L'ODYSSÉE
de Jérôme Salle **(*)
Il s'agit donc d'un biopic. Il faut supposer que lorsqu'on s'attelle à un tel projet c'est qu'on est fou admiratif de la personne dont on raconte l'histoire. Je trouve que Jérôme Salle est parvenu à prendre pas mal de recul et réussit à ne pas faire une hagiographie du grand homme sans y apporter quelques nuances. Même s'il ne s'appesantit pas sur le fait que les préoccupations écologiques sont arrivées bien tard dans la vie du Commandant et qu'il évite les horreurs familiales après la mort de Cousteau, le réalisateur n'en fait pas un saint homme irréprochable. Au contraire, et l'interprétation subtile et très nuancée de Lambert Wilson y est pour beaucoup.
Lorsque les enfants Philippe et Jean-Michel sont encore petits, on assiste à l'évolution d'une famille parfaitement unie toute entière dévouée à la plongée sous marine. Les quatre semblent développer une philosophie de vie dans l'instant. Ils regardent les étoiles le soir couchés à même le sol. C'est beau. En contemplant la complicité entre le père et ses enfants, surtout avec Philippe le préféré et la mère, elle aussi, voire surtout elle, passionnée par la mer, on bave d'envie devant cette famille idéale... Mais dès lors (pour faire vite) que Cousteau et sa Simone "La Bergère" font l'acquisition de La Calypso, épave qu'ils renflouent grâce aux bijoux de famille que madame vend, les enfants deviennent très gênants et sont placés en pension pendant que les parents parcourent le tour du monde et plongent. Je les ai détestés les parents Cousteau à ce moment là ! Je déteste que les enfants soient laissés sur le bord de l'autoroute comme des chiens pendant que les parents accomplissent leurs rêves. Je sais c'est un jugement de valeur qui n'a rien à faire là et bla bla bla !
Lorsque les fils deviennent adultes, ils travaillent pour leur père, chacun à sa façon. Notamment Philippe qui veut faire du cinéma et plongera donc pour recueillir des images de folie. Et c'est là que surgit le véritable héros qu'on a envie d'aimer. C'est Philippe qui s'aperçoit dans les années 70 que les marins considèrent la mer comme une poubelle et développe une grande conscience écologique que son père n'a pas ou bien peu. Ils se quitteront donc sur des paroles très dures pour se retrouver plus tard et agir conjointement pour la Planète.
En gros, la vie de Cousteau, ses rapports avec sa femme, les mille et une fois où il la trompe avec des jeunettes, leurs disputes, son ego démesuré, ses rêves de grandeur... on s'en fiche un peu. Par contre, les rapports houleux avec son fils et surtout ce voyage en Antarctique foudroyant de beauté où l'on réalise comme la Terre est belle, grande, fragile et comment l'homme s'acharne à se détruire lui-même valent le déplacement.
Et puis l'interprétation de Lambert Wilson sobre et impressionnant qui disparaît complètement derrière le personnage de cet homme au ridicule bonnet rouge, celle de Pierre Niney beaucoup plus convaincant en écolo qu'en poilu de 14, leur confrontation, leur complicité, leur dureté l'un envers l'autre sont les atouts majeurs de ce film.
Et les images bien sûr, la mer à perte de vue, les fonds de marin... forcément sublimes !
Commentaires
On m'a proposé d'aller le voir la semaine dernière, mais, après une semaine chargée, j'avoue que je n'ai pas trouvé la force. D'où l'usage des expressions consacrées: une fois n'est pas coutume et peut-être partie remise...
ça peut permettre de s'évader jusqu'en antarctique.
Tu travailles trop !
Oui, très beau film sur le rapport père-fils, très belle interprétation de Lambert Wilson (que j'adore !) et Pierre Niney, et évidemment évasion garantie avec des paysages terrestres et sous-marins sublimes... J'ai beaucoup aimé !
Ah, évidemment tu dis ça mille fois mieux... :))
L'antarctique m'a éblouie !-)