ANNONAY 2017 - THE OPEN
de Marc Lahore *****
Français - Film en Compétition
Avec : James Northcote, Maia Levasseur-Costil, Pierre Benoist
Synopsis : Les bombes sont tombées, la guerre est totale. André et Stéphanie (n°4, WTA) n’en démordent pourtant pas : Roland Garros, c’est leur vie ; leur raison de vivre, leur histoire. Et ils organiseront leur Open, coûte que coûte, envers et contre tout.
Même sans cordages, même sans balles, à la seule force de leur foi. Ils y croient. Si fort qu’ils pourraient même convaincre Ralph, guérillero de la plaine, de se joindre à eux. De poser les armes, reprendre sa raquette... et tenter sa chance en finale. Roland Garros ! Trois misfits, adeptes d’un air tennis aux enjeux titanesques –et pourtant dérisoires–, s’acharnent ainsi à rêver, alors que la vie devient farce, alors que le monde s’éteint.
J'ai revu ce film que j'avais découvert au dernier Festival de Strasbourg en septembre 2016 et qui m'avait déjà mise KO. Il avait été mon coup de cœur à Strasbourg, il l'est de nouveau ici. Il est à nouveau LE film de ce festival. J'espère qu'il sera primé (oui il l'a été... une demi fois). J'espère aussi qu'il trouvera un distributeur, ce qui n'est toujours pas le cas. Et le réalisateur nous disait ce soir qu'en l'état actuel des choses il ne pourra sans doute pas faire de deuxième film. C'est révoltant quand on voit que certains films Le petit locataire... ce n'est qu'un exemple... trouvent un circuit de distribution et un public hilare.
Beau, triste, drôle, bouleversant (j'ai encore pleuré), ce film n'a pas de défaut. Il est innovant sans être expérimental et démontre une richesse insensée à de nombreux niveaux. Il y a encore dans des labos, des savants fous comme Marc Lahore qui ont des idées nouvelles et déjouent tous les pièges que son histoire aurait pu lui tendre. Être émue, surprise est ce que j'attends du cinéma. Ce film comble ces attentes. C'est tellement facile de faire pleurer avec des personnages et des situations chargés en pathos ! Ici jamais les horreurs qu'ils ont vécues n'est exploitée pour nous tirer des larmes. Pudeur ou subtilité, c'est en tout cas d'une intelligence sans pareil. Les personnages ont choisi de survivre, sans doute provisoirement, en s'inventant un rêve, en refusant d'abandonner l'espoir alors qu'ils ont toutes les raisons de le faire. Ce film est un émerveillement qu'une deuxième vision n'a pas entamé.
L'apocalypse n'est pas loin. Alors que le monde à leurs pieds est en train de disparaître dans une guerre totale, 3 personnages au-delà du désespoir survivent en s'inventant un monde, un idéal, un but. Stéphanie, championne de tennis et son coach André ont enlevé Ralph obscur tennisman classé loin derrière. André veut les entraîner pour la finale de Rolland Garros. Ralph résiste, il ne comprend pas l'intérêt d'autant que les conditions prêtent plutôt à sourire. Et puis il cède et l'entraînement commence...
Dans les paysages tourmentés, pluvieux et venteux des Highlands écossais, Marc Lahore réinvente une nouvelle façon de voir l'apocalypse et d'y sur-vivre et c'est sublime. Les personnages, leurs relations, cette complicité plus belle que l'amour, leur obstination, leur désespoir, leur volonté, leurs déceptions, une bouleversante, la plus grande, la plus belle version de Amazing grace (comme si cette chanson pouvait encore surprendre ! Oui elle le peut), qui m'a encore fait pleurer, tout ici est magnifié.
Porté par trois acteurs sublimes en état de grâce absolue : James Northcote, Maia Levasseur-Costil, Pierre Benoist sont d'une beaute et d'une force déchirantes. On a envie de les prendre dans les bras, de les serrer pour toujours et de les consoler.
Ce film est une splendeur, un survival percutant et bouleversant !