sa langue et c'est d'une beauté et d'une émotion rares. Rien que pour cette scène le film devrait être mondialement connu.
Il nous est présenté par le Directeur de la Cinémathèque Suisse qui nous fait comprendre le travail de fourmis que représente la restauration de ces films. Tout content qu'il est d'avoir retrouvé à la Cinémathèque de Toulouse moins d'une minute du film.
Ce film rare qui en 1946 remporte un Golden Globe, l’un des Grands Prix du premier Festival de Cannes ainsi que le Prix international de la Paix est un hymne à la tolérance, à la fraternité et encore hélas totalement d'actualité puisqu'il évoque le statut des réfugiés. Dans les années 40, la Suisse neutre, ne parvenait pas à absorber cet afflux massif de migrants... La dernière image saisissante fait prendre conscience de la réalité de ce que vivent ces gens qui un jour se jettent sur les routes pour échapper à l'horreur.
Extrait du catalogue :
Leopold Lindtberg est un metteur en scène et réalisateur autrichien, né à Vienne mais installé en Suisse dès 1932. En 1944, il réalise Marie-Louise, film pacifiste sur une petite fille française recueillie sur le sol helvétique. Le film est un franc succès. Loué par la critique américaine, il reçoit un Oscar pour son scénario. Cette réussite marque le début d’une période faste pour Lindtberg, mais également pour les studios zurichois Praesens-Films, qui caressent alors le rêve de coproductions avec l'Amérique. Lindtberg signe un an plus tard, avec La Dernière Chance, une œuvre majeure de l’histoire du cinéma suisse, interrogeant la question des réfugiés et de l’asile. Sorti quelques jours après l’armistice du 8 mai et vu par plus d’un million de spectateurs en Suisse, le film est un triomphe et bénéficie d’un rayonnement international.