Avant de commencer à écrire, je me suis dit que j'avais vraiment bien fait de m'ôter cette pression que je m'étais mise toute seule à moi-même d'écrire dans cette rubrique chaque 4 de chaque mois du reste de ma vie, depuis ce 4 maudit entre tous...

Bien fait aussi de ne pas céder à la pression de ceux qui n'aiment pas cette rubrique en l'abandonnant. Ceux qui ont disparu, n'existent pas ou plus dans ma vie et dont je refuse désormais qu'ils soient la cause de ma contrariété voire pire, de ma tristesse. Que celles et ceux qui ont disparu de ma vie en 2016 et continuent à lire cette rubrique, sachent que si je ne les oublie pas car c'est quasi impossible, ce que je redoutais le plus n'est pas arrivé : ils ne m'ont pas manqué, exceptée une...*. Je suppose que c'est parfaitement réciproque, en conséquent, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.

(*E.......h)

Je ne cherche en aucun cas à être inutilement désagréable ou agressive. Il s'agit juste de constatations. La bêtise, la méchanceté et la malveillance sont (presque) derrière moi. Il ne reste plus à exclure de mon environnement qu'une minable sangsue parasite et malintentionnée (et je reste polie car elle possède de nombreux noms d'oiseaux...) et je pourrais presque dire que tout va très bien. Hélas, il s'agit de la partie professionnelle, encore sujette à beaucoup de stress, et ce n'est pas simple du tout de "déloger" cette personne (au sens propre du terme). Mais nous sommes plusieurs à nous y employer et je n'ai plus qu'à croiser les doigts.

Commencer par parler de ces gens malfaisants est au contraire plutôt un hommage aux belles personnes qui m'entourent aujourd'hui, m'acceptent telle que je suis et que j'essaie d'accepter telles quelles sont. J'espère qu'elles n'hésiteront pas un instant à savoir qui elles sont sans que j'aie à les nommer. Ces gens sur qui je peux compter et qui peuvent compter sur moi. Qui se manifestent de différentes façons...

Certaines ont connu Mouche en vrai, d'autres virtuellement, d'autres pas du tout. Je m'aperçois que lorsque je rencontre une personne pour la première fois, il ne se passe pas un quart d'heure sans que je parle de lui, de toi. Je ne sais pas toujours si je dis "lui" ou "toi" dans cette rubrique. Je crois que j'alterne.

J'ai découvert un nouveau Festival récemment. En arrivant, je me suis dit, encore une ville inconnue où je m'installe sans avoir à t'appeler pour dire que je suis bien arrivée. Encore une expérience à vivre sans pouvoir te la raconter. Car tu étais le seul à recevoir le compte-rendu détaillé de mes périples quand tu ne m'accompagnais pas... enfin, je m'y fais, cela dit... 

Sur la route j'ai écouté les émissions de France Inter se succéder et Fabrice Drouelle dans son Affaire sensible du jour évoquait Annie Girardot. La perte de sa mère en 89 a provoqué un cataclysme chez elle car cette mère était le chêne solide auquel elle s'accrochait jusque là. Lorsqu'elle raconte à son ami Jean-Claude Brialy que sa mère morte se manifeste régulièrement, qu'elle lui parle, qu'elle la voit... l'ami l'écoute avec bienveillance mais doute fortement. Forcément. Tant qu'on a pas vécu l'expérience il faut  un fichu pouvoir d'empathie pour croire à ces balivernes. Sauf que maintenant bien sûr je comprends ce qu'il y a deux ans et demi j'aurais sans doute écouté avec beaucoup de condescendance. Plus récemment, j'ai vu Personal Shopper dont le titre absurde n'évoque absolument pas de quoi il est question : le deuil. Il s'agit de deux jumeaux atteints d'une malformation cardiaque qui se sont fait la promesse, si l'un d'eux meurt, de se manifester à l'autre (rien à voir donc avec la personal shoppeuse du titre...). Et j'ai pensé que tous les gens qui s'aiment devraient se faire cette promesse :

"si tu meurs, manifeste-toi d'une façon ou d'une autre, j'attendrai",

et la tenir !

Je crois avoir raconté ici l'histoire insensée des boucles d'oreilles en or, cadeau de Mouche, que j'avais perdues, fouillant toutes les poches, tous les sacs, tous les endroits possibles, y compris le sac aspi je crois, et qui étaient réapparues plusieurs mois plus tard, non pas au fond de quelque part, mais en plein milieu de la chambre, c'est-à-dire un endroit où j'entre et sors plusieurs fois (au moins deux) par jour ! J'avais dû vous dire à quel point cet événement m'avait portée moralement, mentalement pendant plusieurs jours avec cette sensation d'afficher un air totalement abruti. Hélas, même si l'omniprésence de Mouche est toujours bien réelle en moi, cette sensation absolument délicieuse, douloureuse et inexprimable avec des mots, il est aussi évident que le manque est toujours aussi cruel et que ce genre de sensation s'évapore...

Sauf que j'ai aussi fait tout un pataquès plus récemment (auprès de mes proches je crois et uniquement par SMS) à propos d'une des montres (je suis montres addict) que Mouche m'avait offert à Venise il y a une dizaine d'années. Elle ne fonctionnait plus et j'avais, au prix de pas mal de recherches en porte à porte auprès des commerçants de ma ville (et j'ai déjà évoqué l'amabilité des commerçants de ma ville... d'autant plus quand on leur pose une colle...) trouvé celui qui m'a dit : "oui celle-là (il y en avait trois), je peux la réparer". Je l'aurais bien embrassé, s'il n'était un iceberg comme ils le sont tous dans cette région dès qu'ils sont derrière un comptoir ! Inutile de vous dire la joie et le bonheur j'avais de pouvoir la reporter. Incroyable aussi la joie et le bonheur qui se cachent dans ce genre de petits événements. Et puis... curieusement, elle a disparu. Je l'ai perdue ! J'ai encore mis tout sens dessus dessous, mes sacs, mes poches, mes armoires, ma voiture... Et pendant des semaines elle avait bel et bien disparu. Car vous l'avez compris, récemment elle est réapparue. Elle était dans mon sac qu'évidemment j'avais vidé et même retourné...

Joie donc que Mouche me l'ait rapportée. Mais comme dit Kirsten Stew dans Personal Shopper : "ça ne va pas me suffire. Il m'en faut plus...".
Voilà la bête :

Au cimetière, j'ai mis une bruyère rouge. Quand il gèle c'est très joli. Et je n'ai pas pu m'empêcher de sourire en réalisant que si Mouche voyait les deux petits personnages que j'ai collés (lui et moi donc, ressemblants non ?), il trouverait sans doute cela très kitsch et de pas très bon goût. Mais comme dit ma Poupée : "c'est ta vie maintenant, tu fais comme tu veux !"

L'autre jour en fouillant dans mon sac (il adore faire ça), Doudou a trouvé une fève que je gardais. Il m'a demandé ce que c'était, j'ai donc dit "c'est une fève que Mouche avait eue dans une galette des Rois". Et il me répond : "ben je la prends, il n'en a plus besoin maintenant". Imparable. J'adore.

Mais à force d'enchaîner les sauts de cabri...