20TH CENTURY WOMEN
de Mike Mills ****
Avec Annette Bening, Greta Gerwig, Elle Fanning, Lucas Jade Zumann, Billy Crudup
Synopsis : Santa Barbara, été 1979. L’époque est marquée par la contestation et d’importants changements culturels. Dorothea Fields, la cinquantaine, élève seule son fils Jamie. Elle décide de faire appel à deux jeunes femmes pour que le garçon, aujourd’hui adolescent, s’ouvre à d’autres regards sur le monde : Abbie, artiste punk à l’esprit frondeur qui habite chez Dorothea, et sa voisine Julie, 17 ans, aussi futée qu’insoumise…
Hasard du calendrier ? Journée pour les droits des Femmes... Même pas ! Mais ce film d'une grande subtilité devrait être au programme du "comment apprendre à bien se comporter dans la vie" pour tous les garçons.
Comment devenir un homme bien, c'est la question qui tourmente Jamie, adolescent de 15 ans proche de sa mère et en pleins bouleversements physique, hormonal et intellectuel. Un ado quoi ! Et c'est effectivement ce à quoi on assiste ici, à la transformation d'un jeune homme, et j'ai eu la mâchoire inférieure qui a failli se décrocher à plusieurs reprises tant ce à quoi j'assistais me surprenait. N'ayant rien lu sur le film mais juste attirée par le casting, je ne cessais de me dire : "mais, ce garçon, ce JEUNE garçon est féministe". Et c'est plutôt fascinant à observer car éminemment rare.
Les femmes sont pourtant les figures centrales de ce beau film grave, tendre et drôle réalisé par un homme !!! Trois femmes à trois âges différents, pas forcément cruciaux ou critiques quoique... A quel âge est-ce que ça change ? A quel âge faut-il prendre la bonne décision ? A quel âge est-il encore temps ou peut-être trop tard ? Ce film fourmille de questions, il est une interrogation permanente. Mais la grande subtilité vient du fait qu'à aucun moment il n'est un pensum ou un manifeste. Il y a du beau cinéma dans la manière de filmer de belles images, des instants suspendus. Et de commenter en voix off, ce qu'il adviendra des uns et des autres au fil du temps.
La place de la musique est également centrale, tantôt aérienne à vous faire palpiter le cœur, tantôt plus rock, plus hard, plus punk. Ici les gens écoutent la musique, tentent de la comprendre. Dorothea (Annette Bening, inspirée), née en 1924 semble reprendre vie et confiance en elle lorsqu'elle entend "As time goes by". Elle regarde d'ailleurs Casablanca avec son fils chéri qui lui s'essaie à Talking Heads, cette musique de pédé (réplique du film) ou au punk. Ce fils, à qui elle confie des lectures comme le Deuxième sexe et qu'un autre ado aurait pu trouver rébarbatif ou illisible et les abandonner, il s'en empare et tente de comprendre et de faire correspondre sa lecture à ses principes. Mystérieux et fascinant enfant ! Tandis que Dorothea est une mère énigmatique, désireuse à la fois d'émanciper et de protéger son rejeton si sensible. Pétrie de contradictions, déroutée par les questions précises de son enfant. Vissée à la clope elle se dirige consciemment vers un "cancer de la cigarette" comme on l'appelait à l'époque, affirmant que de son temps, on ne savait pas que la cigarette était nocive.
Malgré le mal qu'elle se donne pour que son garçon grandisse au mieux, c'est toujours lui qui semble avoir le dernier mot. Mot d'une finesse et d'une intelligence rares d'ailleurs. Et la magnifique scène au milieu des vignes de vin californien et sa réplique "je trouve qu'on était bien tous les deux" est le révélateur des erreurs et des interprétations telles que : "je sais ce qui est bien pour mon enfant". Et non...
A côté d'eux, deux filles solaires gravitent, Abbie interprétée par la cosmique Greta Gerwig et Elle Fanning. Que dire d'Elle Fanning, prodige hollywoodien, révélation de Somewhere qui peut passer des images tocs et sophistiquées (j'ai envie d'être polie) de The Neon Demon à ce personnage brut de décoffrage. Il faut la voir, clope au bec, mèche rebelle, cheveux au vent sur son vélo. Il ne lui manque que le poing levé.
Il y avait longtemps que Billy Crudup n'avait été aussi bon. Garçon séduisant, totalement perdu face à la détermination et aux initiatives des filles, il est l'autre figure féministe du film au côté de ce jeune acteur époustouflant Lucas Jade Zumann dont chaque regard est empreint d'intelligence et de réflexion.
Un film RARE, pas comme les autres, à ne pas laisser échapper.
Commentaires
Alors celui-là je suis furieuse parce qu'il ne passe pas chez moi !
Ah je comprends que tu sois furieuse. C'est un "petit" film indé comme on aime.
Je pense que tu aimerais beaucoup.
Bonjour Pascale, je suis peut-être un chouia moins enthousiaste que toi à propos de ce film mais j'ai adoré Annette Bening qui est sensationnelle avec ses rides et qui fait son âge. Elle est magnifique.
Ah oui le bistouri n'est pas passé sur elle. J'ai l'impression qu'elle s'en fout. Ça change.
Ce film m'a transportée.
Bonne nuit :-)
J'en sors...quel beau film !
En effet. Quelle belle surprise !
Tu sais quoi ? je viens de m'apercevoir qu'il sort cette semaine dans mes salles Art et Essai ... je jubile :-)
Ah tu peux. Tu vas te régaler.