de Cédric Klapish **

Avec Pio Marmai, Ana Girardot, François Civil

Synopsis : Jean a quitté sa famille et sa Bourgogne natale il y a dix ans pour faire le tour du monde. En apprenant la mort imminente de son père, il revient dans la terre de son enfance. Il retrouve sa sœur, Juliette, et son frère, Jérémie. Leur père meurt juste avant le début des vendanges.

En l’espace d’un an, au rythme des saisons qui s’enchaînent, ces 3 jeunes adultes vont retrouver ou réinventer leur fraternité, s’épanouissant et mûrissant en même temps que le vin qu’ils fabriquent

Tout cela est très gentil mais les histoires de familles décomposées, recomposées, éparpillées façon puzzle on les connait par coeur, on les a vues cent fois et le cas échéant on les vit ! Donc, rien d'original et pas la moindre surprise quant aux tenants et aboutissants.

Jean est accueilli à bras ouverts par sa sœur Juliette qui "gère" le domaine viticole avec son père. Jérémie est plus réticent et lui fait quelques reproches. Mais cette fratrie aimante et solidaire a vite fait de se souvenir qu'elle a eu une enfance heureuse autour de la balançoire et parmi les grappes de raisin.

D'ailleurs, vivre cette année au rythme des exigences du raisin est vraiment intéressant, on apprend des choses. Tout semble didactique et absolument réaliste sans jamais être plombant. Ceux qui n'ont jamais été confrontés à une succession suite à un décès découvriront sans doute aussi quelques aberrations de la loi française. On croit se retrouver face à un patrimoine, on ne récolte que des dettes et des frais de succession. Le passage chez le notaire est à ce titre tout à fait remarquable. Et ce qui lie finit par être un fardeau !

L'émancipation des jeunes adultes est également au centre de l'histoire. Si Juliette consacre exclusivement sa vie au domaine, Jérémie malgré ses 24 ans est déjà marié et tout jeune papa. Le couple et le bébé vivent chez les parents de la belle. La belle-mère intrusive et le beau-père tyrannique sont des caricatures de tout ce qu'il ne faut pas faire quand on est beaux-parents. Quant à Jean, il a laissé lui aussi à l'autre bout du monde en Australie une femme et un enfant de 4 ans.

Le film tente de résoudre en une année montre en main tous les différends et les difficultés des uns et des autres avec quelques larmes, peu de cris, beaucoup d'intelligence et de compréhension. A la périphérie de l'histoire familiale et fraternelle, la vigne, ses joies, ses contraintes et tous les aléas imposés par la météo, le voisinage offre un cadre vraiment plaisant.

Klapish déroule un tapis rouge à la Bourgogne qu'il filme avec beaucoup d'amour comme ses trois personnages qu'il observe avec tendresse et douceur.

Si Ana Girardot peine à défendre des valeurs féministes ("vous êtes là à me regarder avec vos grosses couilles !") rare femme dans un monde d'hommes, et j'ai eu du mal à l'imaginer en grande propriétaire terrienne, Pio Marmai est excellent comme toujours et j'ai remarqué pour la première fois un évident côté Patrick Dewaere (immaturité, mauvaise foi, mal de vivre). Je remarque pour la première fois réellement François Civil (bien qu'il ait déjà une belle carrière) parfait dans l'émotion comme dans la comédie.

Ce film me donne très envie de retourner très vite vers Beaune, Meursault etc...