MA' ROSA
de Brillante Ma. Mendonza *
Avec Jackyn Rose, Julio Diaz, Felix Roco
Synopsis : Ma'Rosa a quatre enfants. Elle tient une petite épicerie dans un quartier pauvre de Manille où tout le monde la connaît et l’apprécie.
Pour joindre les deux bouts, elle et son mari Nestor y revendent illégalement des narcotiques. Un jour ils sont arrêtés. Face à des policiers corrompus, les enfants de Rosa feront tout pour racheter la liberté de leurs parents.
Dire que je suis passée totalement à côté de ce film est un doux euphémisme.
J'aime particulièrement tenter de m'immerger dans des cinémas du bout du monde, tenter d'approcher des civilisations qui me sont totalement inconnues. Et il est évident que Brillante Mendoza ne fournit pas clé en mains un guide touristique de son pays et encore moins de ce quartier défavorisé de Manille où chacun fait comme il peut pour survivre dans une misère endémique où chacun arnaque, escroque et extorque...
On suit, caméra à l'épaule cette Ma' Rosa qui s'agite beaucoup entre les courses, ses quatre enfants et son mari toxyco qui ne sert à pas grand chose. On comprend que le fragile équilibre de la famille et sa survie au quotidien lui reviennent totalement. On admire certes, on compatit et on remercie d'être né quelque part mais pas dans cette partie là du monde. Mais dans son malheur et sa fatigue journaliers Ma'Rosa ne peut jamais s'exprimer autrement qu'en traitant ses enfants d'abrutis. L'insulte semble d'ailleurs l'unique moyen de communication local. Elle se montrera un peu plus aimable envers sa progéniture en se rendant compte qu'elle est son salut (oui c'est un jugement, le jugement c'est le mal etc...)
On comprend aussi que le réalisateur cherche à nous montrer et à dénoncer la corruption que son pays et surtout les plus démunis subissent et lorsque Ma'Rosa et son mari sont arrêtés, les enfants ont 24 heures pour réunir une somme colossale. Sauf que ces 24 heures se dérouleront presqu'exclusivement de nuit. Et cette course contre la montre nocturne, ces longues scènes au commissariat absolument surréalistes (un type s'y adonne continuellement au karaoké pendant que les interrogatoires ont lieu, une petite fille que tout le montre rabroue fait du classement...), cette pluie incessante (personnage supplémentaire du film) sont fatigantes et ne créent strictement aucune émotion. Sans parler de cette caméra à l'épaule pour faire dans le vif et docu... Mouais.
Quant au prix d'interprétation féminine à Cannes... il est assez exceptionnel !!! Je ne dirais pas que Jacklyn Rose joue comme une patate, c'est pire, elle ne joue pas, n'exprime rien, strictement rien (mais oui j'ai bien vu qu'elle verse trois larmes en mangeant son ananas à la fin...). J'imagine que le jury cannois a dû estimer que cette absence d'émotion démontrait la solidité de nerfs du personnage. Je ne sais pas. Mais les voix du Seigneur comme celles de Cannes sont souvent impénétrables !