TEHERAN TABOU
d'Ali Soozandeh ***
Avec Elmira Rafizadeh, Zahra Amir Ebrahimi, Arash Marandi
Synopsis : Téhéran : une société schizophrène dans laquelle le sexe, la corruption, la prostitution et la drogue coexistent avec les interdits religieux. Dans cette métropole grouillante, trois femmes de caractère et un jeune musicien tentent de s’émanciper en brisant les tabous.
Plus qu'une société schizophrène, je parlerais d'une société hypocrite dans laquelle les barbus ont tous les pouvoirs et où les hommes s'offrent toutes les facilités et se permettent de transgresser tous les interdits édictés par une loi islamique obscurantiste.
En utilisant le procédé de la rotoscopie qui consiste à tourner sur un fond vert avec des acteurs puis à retravailler chaque image en animation, le réalisateur permet de rendre son film supportable. Cette fiction que l'on imagine fidèlement réaliste a sans doute été possible parce qu'Ali Soozandeh est exilé en Allemagne. Il parle de son pays et du mal qui est fait à la jeunesse qui ne rêve que de partir et aux femmes emmurées vivantes dans une société qui les paralyse. Elles ne peuvent rien faire, et surtout pas travailler sans l'accord de leur mari, si toutefois elles en ont un.
Le film parle aussi de sexualité, de corruption, de religion (pas trop) et de suicide. Tous ces tabous dont on se garde bien de parler mais qui font le quotidien du pays ou de la ville. Les plus rusés parviennent à déjouer tous les interdits du quotidien, les autres subissent.
Ce film met en colère car l'hypocrisie et la corruption conditionnent un avenir qui semble totalement bouché. Les femmes et les jeunes qui font des études et sont donc parfaitement conscients de la prison à ciel ouvert où ils se trouvent me semblent particulièrement touchés.
On suit plusieurs parcours. Celui d'une femme seule avec son enfant muet. Elle se prostitue sous les yeux de l'enfant qui observe les adultes qui l'entourent et tente de mettre un peu de douceur dans son quotidien. Sa mère l'aime et cherche à divorcer de son mari qui est en prison. Mais une femme ne peut divorcer... qu'avec l'accord de son mari. L'autre femme que l'on accompagne est mariée et enceinte. Elle a fait des études, voudrait travailler mais son mari le lui refuse. Une autre encore, toute jeune doit se marier prochainement mais lors d'une soirée, elle a couché avec un étudiant et elle doit trouver l'argent pour subir une opération qui lui permettrait de retrouver son hymen. Le dernier personnage est Babak étudiant et musicien qui ne parvient pas à vivre de sa musique qui n'est pas en accord avec les principes de la religion. Il est aussi le responsable de la perte de virginité de la jeune fille et il va tout faire pour lui venir en aide.
Mais les apparences et les histoires ne sont pas forcément celles que l'on voit et le réalisateur amène très habilement les différents rebondissements.
On sort de ce beau film très remués et avec l'idée que l'Iran où un couple peut se faire arrêter s'il se tient par la main dans la rue n'est pas un pays où on a envie de passer des vacances.
Commentaires
Après une période disette cinématographique, je retrouve plusieurs films qui me donnent envie d'y aller ; dont celui-ci, même si je sais qu'il va me mettre la rage ...
Oui la disette était aussi sur les écrans.
Celui ci met la rage tu as raison. Mais tu pourras aller te laver la tête avec Le sens de la fête.
J'ai envie d'aller en Iran ... Mais clairement avec tout ce qu'on a pu voir ou lire sur le pays, dont ce film, qui m'a beaucoup touchée, on y réfléchit à deux fois.
J'ai vraiment aimé ce film, certain l'ont dit peu subtil mais je ne suis pas d'accord, je l'ai trouvé cru mais fin.
Ah je n'ai pas envie du tout d'y aller. Je crois que je me sentirais très mal à l'aise.
Peu subtil ? Ben dis donc. C'est tout l'inverse en effet.