d'Olivier Assayas **(*)

Avec Kristen Stewart

Synopsis : Maureen, une jeune américaine à Paris, s’occupe de la garde-robe d’une célébrité.
C’est un travail qu’elle n’aime pas mais elle n’a pas trouvé mieux pour payer son séjour et attendre que se manifeste l’esprit de Lewis, son frère jumeau récemment disparu.
Elle se met alors à recevoir sur son portable d’étranges messages anonymes…

Voilà bien le film le plus étrange et le plus inutile qu'il m'ait été donné de voir depuis longtemps. Je dois admettre que le cinéma d'Olivier Assayas m'est assez étranger et ne dépasse jamais les **, voire pire pour l'insupportable Après mai... mais ici pour la première fois, je me suis laissé embarquer malgré la confusion des genres que le réalisateur applique à son histoire. Il y a même un meurtre sauvage un quart d'heure avant la fin et j'ai cru qu'il allait à nouveau orienter le film vers une nouvelle histoire... Tout cela se prend très très au sérieux comme si la survie de l'espèce en dépendait. Bien sûr traiter du deuil  (et oui encore, après Manchester by the sea et Une semaine et un jour... dois-je y voir un signe ???) n'est pas forcément une partie de rigolade où on doit se taper sur les cuisses, mais il faut bien reconnaître que TOUS les personnages se la pètent grave.

Ce qui captive ici, c'est Kristen Stewart, qui ne se la pète pas, entre autre différence.

Les autres acteurs autour d'elle, n'existent pas, sont invisibles, transparents. C'est assez terrible mais c'est la réalité. Le réalisateur et nous spectateur, n'avons d'yeux que pour elle. Quoi qu'elle fasse, qu'elle marche, s'installe dans un train, fouille dans son sac, tapote sur son portable... elle donne l'impression de ne faire qu'une avec la caméra. Ou mieux, que la caméra n'existe pas. Bonne idée et bonne nouvelle, elle est de tous les plans, et si ce n'est cette élocution parfois pénible et incompréhensible, cet étrange bégaiement dès qu'elle entame une phrase (la seule chose à parfaire donc), elle est parfaite.

Il est évident et compréhensible qu'après Sils Maria où elle chipait la vedette à la star française, Assayas ait eu l'envie d'en faire un sujet d'étude. Si ce n'est la  très loooongue scène complètement inutile et débile mais très masculine pour que les garçons se fassent plaisir et qui me hérisse le poil comme toujours, de Kristen presque nue, de dos, de face, de profil (elle est PARFAITE !), c'est surtout son étonnant et magnifique, tellement expressif visage qui est au centre du dossier. Cette actrice exceptionnelle, fascinante ne fait que se perfectionner. Alors que je la trouvais vraiment mauvaise dans les histoires de vampires où j'avais l'impression qu'elle était la seule à ne pas comprendre qu'il s'agissait d'une histoire d'amour (ce qui était un peu gênant), elle n'a cessé depuis de me faire mentir et de prouver qu'elle est d'une intensité incroyable ! Et d'une beauté aussi. Même ces cernes sont beaux.

Quant à l'histoire, elle l'habite avec une rare puissance. Lorsqu'un des personnages (peu importe lequel, ils sont inexistants vous dis-je) lui demande ce qu'elle fait... et oui, dans la vie on n'existe que par la position qu'on occupe dans la société : qu'est-ce que tu fais = c'est quoi ton boulot ? Kristen répond : "j'attends". Car oui, elle attend et s'emmerde copieusement en attendant. Pour subvenir à ses besoins, elle fait le shopping d'une star exécrable qui n'a pas le temps. Et elle attend que son jumeau mort et medium comme elle se manifeste. Et ça, c'est beau !

Et l'histoire de cette fille seule, qui s'isole parce qu'elle attend que son cher disparu tienne la promesse qu'il lui a fait de se manifester, fait peur parfois, sursauter aussi. Les fantômes se manifestent chez Assayas. Et Kristen râle que faire couler un robinet ne sera pas suffisant. Et elle s'égare en échangeant des sms troublants avec un mystérieux correspondant. Et la dernière scène est magnifique. La dernière réplique aussi. J'espère juste qu'elle a tort...

Il n'en demeure pas moins que l'ambiance, la mise en scène, l'environnement terriblement chic, choc, prétentieux et infiniment sérieux m'a fait sourire...

Mais Kristen Stewart, je le répète est fascinante. Ce film qui aurait davantage pu s'appeler J'attends, ce qui lui aurait certes enlever son côté bobo fashion victim... lui doit absolument tout.