BLADE RUNNER de Ridley Scott ***
FILM NOIR ...FESTIVAL...
Avec : Harrisson Ford, Rugter Hauer, Sean Young
Synopsis : Dans les dernières années du 20ème siècle, des milliers d'hommes et de femmes partent à la conquête de l'espace, fuyant les mégalopoles devenues insalubres. Sur les colonies, une nouvelle race d'esclaves voit le jour : les répliquants, des androïdes que rien ne peut distinguer de l'être humain.
Los Angeles, 2019. Après avoir massacré un équipage et pris le contrôle d'un vaisseau, les répliquants de type Nexus 6, le modèle le plus perfectionné, sont désormais déclarés "hors la loi". Quatre d'entre eux parviennent cependant à s'échapper et à s'introduire dans Los Angeles. Un agent d'une unité spéciale, un blade-runner, est chargé de les éliminer. Selon la terminologie officielle, on ne parle pas d'exécution, mais de retrait...
Je l'avais vu à sa sortie et n'en gardais pas un souvenir ébloui. Sachant que depuis, et malgré une sortie éreintée par la critique étazunienne de l'époque (1981), ce film fait partie désormais des 100 meilleurs films de tous les temps. Curieuse de savoir pourquoi un tel culte lui était voué, j'avais tenté de le revoir. Hélas, je n'avais pas tenu... Je comprends à présent. Los Angeles étant plongée dans une nuit permanente éclairée de néons et arrosée d'une pluie incessante, ce film ne supporte absolument pas une vision à la télé. Le re-découvrir sur le grand écran d'une salle toute neuve, dans une version restaurée et director's cut change évidemment tout.
Dès les premiers instants, envahie par la musique vaporeuse de Vangelis et la vision futuriste tout en clair obscur de 2019 de Los Angeles par Ridley Scott, comme s'il s'agissait d'un immense souk chinois (j'ai d'ailleurs eu envie de manger chinois en sortant de la salle) grouillant, bruyant, on entre dans l'univers. Il faut l'admettre sans rechigner ou sortir immédiatement. Je remarque à quel point tous les réalisateurs avaient imaginé pour le troisième millénaire des automobiles volantes, ce qui n'est toujours pas advenu !
Pour un film de science-fiction, d'anticipation, j'ai trouvé ce film étonnement calme si ce n'est quelques séquences ou effectivement le blade-runner Rick Deckard exécute...les répliquants à abattre. Plus que l'action, il semble que Ridley Scott se soit concentré sur l'ambiance parfaitement anxiogène car ne plus voir le jour me semble particulièrement angoissant et aussi sur la psychologie des personnages et notamment des répliquants tellement "parfaits" qu'ils en éprouvent des sensations, des sentiments humains et ont tout à fait conscience qu'ils n'ont que quatre ans à vivre ! Ce qu'ils refusent. Il fait de Rick Deckard, un alcoolique dont on ne comprend pas ce qui le détruit et le perturbe à ce point. Pourquoi est-il si seul, si triste ? A-t-il une conscience d'avoir à abattre sans sommations ces êtres qui ne sont ni des robots ni des humains ? Est-il lui-même un répliquant ? Telle est semble-t-il la grande question des afficionados qui auront peut-être la réponse en 2017 puisque Denis Villeneuve, le réalisateur du récent et merveilleux Premier Contact s'est mis une bonne pression en réalisant Blade Runner 2049 dans lequel Harrisson Ford rempile.
Les répliquants aux magnifiques looks punks et leurs interrogations sont au coeur du film, le sublime regard éploré de Rachel/Sean Young, répliquante qui refuse de l'admettre, la fuite éperdue de Zhora/Joanna Cassidy, les acrobaties de l'inquiétante et fragile Pris/Darryl Hanna. Quant à Rick Deckard c'est Harrisson tout jeunot qui fait son Ford entre ironie et lassitude et il le fait très bien.
Mais celui qui emporte le film et notamment la dernière demi-heure vers des sommets de trouble et d'émotion c'est Roy Batty/Rutger Hauer, géant impressionnant mais fragile qui réclame "plus de vie, père"... Que j'étais bête quand j'étais jeune. J'ai toujours pensé qu'il était le méchant. Alors qu'il est simplement craquant de désarroi. Et son acte exemplaire envers Rick Deckard.... quelle abnégation !
Il faut dire aussi que c'est lui qui a l'honneur des plus belles et fortes répliques du film mais il fallait un talent exceptionnel pour les prononcer :
- Quelle expérience de vivre dans la peur ! Voilà ce que c'est que d'être un esclave.
- J'ai vu tant de choses que vous, humains, ne pourriez pas croire.
De grands navires en feu surgissant de l'épaule d' Orion. J'ai vu des rayons fabuleux, des rayons C, briller dans l'ombre de la porte de Tannhäuser. Tous ces moments se perdront dans l'oubli comme les larmes dans la pluie. Il est temps de mourir.
- I've seen things you people wouldn't believe. Attack ships on fire off the shoulder of Orion. I watched C-beams glitter in the dark near the Tannhäuser gate. All those moments will be lost in time, like tears in rain. Time to die.
P.S. : ne soyez pas impatients. Je reviendrai vous parler (en photos) du Festival, du cinéma magnifique qui l'accueille, de la ville, de l'accueil d'Amandine Directrice Artistique, Déléguée Générale et Attachée de Presse du Festival. Mais comme souvent, ma connexion est d'une lenteur...
Commentaires
J'adore le film et j'adorais Rutger Hauer à cette époque. Il avait beaucoup de charisme et offrait une belle épaisseur à ses personnages. Avec sa gueule, il jouait souvent les méchants, et pourtant il avait aussi d'autres cordes à son arc, comme il le prouve dans ce film. J'en garde un excellent souvenir, et cet acteur reste toujours un peu à part pour moi.
Oui il n'est pas comme les autres et les réalisateurs sont totalement passés à côté. Quelle profondeur dans cette scène dont je parle "j'ai vu des choses..." !!
Moi qui ne suis pas un dingue de SF, je tiens sans doute là l'une de mes grandes références dans le genre... et probablement mon Ridley Scott préféré, derrière "Thelma et Louise" dans un tout autre genre.
Le décor est superbe, l'ambiance sonore adéquate, les acteurs magnifiques... "Blade runner" est un voyage dont je ne suis jamais vraiment revenu. Moi aussi, I've seen things !
Ah oui t'as vu des choses ??? Petit Veinard !
J'aime énormément ce film, une référence en ce qui me concerne et qui complète merveilleusement bien le chef-d'oeuvre de Philip K. Dick.
Ah oui le livre est chef d'oeuvresque ? Tu me tentes là !
Tout dépend si tu aimes / es habituée à l'univers SF en roman ! :)
J'ai énormément lu de SF et aimé... sans doute quand j'avais ton âge... Mamie Inside :-)
Alors tu peux le lire sans problème ! :D
Malgré ma vieuserie ??? :-)
Mais ouiiiii !!! :D
De Philip K. Dick, tu peux lire aussi la nouvelle The Minority Report (1956), Ubik (1969), Le Dieu venu du Centaure (1965), À rebrousse-temps (1967)... Des classiques indémodables, de 7 à 77 ans comme on dit (tu vois, tu as de la marge) :D
J'en ai lu quelques uns mais il a telllllement écrit que c'est difficile de tout lire ! Mais je fais de mon mieux pour en rattraper !! :)
Oh mais c'est cruel tous ces livres à lire !!