LES AUTRES FILMS DE JANVIER
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2017 - 1ère partie -
QUELQUES MINUTES APRÈS MINUIT
de Juan Antonio Bayona *
HARMONIUM de Koji Fukada **
IL A DÉJÀ TES YEUX de Lucien Jean-Baptiste
QUELQUES MINUTES APRES MINUIT *
Avec Lewis MacDougall, Sigourney Weaver, Felicity Jones
Synopsis : Conor a de plus en plus de difficultés à faire face à la maladie de sa mère, à l’intimidation de ses camarades et à la fermeté de sa grand-mère. Chaque nuit, pour fuir son quotidien, il s’échappe dans un monde imaginaire peuplé de créatures extraordinaires. Mais c’est pourtant là qu’il va apprendre le courage, la valeur du chagrin et surtout affronter la vérité…
L'interprétation époustouflante du jeune Lewis MacDougall dans le rôle de Conor a retenu toute mon attention et reste pour moi le seul intérêt de ce film prévisible et boursouflé.
Conor assiste à l'agonie de sa mère (OMG Felicity Jones en mode cancéreuse, ce serait presque risible), ses "camarades" de classe le torturent littéralement et sa grand-mère (OMFG Sigourney Weaver en mode grannie marâtre est à pouffer !) et il fait cela avec une vaillance infaillible.
Pour tenter de résister à toutes les souffrances qui lui sont infligées (et ce n'est pas son abruti de père parti vivre ailleurs qui va l'aider) il s'invente un univers fantastique mais effrayant dans lequel un monstre végétal (assez beau je dois le reconnaître, mais j'ai déjà vu des Ents en Terre du Milieu donc la surprise ne fut pas totale) qui lui rend visite régulièrement en cassant tout sur son passage.
J'ai vite craint le pire lorsque l'arbre en question annonce : "je vais te raconter trois histoires et quand je t'aurai raconté les trois histoires tu m'en raconteras une quatrième à ton tour"... Mes craintes étaient justifiées car en effet, à intervalle régulier l'arbre revient, casse tout et raconte une histoire... Et c'est d'une LONGUEUR !!! SOPORIFIQUE.
Le maître mot de ce début d'année cinématographique a encore fait irruption : ENNUI.
Sans doute s'agit-il de poésie...
Peut-être serez-vous plus éclairés par cette docte critique d'Alexandre Poncet de Mad Movies :
"Bien conscient de naviguer à vue, sans intrigue véritable, le réalisateur conjure le sort en proposant à son public une oeuvre protéiforme (...) mais totalement cohérente, dont la perspective volontairement faussée n'empêche pas l'épilogue d'imposer une vision d'ensemble satisfaisante."
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HARMONIUM de Koji Fukada **
Synopsis : Dans une discrète banlieue japonaise, Toshio et sa femme Akié mènent une vie en apparence paisible avec leur fille. Un matin, un ancien ami de Toshio se présente à son atelier, après une décennie en prison. A la surprise d'Akié, Toshio lui offre emploi et logis. Peu à peu, ce dernier s’immisce dans la vie familiale, apprend l'harmonium à la fillette, et se rapproche doucement d’Akié.
Le quotidien de Toshio et Akié m'a semblé terrifiant. Le mari ne s'adresse jamais à sa femme et à peine à sa fille. Il engloutit ses repas comme un porc et file dans son atelier. La mère est particulièrement protectrice avec sa fille. Une adorable fillette de 6 ou 7 ans. Lorsque l'ami débarque et qu'il est installé dans la maison, la femme n'a pas son mot à dire, mais la discrétion, l'élégance et le charme de "l'invité" séduisent tout le monde.
Ce qui se passe au milieu du film est très éprouvant, ne peut être révélé et conditionne toute la seconde partie qui prend des allures de polar brutal et traumatisant où le bien et le mal, les rancoeurs, les silences apparaissent et envahissent le quotidien.
Dommage que cette histoire terrible, désespérée et plutôt habilement montée (on met entre autre pas mal de temps à comprendre lorsque démarre la seconde partie...) soit encore une fois plombée par une lenteur et une longueur qui laissent au démon 2017 la possibilité de s'installer : l'ENNUI !
Et puis des facilités de scenario impardonnables : une photo qui tombe au bon endroit au bon moment DEUX FOIS, le fils de... qui apparaît...
Le dernier quart d'heure qui nous sort enfin de cette maison à l'atmosphère asphyxiante et le final désespérant, désespéré sont fascinants.
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IL A DÉJÀ TES YEUX de Lucien Jean-Baptiste **
Avec Aïssa Maïga, Lucien Jean-Baptiste, Zabou Breitman, Vincent Elbaz, Michel Jonasz
Synopsis : Paul est marié à Sali. Tout irait pour le mieux s’ils arrivaient à avoir un enfant. Jusqu'au jour où Sali reçoit l'appel qu'ils attendent depuis si longtemps : leur dossier d'adoption est approuvé. Il est adorable, il a 6 mois, il s'appelle Benjamin. Il est blond aux yeux bleus et il est blanc. Eux… sont noirs !
Lucien Jean-Baptiste, acteur et réalisateur est vraiment un type bien. Plutôt que d'empiler les clichés et de jouer la provocation, il livre avec style et finesse une comédie sociale de notre temps où comment faire accepter aussi bien par les blancs que par les noirs qu'un couple de noirs adoptent un enfant blond aux yeux bleus. Alors que l'inverse ne choque strictement jamais personne. On en vient même à se dire que "mais bon sang mais c'est bien sûr, où est le problème ?"
C'est donc avant tout une comédie car le réalisateur doit être un incorrigible optimiste et l'on rit énormément. Il y avait longtemps que je n'avais autant ri au cinéma d'ailleurs. Mais je dois également reconnaître que l'émotion a pointé le bout de son nez à plusieurs reprises notamment lorsque le bébé risque d'être retiré à la garde de ses formidables parents.
Alors oui c'est plein de bons sentiments mais ce n'est jamais tire-larmes et facile. Et le message est beau : amour et tolérance !
Evidemment, la fin est légèrement bâclée et trouve une résolution de façon assez surprenante mais on s'en fiche, on sort de la séance revigoré avec comme un espoir nouveau en l'espèce humaine qui disparaît rapidement.
Le casting et la direction d'acteurs sont épatants, mais Vincent Elbaz en meilleur ami (que j'inviterais volontiers à refaire ma déco et plus si affinités) pot de glue et indispensable livre un numéro délirant, hilarant absolument irrésistible. J'ai explosé de rire à quasiment chacune de ses répliques. Je ne parle pas de son look très remarquable...
Commentaires
Je te trouve bien sévère avec le film Juan Antonio Bayona. J'ai pour ma part bien aimé ce film, même s'il est manque effectivement de sobriété vers la fin. Mais je ne me suis pas ennuyée, puis je n'ai pas perdu de vue que le public cible est plutôt la tranche de 12 ans. Et puis oui, je l'ai trouvé poétique :)
Le mot est lâché : poésie ! C'est quoi ce machin ??? J'en sais rien. Je suis hermétique et je me ferme comme une huître dès qu'on le prononce.
Il y a des films pour les moins de 12 ans que j'apprécie. Mais là... Et cette agonie !!! Non merci.
J'ai seulement vu "Il a déjà tes yeux" et j'ai ri aussi. A vrai dire, je ne m'étais jamais posé la question de la possibilité de ce genre d'adoption, comme quoi les clichés, on en a à l'insu de son plein gré ... mais c'est vrai, pourquoi ça se fait pas ? Et le film n'est jamais méchant, ça fait du bien. Vincent Elbaz, je l'aime de plus en plus.
Oui moi non plus ou plus moi aussi... Enfin bref JAMAIS je ne m'étais posé cette question. Il faut dire que JAMAIS je n'ai vu cette configuration de famille.
Oui Elbaz est craquant.
Et Lucien Jean-Baptiste doit être vraiment "gentil". J'avais bien aimé son dernier : Dieu quelquechose...