de Kiyoshi Kurozawa **(*)

Le film démarre sur les chapeaux de roue avec une négociation qui vire à la cata et qui ressemble à s'y méprendre à l'arrivée de John Doe dans les locaux de la police. Depuis 7ven, tout le monde sait que les tueurs psychopathes sont plus forts que les flics qui les traquent, qu'ils n'ont rien à perdre et surtout pas la vie dont ils se fichent éperdument ! Mais les flics ont la mémoire courte.

Après cette mise en jambe fracassante on découvre le quotidien plan-plan de Takakura et Yasuko dans leur petite maison de banlieue. Monsieur donne des cours où il raconte avec gourmandise ce qui se passe dans la tête d'un serial killer tandis que Madame n'a d'autre intérêt que pour la cuisine. On ne peut pas dire que leur couple vende du rêve mais Monsieur apprécie beaucoup la cuisine de Madame et c'est tant mieux sinon il la vendrait sûrement sur E.Bay . Comme aux Etats-Unis, lorsqu'il entre dans la maison il crie "chérie, je suis là" ou, variante "chérie, c'est moi !" et c'est le summum du kama sutra chez les Takakura.

Comme ils sont bien élevés en fait... très hypocrites... c'est incroyable les courbettes que les japonais se font pour se baver les uns sur les autres dès la courbette achevée, ils décident de rendre visite à leurs voisins avec une boîte de chocolats. Une voisine honnête dit "non merci, on ne se fréquente pas entre voisins ici", mais l'autre voisin, Nishino, d'abord absent, finit par accepter les chocolats en se montrant particulièrement désagréable. Le soir Yusako dit à son mari : "le voisin est trop zarbi, il me fait trop peur, reprends donc des sushis chéri". Mais monsieur se montre rassurant : "t"inquiète soleil couchant de ma vie, les psychopathes se montrent toujours particulièrement agréables et gentils avec leurs voisins, délicieux ton tempura chérie". Orgasme chez les Taka !

Donc voilà, on sait, puisque ça s'appelle Creepy que ça va être terrifiant. Mais ça ne l'est pas tant que ça. Je dois être trop habituée aux serial killers et à leurs fantaisies pour être surprise. Pourtant ce que l'on va découvrir et la façon dont le malfaisant de l'histoire s'y prend pour anéantir ses victimes est absolument abjecte. Mais le film souffre de sa durée... deux heures avec une grosse baisse de régime vers le  milieu où le réalisateur s'applique à ressasser le quotidien à se tirer une balle du couple et à multiplier les pistes et les personnages.

Néanmoins dans la sinistrose actuelle des sorties, il serait dommage de bouder ce film du prolifique Kurozawa d'autant qu'il a soigné son méchant dont le visage ressemble à un masque caricatural. Et qu'il ne se contente pas d'un coup de cymbale pour faire peur au spectateur. Mais c'est trop long...

J'ai aimé le final et le cri... interminable...