de Rian Johnson **

avec Daisy Ridley, John Boyega, Oscar Isaac, Adam Driver, Laura Dern

MARK HAMILL, CARRIE FISHER

Les héros du Réveil de la force rejoignent les figures légendaires de la galaxie dans une aventure épique qui révèle des secrets ancestraux sur la Force et entraîne de surprenantes révélations sur le passé…

ATTENTION GROS SPOILAGE !

Je n'irai pas par quatre chemins, je n'en peux plus de voir les héros de ma jeunesse mourir. Si le but de cette nouvelle saga n'a pour autre finalité que de les faire crever les uns après les autres pour laisser le champ libre à la nouvelle génération, je dis non et RE NON.

Le premier épisode de cette nouvelle trilogie qui est bien la troisième... m'avait plu et surprise sans être d'un enthousiasme délirant. Je suis plus réservée cette fois et ai même senti poindre l'ennui à de nombreuses reprises. Il faut dire que 2 h 30 quand même... et la multitude de combats aériens et inter-galactiques finissent rapidement par être lassants alors que les rares combats au sabre laser sont nettement plus intéressants.

Les petits jeunes ont beau être très bien, faire bien le job, ils n'arrivent pas à la cheville de leurs aînés. Manque de charisme, de présence, je ne sais pas... Ou alors ce sont leurs personnages, leurs histoires respectives qui ne cassent pas trois pattes à un canard. Leur destin manque d'ampleur. C'est pourtant la jeune Rose, étrangement associée à Finn et aussi charismatique qu'une endive qui aura la plus jolie réplique "ce n'est pas en s'acharnant sur nos ennemis que l'on gagne, mais en sauvant ceux que l'on aime". 

Ou alors suis-je trop nostalgique.

J'avais l'impression qu'avec la première trilogie qui était la deuxième, puis la deuxième qui était la première, si l'on parle chronologie, on nous racontait une histoire avec des rapports forts entre des personnages qui ne l'étaient pas moins. Ici, le nombre de personnages de la Résistance agissent séparément et finissent par se retrouver. Mais la Rébellion se réduit peu à peu à peau de chagrin sous les assauts répétés de la Flotte du Premier Ordre emmenée par un trio d'ordures qui porte la haine de son prochain en étendard, l'infâme Snoke, le belliqueux Général Hux et le très dérangé Kylo Ren (fils de Han Solo et de Leia... on croit rêver qu'ils aient pu enfanter cette engeance traumatisée) et l'on finit par se demander comment ils font pour résister encore puisqu'à vue d'œil, ils sont une dizaine !

Ici, l'histoire tourne en boucle et laisse une sensation de ressassement.

J'ai lu ceci : "Est-ce que Mark Hamil est toujours aussi mauvais ?" Et bien moi je le trouve excellent. Evidemment cela sonne comme le constat d'une fan de la première heure désolée de voir mourir ses héros d'antan et qui se lamente en un c'était mieux avant. Sans contestation possible les plus belles scènes, et surtout les plus émouvantes, on les doit à Leïa (le film est dédié "à notre Princesse") et à Luke. Quoique la nouvelle venue Lula euh, Laura Dern fait du bon boulot.

L'ensemble manque d'emphase et de lyrisme et s'embourbe parfois dans des fausses pistes qui voudraient ressembler à des rebondissements. Qu'on nous laisse encore douter de l'ascendance de Rey, qu'on nous fasse croire qu'elle est la fille de ferrailleurs qui l'ont jetée à la poubelle à sa naissance, passe encore, mais qu'elle soit en train de devenir un Jedi, qu'elle possède LA Force en elle comme nulle autre. Non. Que Yoda fasse deux apparitions sans charme ni ampleur et se permette  en rigolant de foutre le feu à la Bibliothèque qui abrite tout le savoir Jedi devant les yeux catastrophés de Luke et dise "pas très intéressants ces livres n'étaient", re non. Les connections énigmatiques entre Rey et Kylo ne m'ont vraiment pas passionnée. Qu'on nous dise une bonne fois qu'ils sont frère et sœur. Ou cousins. Mais alors avec qui Luke aurait-il fauté ? Kylo m'évoque plus un pantin sans épaisseur, mais jamais touchant, contrairement à la plaie vivante qu'était Anakin/Dark Vador.

Je préfère, et de loin, la douleur et les déchirures sans consolation qu'éprouvent Luke et Leïa, loin de l'autre, mais toujours fusionnels. Découvrir que Leïa maîtrise finalement la Force. Que Luke retrouve son sabre que lui remet Rey comme une relique sacrée et qu'il le jette sans égard dans le ravin. Et voir Luke, rongé par un mal intérieur. Tout cela me parle plus que le destin sans ampleur de Rey, Finn et Poe.

Mais que Rian Johnson traite avec autant de légèreté une disparition capitale comme J.J. Abrams avait traité l'assassinat de Han Solo dans le Réveil de la Force comme s'il ne s'agissait que d'une peccadille sans importance, c'est impardonnable. A chaque fois, cet évènement aurait dû nous mettre KO, il n'en est rien. On élimine et on passe à autre chose. Impardonnable je dis.

La Force n'est pas qu'une accumulation de midi-chloriens dans l'organisme mais bien aussi une réelle capacité à la méditation et à la bienveillance. Le pouvoir de s'affranchir du passé sans se laisser contaminer par l'avenir, l'art de défendre la paix et de maintenir l'équilibre de la Force dans la galaxie. Ce nouvel opus aurait dû être un bel épisode méditatif rendu très mélancolique par la présence de Leïa qui continue à combattre et de Luke Skywalker qui s'avance seul vers le sacrifice, contre la toute puissante armée du Premier Ordre, menée par Kylo. Mais non...