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UNE SEMAINE ET UN JOUR

d'Asaph Polonsky ***

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Avec Shaj Avivi, Zvgenia Dodina, Tomer Kapon

Le Shiv’ah est une étrange tradition juive. 7 jours après le décès d'un proche, vous êtes priés de reprendre le cours normal de votre existence.

Evidemment je le dis d'une façon brutale et simpliste et encore plus évidemment dans la réalité les choses ne se passent pas si simplement car chacun, face à l'inacceptable, réagit comme il le peut. A la mort de leur fils d'une vingtaine d'années je pense, Vicky la maman reprend ses joggings, son travail, tente d'honorer ses rendez-vous. Le père Eyal découvre le cannabis thérapeutique que son fils possédait dans un tiroir et tente l'expérience de fumer en compagnie de Zooler un ami d'enfance du fils.

Décidément cette fin d'année cinématographique est placée sous le signe du deuil, cette curieuse calamité qui selon moi ne peut en aucun cas faire l'objet d'un quelconque "travail" puisqu'il s'agit, étymologiquement parlant, de la douleur provoquée par la mort d'un proche. Il n'y a donc ni règle, ni modèle, ni méthode. Seul le temps rend l'intolérable supportable. Dans ce premier film doux, triste et drôle parfois, le réalisateur suit plutôt le huitième jour du reste de la vie du père et s'attarde un peu sur celui de la mère sans la mettre totalement en retrait pour autant.

En une heure et trente six minutes il réussit à démontrer à quel point les endeuillés sont brusquement abandonnés à leur sort, à quel point certaines réactions qu'on vous somme d'interpréter comme "maladroites" sont insupportables, déplacées et comment la vie ou la survie s'organise. Sans tomber dans le burlesque à tout prix, il faut bien reconnaître qu'Eyal se met dans des situations qui prêtent à sourire, notamment lorsqu'il tente de se rouler son premier pétard. La technique n'est pas au point. L'intervention de Zooler le jeune voisin dont l'évolution du personnage est sans doute la plus intéressante du film et l'accompagnement imprévu qu'il apportera à Eyal sont également au cœur du film.

Pas besoin de longs discours, même si les dialogues sont souvent savoureux. En multiples saynètes qu'il enchaîne harmonieusement, Asaph Polonsky tout jeune réalisateur dont c'est le premier film je le répète, nous balade tranquillement entre sourires et émotions et nous attache à des personnages perdus dans leur chagrin mais vivants. Il pourrait y avoir des chapitres : Eyal roule un joint, jette une salade, gifle sa voisine, se bat avec son voisin, donne un coup de pied (mérité) dans un taxi, va à l'hôpital, rencontre Zooler. Et puis une scène de Air Guitar, véritable respiration au cœur du film, Eyal, Zooler et une petite fille vainquent le cancer, Vicky va chez le dentiste, ferme les volets, ouvre les volets, déplace un pot de fleurs, verse une larme. Eyal et Vicky s'allongent sur le lit de leur fils en silence... autant de moments d'une banalité confondante où les personnages au prise avec leur tristesse continuent miraculeusement à se tenir debout.

Il conclut son film magistralement je trouve en une scène de cimetière belle et triste où c'est finalement l'humanité, l'empathie, la compassion qui triomphent. Beau.

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