JE SUIS UN SENTIMENTAL
(LUMIÈRE 2016)
de John Berry **(*)
France, Italie, 1955
Avec : Eddie Constantine (Barney Morgan), Bella Darvi (Marianne Colas), Paul Frankeur (Jacques Rupert), Olivier Hussenot (Michel Gérard), Walter Chiari (Dédé la Couleuvre)
Revoir Eddie Constantine
Eddie Constantine, acteur et chanteur d’origine américaine, connut le succès en France avec le personnage de l’agent secret Lemmy Caution, et ses rôles dans le cinéma d’auteur, auprès de Michel Deville, John Berry, Jean-Luc Godard.
Synopsis : Le journaliste Barney Morgan (Eddie Constantine) enquête sur le meurtre d’une jeune femme (Cosetta Greco), amie proche et maîtresse de son patron (Paul Frankeur). Le mari de la victime (Olivier Hussenot) qui sort de prison est rapidement arrêté et condamné à mort. C’était sans compter sur la jeune avocate du suspect (Bella Darvi) qui poussera Morgan à se plonger dans une enquête plus complexe.
Le film est présenté par Bertrand Tavernier qui comme toujours nous ravit par son enthousiasme, son érudition. Les films avec Eddie Constantine ont enchanté son adolescence. Parfois ses commentaires et analyses sont largement supérieurs au film. C'est le cas ici. Le film bénéficiant pourtant d'un scenario particulièrement alambiqué mais pas toujours très clair m'a semblé être une récréation.
L'acteur au délicieux accent américain apporte une réelle décontraction dans cette histoire plutôt sombre. Il se reproche d'avoir fait arrêter un peu arbitrairement un pauvre type innocent pour protéger son ami et met finalement (entre deux cuites) tout en œuvre pour lui éviter la peine de mort. En général, il séduit sans la moindre difficulté la jolie fille du film. Ici une jeune et jolie avocate interprétée brillamment par Bella Darvi.
Bertrand Tavernier nous explique également que John Berry ne pouvait s'empêcher d'insérer au cœur de son histoire dramatique des scènes de pur burlesque digne de Laurel et Hardy. C'est le cas ici où la scène d'évasion du tribunal est absolument hilarante.
Extrait du Catalogue :
Je suis un sentimental est la seconde collaboration entre Eddie Constantine et John Berry, après Ça va barder, réalisé la même année. Il s'agit du sixième film français d’Eddie Constantine. L’acteur américain, ancien crooner de cabaret, est devenu, depuis 1953 et La Môme Vert-de-gris, le héros de la Série Noire à la française, après un passage sans succès par Hollywood. John Berry lui fait abandonner son personnage de Lemmy Caution, l'agent secret imaginé par Peter Cheyney, pour celui d'un journaliste à l'américaine, bagarreur et justicier.
Eddie Constantine manifeste une grande aisance face à la caméra, servie par son flegme naturel, qui lui permet de tenir tête à Paul Frankeur, un des vieux routiers les plus solides du cinéma français. John Berry n’hésite pas à donner une dimension burlesque à son film noir, en partie tourné à la prison de Fresnes. Le reporter se trouve confronté à des situations rocambolesques, telle une fuite en pyjama, puis en trapèze. Mais, comme tout héros comique, il élimine un à un ses adversaires, en les poussant en dehors du cadre.
«La multiplicité des plans ainsi que le rythme accéléré de la mise en scène compensent un scénario bien insolite. La salle de rédaction et l’imprimerie d’un quotidien, un hôpital, le Palais de justice et un théâtre sont les principaux décors de cette intrigue compliquée dans laquelle Eddie Constantine tient le rôle d’un reporter – mousquetaire-au-grand-cœur (et toujours amateur de whisky) qui met tout en œuvre pour innocenter l’inculpé (Olivier Hussenot), allant jusqu’à risquer sa vie pour faire éclater un scandale.» (Jacqueline Fabre, Libération, 25 octobre 1955)