DIANE A LES ÉPAULES
de Fabien Gorgeart **
Avec Clotilde Hesme, Fabrizio Rongione, Thomas Suire, Grégory Montel
Synopsis : Sans hésiter, Diane a accepté de porter l’enfant de Thomas et Jacques, ses meilleurs amis. C’est dans ces circonstances, pas vraiment idéales, qu’elle tombe amoureuse de Fabrizio.
Diane libre et généreuse n'a en effet sans doute pas hésité pour se décider et on entre dans sa vie alors qu'elle est déjà enceinte de trois mois. On n'assiste donc pas aux discussions qui ont abouti à cette décision de GPA. Au fil d'une grossesse qui durera finalement moins que prévu, Diane va évoluer et peut-être douter alors que parallèlement elle tombe amoureuse de Fabrizio qui semble la regarder comme un ovni. On suppose à sa façon de vouloir la protéger, à sa jalousie qu'il serait un père idéal mais Diane n'a pas envie d'avoir d'enfant, n'a pas la fibre maternelle.
Encore un film qui me laisse perplexe parce qu'il entre sur la pointe des pieds sur un sujet délicat. S'il permet de s'interroger doucement sur la GPA et le fameux instinct maternel dont toute femme devrait être équipée, il n'est pas un film à thèse formaté pour feu Les dossiers de l'écran mais, plus gênant, il semble vouloir éviter tout débat en posant le postulat comme tout simple et évident. Sauf que porter un enfant 9 mois et s'en séparer au terme de cette période n'a rien d'anodin. Je dirai donc que cette comédie où l'on sourit un peu, où l'on se questionne tranquillement et qu'on oublie sitôt l'avoir vue est gentillette mais sans point de vue.
J'ai apprécié que le couple formé par les deux garçons en demande de paternité ne soit jamais caricatural et que leur relation n'amène aucun débat. C'est sans doute parce que je crois à l'amour entre êtres humains et pas entre sexes ou genres que, comme le réalisateur, ça ne me pose aucun problème. Ils s'aiment. Ils veulent un enfant. Point. Leur physiologie ne leur permettant pas d'en concevoir un ensemble, ils font appel à leur meilleure amie qui a le corps idéal pour accueillir leur future progéniture. C'est une fille vigoureuse et en pleine santé. Sauf que son épaule se déboîte souvent... qu'elle danse, boit, fume et couche beaucoup. Cela inquiète un peu les futurs papas.
Ce qui me semble plus gênant est que Diane refuse tout dialogue, toute explication, toute interrogation. On voit bien que cette grande fille toute simple n'est pas le genre à se faire des nœuds au cerveau. Elle a donné son accord à ses amis. Elle ira au bout, c'est pas plus compliqué. Sauf que nous, spectateurs, aimerions bien entrer un peu dans ce cerveau simple et généreux mais, convaincue de l'évidence de sa situation, si elle est interrogée, elle répond invariablement "je ne veux pas en parler... ça ne te regarde pas". Ok, donc on n'a plus qu'à la boucler et attendre l'accouchement. Bien sûr, Diane peut dissocier sa tête de sa bouche, ou sa tête de son ventre mais j'aurais aimé, même sur le ton de la comédie, un peu plus de profondeur. Bien sûr pour nous démontrer qu'elle est parfaitement détachée de la créature qui pousse dans son ventre, lorsqu'elle se met à gigoter Diane s'exclame : "oh ça bouge" et le répète... Ok, on a compris, "ça" ne l'intéresse pas. Et si elle finit par douter ou réaliser que ce qu'elle est en train de faire ne sera finalement anodin pour personne, Diane résout tout en un lumineux sourire.
Ah si la vie pouvait être aussi simple !
Parallèlement à cette histoire de procréation, Diane entame une relation amoureuse [sic] avec Fabrizio dont la seule grande originalité est de pratiquer le Taï Chi bide à l'air dès le réveil et d'initier cette grande gigue suractive de Diane. Il est charmant Fabrizio, mais sinistre. On ne croit pas un instant à ce couple de cinéma. C'est comme associer la glace et le feu. ça peut marcher peut-être mais ce qu'on voit à l'écran ne fonctionne pas. Et je n'ai strictement rien compris à l'attitude de ce garçon lors de l'accouchement...
Autre aspect gênant : le travail. Diane ne travaille pas. Elle dit avoir un boulot mais dès le 3ème mois passe beaucoup de temps au lit, trop fatiguée. Je n'arrive plus à croire à ces histoires ancrées dans le quotidien où les personnages n'ont pas d'autre vie que celle qui tourne autour du thème du film. Ici la grossesse. Mais quelle femme (seule qui plus est) peut s'arrêter de bosser 9 mois, sans la moindre contrainte, au soleil (il fait toujours beau dans ce film), pour concevoir son enfant ? C'est peut-être un détail mais ça coince.
Evidemment, ce qui emporte l'adhésion sans contestation possible c'est Clotilde Hesme. Je crois que cette fille est comme son personnage, simple, lumineux, généreux, drôle et que son sourire est une arme fatale.
L'affiche d'une laideur sans nom ne rend pas justice à son éclatante beauté, d'ailleurs on ne l'y reconnaît absolument pas.
Commentaires
La vie est tellement simple dans ce film que ça en devient dérangeant...on évite des discutions essentielles. Enfin je ne regrette pas de l'avoir vu pour la scène où Fabrizio explique au couple d'adoptant le manque de reproduction des pandas!
On est daccord cette absence de point de vue finit par mettre mal à l'aise.
La vie est belle dans ce film.
Oh oui elle est drôle (et instructive) cette scène même si j'ai trouvé aberrant que Diane y trouve de l'homophobie. On ne peut plus employer le mot sucer sans heurter les homosexuels donc... étrange.
Effectivement elle ne bosse pas, mais profite de son inactivité pour squatter la maison de Mamie avant la vente, donc je trouve que ça se tient. Bon elle et Fabrizzio sont un peu la lune et le soleil mais pourquoi pas. J'ai vraiment bien aimé ce film, justement pour tout ce qu'il ne dit pas, et la manière qu'il a de le dire ahaha. Genre " bah non" c'est peut être pas si facile de faire pousser un alien dans son ventre puis de s'en séparer. Peut être, j'imagine, je ne sais pas encore. En tout cas, je te rejoins sur l'actrice, agaçante mais attachante !