QUE DIOS NOS PERDONE de Rodrigo Sorogoyen ***(*)
Festival International du Film Policier de Beaune 2017
Compétition Sang Neuf (Prix du Jury)
Avec Antonio de la Torre, Roberto Alamo, Ciro Miro
Espagne
Sortie prévue en France le 9 août 2017
Synopsis : À Madrid, durant l’été 2011. La crise économique ébranle la société et provoque la naissance du mouvement social 15-M, celui des Indignés. De surcroît, des milliers de pèlerins débarquent dans la capitale espagnole pour y accueillir le Pape.
C’est dans ce contexte que les policiers Alfaro et Velarde ont pour mission d’arrêter de manière « discrète » un assassin présumé. Mais la pression exercée et la course contre la montre leur feront prendre conscience d’une terrible vérité : dans quelle mesure sont-ils si différents du criminel qu’ils poursuivent ?
Ne vous fiez pas au synopsis un peu pompeux et alambiqué. Si le contexte social et culturel voire "cultuel" est présent en arrière-plan, on voit énormément de SDF dans la rue, des amoncellements de détritus en plein centre de Madrid, des rassemblements d'Indignés, une manifestation, des appartements délabrés, un Pape quasi grabataire en visite, des images d'archives qui s'insèrent à l'histoire... j'y ai plutôt vu une sorte de 7ven ibérique, donc beaucoup plus lumineux parce que sous le cagnard madrilène.
Le serial killer traqué ici par un duo déjà suffisamment intéressant, un flic hyper violent et son acolyte bègue, s'attaque à des femmes âgées de plus de 70 ans qu'il viole brutalement (le mot est faible perdona me) après les avoir sauvagement battues. Si pour les premiers meurtres le réalisateur ne nous montre, mais avec énormément d'insistance et de détails cliniques, que le "résultat", il s'attache à nous faire vivre en temps réel, la dernière agression. Forcément malsain et choquant.
L'originalité de ce thriller qui à la fois prend son temps et m'a semblé haletant est également original parce qu'il s'attache à la personnalité complexe et à la vie "civile" personnelle des deux flics. L'un vit seul dans un appartement sans décor, l'autre est marié, amoureux et père de deux enfants. Chacun des deux va vivre simultanément à l'enquête une période forte dans sa vie privée...
Lorsque l'enquête semble piétiner le réalisateur nous balance une scène à réveiller les morts. Notamment celle dans le métro qui va se révéler être catastrophique sur le plan humain et stratégique mais bien secouante pour le spectateur. Notamment grâce à la bande-son puissante, musclée et plus redoutable que ce qui se passe réellement !
Les deux flics antagonistes ou complémentaires, difficile de trancher, sont interprétés solidement par deux acteurs incroyables, Antonio de la Torre (qui m'a fait penser à Dustin Hoffman, pas vous ? Clic.) et Roberto Alamo qui ne m'a fait penser à personne mais impressionne bien la pellicule malgré ses auréoles sous les bras.
Seul point qui m'a irritée... une scène débile et révoltante (pour moi) et il faudra que quelqu'un explique à ces messieurs les réalisateurs et à ces messieurs tout court que, non, une femme qui s'est faite agresser dans son appartement par un type dans l'intention de la violer, ne va pas plus tard sonner chez lui pour partager un gaspacho andalou. Je mets ça sur le compte de la canicule subsaharienne qui semblait régner durant le tournage, mais que ça ne se reproduise plus.