d'Oliver Stone ***

Avec Joseph Gordon Lewitt, Shailene Woodley

Edward Snowden n'a que 20 ans et veut servir son pays. Il choisit la voie militaire pour rejoindre les troupes en Irak malgré son évident manque de prédispositions physiques.

Un grave accident le contraint à renoncer à la carrière de soldat mais n'entame en rien ses aptitudes patriotiques et idéalistes. Les Etats-Unis sont pour lui le plus grand pays au monde et il veut le servir. Petit génie de l'informatique il se fait embaucher par la CIA (Central Intelligence Agency) puis la NSA (National Security Agency) notamment en réalisant une épreuve dont la moyenne est de 5 heures, en... 38 mn. Autant dire qu'il devient un espion. Mais rien à voir avec James Bond. Edward Snowden c'est plutôt t-shirt, jean, basket et sac à dos. Il passe totalement inaperçu.

Personne n'ignore aujourd'hui que cet employé modèle est aujourd'hui à l'origine de la plus grande affaire d'espionnage des Etats-Unis. Lorsqu'il découvre que son irréprochable pays, la NSA et de grandes sociétés collectent des données, les utilisent, surveillent les citoyens du monde entier en se servant de tous les moyens de télécommunications actuels disponibles (téléphones portables, webcams, réseaux sociaux...) il se transforme en lanceur d'alerte en divulguant, aidé par deux journalistes, les données qu'il a dérobées !

La suite, on la connaît. Ed Snowden parvient à s'échapper à Hong Kong où il reste enfermé plus d'un mois dans une chambre d'hôtel et reçoit les journalistes à qui il fait part de ses révélations. Il parvient à se rendre à Moscou où il devient d'abord apatride (les USA désactivent son passeport). Actuellement il séjourne toujours à Moscou avec un permis de séjour de 3 ans qui expire en 2017... Son retour dans son pays lui semble improbable car il est persuadé que son éventuel procès  ne serait ni public ni équitable. Il risque la prison à perpétuité voire la peine de mort !

Le film est précis lorsqu'il déroule les liens entre un personnage dangereux et une serveuse de restaurant à des milliers de kilomètres l'un de l'autre. Ou comment en s'intéressant à un banquier iranien louche on aboutit via les téléphones et les réseaux sociaux à une jeune femme anonyme, sans histoire qui a twitté ou liké. Rien qu'avec trois degrés de séparation, on en arrive à plusieurs milliers de personnes impliquées, en partant d'une seule... Et pourtant le film est moins flippant que le documentaire extraordinaire de Laura Poitras (que Snowden a rencontrée à Hong-Kong) Citizen Four sorti en 2015. Cependant il donne l'occasion de se repencher sur le cas de cet énigmatique jeune homme. Et Joseph Gordon Lewitt dans le rôle, lui donne tout son mystère. Comment un type, sans doute condamné à mort, traqué, peut-il à ce point garder son calme et sa réserve et ne jamais se trahir lui-même ? Comment réussit-il à garder l'amour de son pays ? Comment a-t-il pu si jeune abandonner, renoncer, sacrifier tout ce qu'il aimait pour NOUS avertir ?

Oliver Stone, passionné  par son sujet et tout acquis à son héros, ne nous embrouille pas la tête et les yeux avec des formules et des éléments que seuls les geeks pourraient comprendre. Le film est accessible à tous. L'aspect paranoïaque de l'entreprise et de la découverte de l'horreur est parfaitement rendue sans être trop appuyée. Le réalisateur se penche également sur le côté très sentimental du garçon qui ne se contente pas de passer sa vie devant des écrans mais a rencontré la fille de ses rêves qui l'a toujours soutenu et même rejoint à Moscou. C'est beau l'amour.

"Je suis prêt à sacrifier tout cela parce que je ne peux, en mon âme et conscience, laisser le gouvernement américain détruire la vie privée, la liberté d'Internet et les libertés essentielles des gens du monde entier avec ce système énorme de surveillance qu'il est en train de bâtir secrètement." Edward Snowden

"Il mourra à Moscou. Il ne rentrera jamais aux Etats-Unis". Le patron de la NSA