PRIS DE COURT
d'Emmanuelle Cuau ***
Alors qu'elle est sur le chemin pour entamer sa toute première journée de travail dans un nouvel emploi, Nathalie joaillère, récemment veuve et qui a quitté le Canada pour s’installer à Paris avec ses deux fils reçoit un appel de son nouvel employeur.
Il a changé d'avis et a pris une autre candidate. Effondrée et paniquée, Nathalie décide de la jouer Docteur Romand et de ne rien dire à ses deux fils, Paul 15 ans et Bastien 8 ans. Rapidement, l'aîné qui a quelques difficultés à s'intégrer dans son nouveau lycée, découvre le mensonge de sa mère. En bon ado respectable, il va lui aussi garder le silence et réagir de l'une des innombrables façons dont les ados ont le secret, faire une mauvaise rencontre en la personne de Léo (le toujours très excellent Zacharie Chasseriaud découvert dans le magnifique Les Géants de Bouli Lanners), se prendre pour ce qu'il n'est pas et donner l'occasion à sa mère de lui prouver ce qu'une mère digne de ce nom est capable de faire.
Ceux qui lisent chaque mot de chaque ligne de ce blog savent que j'ai failli par trois fois voir ce film et qu'en me trompant de salle, d'horaire, en arrivant en retard... je n'avais pu le voir jusque là. J'ai bien fait d'insister.
De chronique sociale et familiale, l'histoire de Nathalie et ses enfants s'orientent peu à peu vers le thriller dès lors qu'ils sont aux prises avec un truand implacable sous une apparence de douceur tant que tout tourne comme il l'entend. Gilbert Melki excelle dans la position du sale type propre sur lui, impassible et intraitable. Les situations ne sont pas toujours vraisemblables mais déjà dans l'excellent Très bien merci (histoire terrifiante qui ne donnait pas envie d'avoir à faire à la police et à la justice...) la réalisatrice plaçait son personnage au centre d'un engrenage qui semblait ne jamais devoir prendre fin. Mais finalement pourquoi pas ? A qui cela n'est-il pas arrivé de se dire : quand est-ce que ça s'arrête, les mauvais plans, les mauvaises nouvelles ?
Pour avoir lu de ci de là que Virginie Efira évoquait Gena Rowlands, je pensais que quand même fallait pas pousser. Mais j'étais finalement stupéfaite en voyant le film. La ressemblance physique et la façon de se comporter sont totalement bluffantes et il est effectivement difficile de ne pas évoquer Gena Rowlands. Econome de mots, Nathalie réfléchit, fonce et agit. Comme la Gloria de Cassavetes qui défendait un enfant armes au poing, Nathalie est prête a absolument tout pour sauver ses enfants. Quelques ellipses accentuent la tension et le dernier quart d'heure atteint avec beaucoup de simplicité mais d'efficacité des sommets de nervosité.
Au côté de Virginie Efira, parfaite, les deux enfants sont eux aussi incroyablement bons. Surtout Renan Prevot par qui toutes les embrouilles arrivent.
Commentaires
J'ai découvert dernièrement Gloria de Cassavetes, et je suis aussi surprise d'apprendre cette comparaison avec Gena Rowlands. Virginie Efira ne fait qu'élargir sa palette et c'est tant mieux ! Ceci dit, j'attends sa sortie DVD (j'ai eu peu la flemme en ce moment).
Oui elle est incroyable. Les enfants et Melki aussi.
Ça me donne envie de voir Victoria. J'ai tellement vu la BA que j'ai fini par le zapper.
Je ne sais pas si tu t'en souviens mais je n'avais pas du tout aimé Victoria, et j'étais même venue sur ton blog pour voir ce que tu en disais. Virginie Efira est très bien dans ce film, et joue déjà une autre partition. Maintenant, je serais très curieuse de connaître ton avis sur ce film (il y a vraiment beaucoup de choses que je n'avais pas du tout aimés, dont l'utilisation des fillettes comme des éléments du décor - insupportable pour moi, j'avais envie de baffer la réalisatrice).
Ciel, quelle désillusion, je ne sais pas si je vais pouvoir m'en remettre un jour :-))
Je ne suis pas très fan non plus de Vincent Lacoste (je me souviens de l'avoir bien aimé dans Le Skylab de Julie Delpy) mais dans Victoria... bof. La BA reflète excellemment le film, pas de regret donc :)
Bois une bière, ça passera.
Oui tu me confortes :-)
J'ai aperçu dans la rue quelques jours avant de voir le film Virginie. Elle avait exactement le même manteau que dans le film... Enfin c'est pas ça qui m'a poussé à voir le film. Plutôt le sujet du film. Et elle s'en sort très bien la Virginie... qu'elle continue avec des rôles comme celui-ci pour progresser et qu'elle abandonne définitivement les "l amour c'est mieux à deux" ( sans blague ?), "un homme à ma hauteur" ( sans escabeau j'ai pas pieds ?)... Tous les acteurs jouent justes. Content de revoir le trop rare Gilbert Melki. Une bonne surprise.
Je ne connaissais pas le film TRES BIEN MERCI et ton article en lien m'a donné envie de le voir... plutôt essayer de le trouver
Ce manteau lui va superbement. J'adore cette fille. Mais trop voir la BA de Victoria m'en a détourné.
Elle est vraiment vraiment bien ici, avec ses enfants, dans son boulot. Elle s'immerge dans ses rôles, c'est dingue.
Melki c'est de la bombe.
Ben l'amour tout seul, faut être musclé du poignet !
Super, j'adore qu'on me dise que j'ai donné envie de voir un film. Je suppose qu'il est trouvable.