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LE MUSÉE DES MERVEILLES

de Todd Haynes ***(*)

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Avec Oakes Fegley, Millicent Simmonds, Julianne Moore

Rose est sourde de naissance. Elle vit avec son richissime père tandis que sa mère vit sa vie de star de cinéma et de théâtre à New-York. Cette petite fille différente n'intéresse pas ses parents.

Ben quant à lui, vient de perdre sa mère et n'a jamais connu son père. Ses cauchemars gênent son cousin dont il partage désormais la chambre. Un indice découvert dans un livre lui laisse supposer que son père pourrait être à New-York. Un soir d'orage la foudre s'abat sur lui et le rend... sourd.

Lassés de se sentir de trop, Ben et Rose vont l'un et l'autre fuguer pour retrouver à New-York le parent qui leur manque tant et tenter de s'en faire aimer car ces enfants se demandent chacun à leur façon : "où est ma place ?" 

Sauf que Ben vit en 1977 et Rose en 1927. Cela ne représente pas un obstacle majeur pour le réalisateur.

Todd Haynes a un sourire d'enfant et un regard un peu halluciné qui me plaisent bien. Ce blog ne datant que de 2006 OMFG ! je n'ai donc chroniqué ici que Carol (celui de ses films qui m'a le moins convaincue) et I'm not there (film kaléidoscope génial où il faisait interpréter Bob Dylan par 6 acteurs différents dont un petit garçon noir et une femme !), c'est dire si Todd Haynes n'est pas seul dans sa tête et ne recule devant rien. Mais j'ai vu tous ces films et si l'on devait leur trouver un point commun, il me semble que c'est la différence et la solitude qui l'obsèdent et dont il parle  toujours avec beaucoup d'originalité et de profondeur. Ici, deux enfants sourds délaissés par leurs parents. Et pour les interpréter, il n'a pas choisi deux anges blonds à la beauté évidente mais deux enfants au physique ordinaire, voire ingrat, une petite Millicent Simmonds (réellement sourde IRL) et Oakes Fegley qui finissent par bouffer l'écran par leur tristesse et leur obstination. Faire du mal ou de la peine aux enfants m'est physiquement insupportable. C'est dire si ces deux là gagnent d'emblée mon attention et mon affection !

Pour être parfaitement honnête, je trouve que le réalisateur prend trop de temps à mettre ses deux intrigues en place et je dois reconnaître qu'une langueur certaine s'est emparée de moi à plusieurs moments pendant la première heure. Même si la reconstitution de New-York à deux époques éloignées d'un demi-siècle l'une de l'autre est prodigieuse. Même si le muet (alors que l'avènement du parlant clame sur les affiches qu'il va bouleverser le cinéma et notre vie)  et le noir et blanc de 1927 répondent parfaitement aux couleurs psychédéliques de 1977, j'ai eu la sensation de tourner un peu en rond pendant un moment.

Mais le film finit par décoller dès lors que les enfants chacun dans leur temps découvre le Musée d'Histoire Naturelle, que Ben rencontre un petit New-Yorkais lui aussi bien seul et délaissé par ses parents et que Rose retrouve son grand frère, enfin un adulte bienveillant. Quant à la demi-heure finale, elle force l'esprit à faire quelques pirouettes pour reconstituer le puzzle et finalement, l'émotion pointe le bout de son nez. La maquette géante de New-York est une splendeur qui s'anime et où l'on rêve de se perdre. Julianne Moore joue la fée consolante et c'est beau et c'est triste quand même.

La BO est un bonheur de chaque instant avec notamment Space Oddity de David Bowie dont une étonnante version avec chœur d'enfants, la version d'Eumir Deodate d'Ainsi parlait Zarathoustra ou toutes les compositions originales de Carter Burwell.

Méditons ce soir sur la phrase d'Oscar Wilde :

Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains regardent les étoiles.

Commentaires

  • Tu es plus enthousiaste que moi. Autant j'avais bien aimé Carol, autant celui-ci m'a exaspéré. C'est très bizarre mais j'en suis sortie énervée ... Je l'ai trouvé cousu de fil blanc, et les enfants ne m'ont pas spécialement émue. Je suis passée à côté quoi !

  • Moi j'étais plus passée à côté de Carol.
    J'ai trouvé plutôt agréable qu'il n'essaie pas de nous toucher avec des enfants craquants.
    Et la dernière demi-heure a tout balayé.

  • Ah oui tu lui as mis plein de * !
    Bon tu connais mon opinion : la Souris et moi nous nous sommes ennuyés. Il est vrai que la BO est bien.

  • La BO est grandiose, mais là je parle à des gens qui écoutent du Barbelivien :-)

  • Ton dernier paragraphe m'a totalement convaincu.
    Le Space Oddity de Bowie et le Zarathoustra de Deodato...
    J'ADORE !

  • Et je me demande quand tu as pu connaître ce grand Eumir Deodato et son prélude...

  • Sa réinterprétation du poème symphonique est mondialement célèbre non ? Je peux passer à côté d'ACDC (mais aujourd'hui jaime voir galoper Angus en short :-)) mais pas de cette version so flower power.

  • Je ne savais pas qu'elle était justement aussi mondialement célèbre que les galopades d'un vieux en short d'écolier.
    Pour ma part, j'ai quelques uns de ces albums, Prelude [1973] avec son Zarathoustra, Deodato 2 [1973], Deodato/Airto in Concert [1974]. Sa grande période mais j'ignorais que cela dépassait mes frontières pour emprunter certains routes dont celles du cinéma...

  • Et bien tu vois, l'écolier dingo n'est pas arrivé jusqu'à moi contrairement au Deo :-) et tous les chemins mènent au cinéma.

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