LA COMMUNAUTÉ
de Thomas Vinterberg °
Avec Trine Dyrholm, Ulrich Thomsen, Helene Reingaard Neumann
Dans les années 1970, au Danemark, Erik, professeur d'architecture (et architecte raté) et sa femme Ana, présentatrice du 20 h à la télévision héritent d'une somptueuse et immense demeure.
Bien qu'ils s'entendent comme larrons en foire et baisent encore après 15 ans de vie commune, Ana décrète qu'elle s'ennuie et convainc Erik de recruter d'autres personnes susceptibles de s'installer avec eux dans la grande maison et partager les frais. Ils embarquent leur fille de 14 ans Freja et intègrent plusieurs autres personnes après une sorte d'entretien d'embauche très pénible. Un couple les rejoint. Ils ont un enfant de 6 ans atteint d'une malformation cardiaque qui le rend très très fragile (il vivra quand même le peu de temps qui lui reste parmi ces adultes qui fument plus qu'ils respirent...). Cet étrange et triste enfant ne cesse de répéter qu'il va mourir avant ses 9 ans !!! il s'agit peut-être d'une expérience personnelle et oui, je sais que des enfants meurent malgré tout ce que cela a d'injuste et révoltant... mais quelle balourdise de faire mourir littéralement d'amour ce petit bout ! Bref.
Est-ce que je vieillis ? oui je vieillis c'est sûr. Est-ce que je choisis mal les films que je vais voir ? Je n'arrive plus à me diriger vers les "comédies" telles Il a déjà tes yeux, L'ascension, Jamais contente, Demain tout commence etc... alors qu'avant j'en étais plutôt friande. Je dois avoir tort car, arrivée en retard pour un film que je voulais voir, je me suis "rabattue" sur Il a déjà tes yeux et j'ai énormément ri. Donc ça doit être l'âge. Rien que certaines bandes-annonces me donnent des boutons. J'ai peut-être tort. Et je suis toujours surprise quand on me dit : "oui mais toi tu vois tout !" Franchement je suis bien loin de tout voir. Et je fais un tri soigneux et malgré cela je crois ne jamais m'être autant ennuyée au cinéma qu'en ce début d'année. Alors forcément tomber sur des merveilles telles que Born to be blue ou Nocturnal Animals prend des proportions inestimables, comme si voir un bon film devenait l'exception.
Je me précipite sans la moindre hésitation vers ce que je crois être des valeurs sûres. Et patatra !
Ici encore, après une heure plus ou moins intrigante, j'ai commencé à gigoter, regarder l'heure et être horrifiée par certaines scènes : le sort réservé aux enfants, les crises de nerfs, d'hystérie de certains personnages, les scènes répétitives et pénibles (aaaah "on vote pour décider si on va voter...") et j'en passe. Et aussi à me demander, mais quel est l'intérêt en 2017 d'un film qui parle d'une dizaine de gugus qui décident de vivre ensemble dans les années 70 ? Et on les retrouve au fil des mois, constamment autour de la table à subir leurs conversations affligeantes. Ils ne refont même pas le monde. Ils bavassent et c'est creux.
L'affiche clame "Le meilleur film de Vintenberg depuis Festen" et moi j'affirme : "le plus mauvais film de Vintenberg depuis Festen". Forcément la présence d'Ulrich Thomsen sème le trouble... Mais en plein milieu de son histoire, Vintenberg oriente sa chronique d'une vie en communauté vers le feuilleton de la séparation d'un couple d'une banalité sans nom alors que les protagonistes s'étaient jusque là donné l'illusion d'être équipés d'une ouverture d'esprit sans faille. Ok, le réalisateur a sans doute voulu nous démontrer que les rêves de vie en communauté font pschiiiit dès lors que des sentiments interviennent, mais que c'est lourd, balourd.
Et on finit par assister médusé au récit conventionnel et petit bourgeois d'un adultère où deux superbes femmes, une de 45 ans, l'autre de 24 qui se ressemblent étonnamment, manifestement cultivées, intelligentes se disputent les faveurs d'un type médiocre qui se permettra de les faire vivre sous le même toit et de les envoyer paître en leur disant que leurs "histoires de bonnes femmes" ne l'intéressent pas. Monsieur bosse ! Malgré cette attitude, les deux splendeurs s'étioleront, s'y accrocheront, l'une fera un burn out, un enfant mourra, une adolescente vivra sa première expérience sexuelle catastrophique et l'on quittera sans regret cette bande de drilles ni drôles ni joyeux.
Après Festen, La Chasse, Submarino, Loin de la foule déchaînée... Thomas Vinterberg me déçoit pour la première fois mais il y va très fort.
Commentaires
Bon, la Communauté c'est réglé, je laisse tomber. "Il a déjà tes yeux", j'avais peur d'une bonne daube, mais si tu as ri tout le temps, c'est à considérer. Les occasions sont rares. Je vais de moins en moins au cinéma, parce que j'ai de plus en plus de mal à trouver des films qui m'attirent vraiment. C'est l'âge c'est sûr !! Et si on voyait un peu plus de femmes au cinéma avec des rôles intelligents, ça serait bien. Tout est un peu trop dominé par la testostérone, ça lasse.
Je n'ai pas ri tout le temps, j'ai même eu ma larmichette à l'œil. J'étais surprise de passer un aussi bon moment mais Lucien Jean-Baptiste fait un joli cinéma je trouve et ses acteurs sont au top.
Et moi qui croyais que tu dirais : mais non tu vieillis pas. Et oui, c'est difficile de trouver film à son œil ! J'attends LALALAND :-)
Bon. Je n'irai pas le voir.
Je suppose qu'ils évoquent "Festen" dans la pub, parce que c'est pour beaucoup le meilleur film du réalisateur. Ou peut-être le seul réellement connu...
Oh ben quand même la chasse et Loin de la foule...
Submarino, je dis pas... et pourtant c'était grand. Mais là, franchement, ses personnages ridicules, égoïstes qui s'agitent pour rien. Usant. Et le sort réservé aux enfants me fait toujours hurler même si on est loin de la maltraitance. Enfin bon, ses bestioles, y'a pas grand chose qui les empêche de grandir mais dans quelles conditions.
Je ne suis pas toujours fan de Vinterberg (j'aime beaucoup la Chasse et Loin de la foule déchaînée, étonnamment je n'aime pas Festen !) et là j'avoue que tu me fais peur avec cette critique (et vu qu'en ce moment je manque de temps, je fais l'impasse sur ce film au cinéma).
Il faudrait que je revois Festen. Après toutes ces années j'en reste sur le choc de la revelation... Je trouverais peut-être ça moins surprenant.
Celui-ci est VRAIMENT PÉNIBLE et petit bourgeois. Tout ce que je déteste. Des ratés qui t'expliquent la vie.
Le truc, c'est que je connaissais (à force de lire des trucs de cinéma) la fameuse révélation, du coup ça m'a fait ni chaud ni froid. Et j'avais trouvé le tout long.
Il faudrait donc que je le revois...Parce que certains films, même quand on sait... ça le fait toujours !