de Roman Polanski *

Avec Emmanuelle Seigner, Eva Green, Vincent Perez

Synopsis : Delphine est l’auteur d’un roman intime et consacré à sa mère devenu best-seller. Déjà éreintée par les sollicitations multiples et fragilisée par le souvenir, Delphine est bientôt tourmentée par des lettres anonymes l'accusant d'avoir livré sa famille en pâture au public.

La romancière est en panne, tétanisée à l'idée de devoir se remettre à écrire. Son chemin croise alors celui de Elle. La jeune femme est séduisante, intelligente, intuitive. Elle comprend Delphine mieux que personne. Delphine s'attache à Elle, se confie, s'abandonne. Alors qu’Elle s’installe à demeure chez la romancière, leur amitié prend une tournure inquiétante. Est-elle venue combler un vide ou lui voler sa vie ?

Je n'avais pas aimé le livre de Delphine De Vigan dont ce film est l'adaptation très fidèle d'après les souvenirs que j'ai de ma lecture. L'histoire me paraissait  plus qu'intéressante. L'ouvrage avait été récompensé du Prix Renaudot et du Goncourt des Lycéens et était considéré come une lecture indispensable de la rentrée littéraire 2015 par le Figaro, pas bon signe. Mais je l'avais trouvé particulièrement mal écrit, comme rédigé par un enfant dans un style d'une simplicité frôlant le simplisme. Et l'auteure s'y donnait le beau rôle, mais exaspérant pour moi, d'une nunuche, victime sans profondeur. Elle s'était également largement répandue dans les média à l'époque pour raconter à quel point cette histoire vraie était vraie. Sauf que je n'y ai pas cru un instant. Non pas que je doute qu'il y ait des prédateurs et pervers sur terre, même s'ils ne sont que le fruit de l'imagination... mais les incohérences et invraisemblances, l'indolence et le manque de discernement du personnage principal étaient vraiment difficilement crédibles et le trouble faisait rapidement place à l'agacement.

Polanski est beaucoup plus subtile avec sa caméra que De Vigan avec son texte. Ses magnifiques cadrages et ses décors, la musique du complice Alexandre Desplat font du film une œuvre impeccable mais comme le livre, on n'y croit guère. Pourtant Emmanuelle Seigner fragile, instable et déterminée à aller mieux, rend parfaitement compte des tourments de la dépression qui ne dit jamais son nom, de l'inquiétude et de l'angoisse face à une page qui reste désespérement blanche. Quant à Eva Green, elle est vénéneuse à souhait. Tout en elle, et sa voix exceptionnelle, respire l'intelligence et la beauté. L'inquiétude aussi. Il suffit de la voir paraître derrière une porte pour avoir le frisson. Mais ce monstre froid ATTENTION SPOILER ne laisse aucun doute quant à son existence.

Dépression, schizophrénie, tourments de la création, De Vigan comme Polanski passent à côté de leur sujet. A voir peut-être pour les actrices magnifiques.