DJAM
de Tony Gatlif **
Avec Daphne Patakia, Simon Adkarian, Maryne Cayon
Synopsis : Djam, une jeune femme grecque, est envoyée à Istanbul par son oncle Kakourgos, un ancien marin passionné de Rébétiko, pour trouver la pièce rare qui réparera leur bateau.
Elle y rencontre Avril, une française de dix-neuf ans, seule et sans argent, venue en Turquie pour être bénévole auprès des réfugiés. Djam, généreuse, insolente, imprévisible et libre la prend alors sous son aile sur le chemin vers Mytilène. Un voyage fait de rencontres, de musique, de partage et d’espoir.
Le synopsis est bigrement savant car je ne savais pas que Djam vivait à Rébétiko, ni qu'Avril avait 19 ans, ni qu'elles se rendaient à Mytilène. Mais ce n'est ni grave ni très important. L'important est plutôt de savoir que Kakourgos est aux abois financièrement et que seule une pièce qu'on ne trouve qu'en Turquie pourra faire redémarrer son bateau et lui redonner la possibilité de subvenir à ses moyens ainsi qu'à ceux de Djam et quelques autres personnes de leurs proches.
Qu'il envoie cette jeune fille un peu folle et imprévisible (mais irrésistible) toujours prête à montrer sa culotte (ou qu'elle n'en a pas) seule à pieds traverser la frontière gréco-turque pour trouver la pièce miraculeuse est absolument aberrant mais dans les contes une maman envoyait bien sa petite fille seule dans les bois pour porter un pot de beurre et une galette à sa mère-grand malade ! Alors ne nous étonnons pas outre mesure, mais il m'a quand même fallu dépasser cette bizarrerie. Il faut dire que dans les films de Tony Gatlif, les méchants sont totalement hors scenario. A peine verra-t-on des huissiers vider une maison, mais là encore, les pauvres fonctionnaires font leur boulot ! Car oui, la Grèce va mal, les commerces se vident de leurs clients, les petites entreprises mettent la clé sous la porte, mènent les petits patrons au désespoir, et les migrants viennent s'échouer sur les rives d'îles aux noms de stations balnéaires. Heureusement, il reste l'Ouzo, la musique, les chansons et le sirtaki. Le réalisateur ne veut pas plomber l'ambiance. On verra bien un petit patron creuser son propre trou pour s'enterrer vivant, quelques larmes sur les joues de son père, une crise de désespoir de quelques instants de la part de Djam, des paysages vaguement désolés, des gares sans train pour cause de grève... mais aucun migrant, juste les "restes" des échouements successifs !
C'est donc un film résolument tourné vers l'optimisme malgré la débine ambiante. Tant qu'il leur restera des voix pour chanter, des jambes pour danser et de l'Ouzo pour se saoûler, les grecs s'en sortiront. Louons cette espérance énergique et obstinée et voyons plutôt ce film comme une gentille fable sage et généreuse où l'on reconnaît bien les thèmes de prédilection du réalisateur qui rêve d'un monde d'entraide, de fraternité vraiment idéal mais bien calée dans mon confort, je me permets de douter que ce monde existe.
Le film m'a rappelé Gadjo Dilo que j'avais absolument adoré sans réserve. Sont-ce les 20 années qui ont passé depuis qui m'ont fait trouver ce film-ci complètement irréaliste et pas bien convaincant ? L'interprète est sans doute pour beaucoup dans le plaisir qu'on prend néanmoins à le voir malgré les incohérences notamment dans la succession de rencontres providentielles qui finissent vraiment par lasser ! Il faut dire que la tornade Daphne Patakia est l'interprète exceptionnelle de cette Djam totalement libre et déjantée. D'un naturel confondant, trilingue (elle maîtrise le grec, l'anglais et le français sans le moindre accent), musicienne, danseuse, d'une énergie à revendre, d'une gaité à toute épreuve, elle évoque la Rona Hartner de Gadjo Dilo. Pas très bien escortée par la ronchon Maryne Cayon (c'est le rôle qui l'exige), elle est la lumière, le tourbillon de la vie de ce film fouillis et farfelu.
Simon Abkarian en quelques scènes emporte lui aussi tout sur son passage. Ce français d'origine arménienne est un acteur monde. Il peut être israëlien, juif, arabe, roumain, grec et parfois même simplement français ou arménien.
Toutes les scènes de danses et de chants sont formidables.
Commentaires
J'ai eu envie de le voir, mais je ne l'ai finalement pas choisi. Tu ne mets que 2 étoiles pourtant que je te sens quand mmm enthousiaste ( même si les rencontres finissent par lasser !)
Deux étoiles c'est quand même pas top, puis que je peux aller jusque 5
Je suis enthousiasmée par Daphne Patakia. Le scenario est vraiment trop léger.
Je sens que je vais attendre la diffusion télé.
C'est suffisant même si ça risque d'être long.
Je vois ce film à l'instant sur un écran de télé. J'avais été scotché par le précédent opus de Gatlif, Geronimo, peut-être le plus beau rôle de Céline Salette. Moins violent, moins structuré et tenu, celui-ci diffuse une douce lumière entrecoupée d'éclats furtifs. Daphné Patakia est Djam comme Céline Salette était Geronimo. Cette jeune actrice, d'une rare beauté, vous prend par la main dès le début du film et ne vous lâche plus. Le réalisateur est de toute évidence sous le charme et ses partenaires aussi, Marine Cayon dont le personnage restera mystérieux jusqu'au bout, Simon Abkarian tout aussi parfait ici qu'il le fut avec Michel Deville ou Robert Guédiguian.
Comme toujours chez Gatlif, la musique est essentielle, elle est ici vitale, les instruments de musique, pour anciens qu'ils soient, sont les armes même de la lutte de ces pauvres gens qui ne veulent pas vivre couchés. Ni même, pour un des personnages, mourir couché ...
Alors, quatre étoiles, c'est un minimum. Mais attention, si vous êtes macronien, fuyez ! A coup sur, vous regretteriez amèrement votre pognon ....
La référence macronienne m'échappe totalement.
J'ai été comme semble l'êt
re le réalisateur (un peu trop d'ailleurs) aimantée par la performance de l'actrice. Mais la naïveté, l'optimisme forcené, la façon dont Djam traverse tous les dangers sans encombre... j'ai eu un peu de mal à y croire.