BACCALAURÉAT
de Cristian Mungiu ***
Avec Adrian Titeniu, Maria Dragus
Synopsis : Romeo, médecin dans une petite ville de Transylvanie, a tout mis en œuvre pour que sa fille, Eliza, soit acceptée dans une université anglaise. Il ne reste plus à la jeune fille, très bonne élève, qu’une formalité qui ne devrait pas poser de problème : obtenir son baccalauréat.
Mais Eliza se fait agresser et le précieux Sésame semble brutalement hors de portée. Avec lui, c’est toute la vie de Romeo qui est remise en question quand il oublie alors tous les principes qu’il a inculqués à sa fille, entre compromis et compromissions…
Le seul reproche que je ferai à ce film trop long, c'est sa longueur ah ah ah... Compte tenu de la tension croissante, je trouve que le réalisateur aurait réussi un film incontournable s'il n'avait relâché cette tension parfois avec des scènes intimistes et molles, notamment celles avec la maîtresse de Romeo. Quoique ces scènes ajoutent encore au malaise mais n'apportent finalement pas grand chose et détournent l'attention de ce qui fait le cœur du film : la relation d'un père et de sa fille qui se délitent parce qu'il croit savoir ce qui est bien pour elle.
Après son agression, on la comprend, Eliza est mal, très mal moralement. Et aussi elle a le poignet dans le plâtre, car elle s'est blessée en se débattant. Le père est obligé de jouer de ses relations pour qu'elle puisse participer aux épreuves interdites aux personnes plâtrées... car on peut y cacher des fiches et tricher ! Le rêve du père s'écroule si sa fille, élève irréprochable avec ses 18 de moyenne, sa bourse acquise pour partir étudier à Londres à condition bien sûr qu'elle obtienne le diplôme ce qui au départ n'était qu'une formalité.
Le père ne cesse de rabâcher à quel point sa génération sacrifiée à l'autel du communisme de Ceausescu s'est trompée en croyant à un renouveau possible pour le pays qui ne cesse de sombrer dans les bassesses et la corruption. Que sa fille quitte le pays est pour lui l'ambition ultime, totalement remise en cause par cette agression.
Tout s'enchaîne et tout semble écrit et prévisible dès les premières heures de ce jour. Une pierre lancée par un inconnu brise la vitre de l'appartement, le pare-brise de la voiture de Romeo est cassée, les essuie-glaces relevés, Romeo se sent suivi. Un prisonnier s'est échappé de la prison. Et tout ce qu'il va entreprendre pour tenter d'aider sa fille, quitte à en passer par l'illégalité va se retourner contre lui. Le scenario et la mise en scène sont implacables.
C'est sombre, pourri, angoissant de regarder un homme tomber. Est-ce un portrait de la Roumanie ?