LA FIANCÉE DU DÉSERT
de Cecilia Atan, Valeria Pivato *
Avec Paulina Garcia, Claudio Rissi
Parfois la délicieuse et passionnée Eva Bettan (sur France Inter) s'enflamme tellement pour un film que j'ai envie de tout plaquer dans la seconde pour foncer en salle, ce qui n'est pas toujours ni facile ni faisable. En l'entendant parler de ce film récemment avec la fougue dont elle a le secret et pour tenter de faire obstacle au mastodonte qui sortait le même jour, je me suis donc précipitée pour le voir.
Je vais rester polie car il est ce que l'on a coutume d'appeler, pour être poli, un joli film. Ce qui n'est quand même pas bon signe.
Teresa est plus ou moins cordialement "remerciée" malgré les 3 décennies qu'elle vient de passer auprès d'une famille argentine à clairement faire la boniche. Et même si la maîtresse de maison lui applique généreusement du vernis à ongles dans la première scène, elle gâche tout en lui disant vertement d'aller terminer son travail. Je ne vous dis pas l'état du vernis ! Nous les filles savons qu'il faut un temps infini avant de pouvoir reprendre des activités normales, même s'il est écrit "séchage rapide" sur le flacon. Cette scène ne m'a pas plu. Teresa est traitée moins qu'un chien. On comprend que même la classe aisée est en difficulté (mais on s'en fout) et ne peut plus garder sa boniche qui est envoyée à 1 000 kms de là avec une lettre de références. Le fils de la maison qu'elle a manifestement élevée, porte sa valise. C'est généreux.
Mais les ennuis commencent car le bus que Teresa emprunte a un accident. Il faut attendre le suivant. C'est la nuit, mais il y a des forains qui vendent des trucs. Un d'eux est plus entreprenant qu'un autre. Teresa monte dans son camion pour essayer une robe, mais elle est obligée de descendre précipitamment. Elle oublie son sac et le camion démarre... Teresa n'a plus rien. Mais elle va... on ne sait comment, retrouver le camion et l'homme qui le conduit et parcourir on ne sait combien de kilomètres en sa compagnie car l'homme a décidé de lui venir en aide à retrouver son sac.
C'est peu dire que je n'ai cru à rien. Et pourtant j'aurais aimé y croire. Que deux solitudes se heurtent en plein désert, je veux bien. Mais pour que l'on accepte d'embarquer dans le camion il faut que l'on comprenne un peu comment l'un peut être finalement séduit par l'autre et réciproquement.
Teresa fait peine à voir. On sent la vie de labeur qu'elle porte sur les épaules, la conscience professionnelle qu'elle a mis au service des autres. Mais elle ne parle pas, n'exprime pas grand chose, a bien du mal à se faire comprendre et a peu de réactions. Quant à l'homme qui l'escorte, on nous signifie qu'il est la générosité personnifiée mais je l'ai trouvé plutôt inquiétant, même si rapidement on comprend qu'il est inoffensif. Que Teresa qui semble avoir peur de son ombre et s'excuse humblement d'exister comme si elle marchait à reculons, monte dans son camion est incompréhensible. Et lorsqu'il commence à lui lécher le visage, je dois bien reconnaître que j'ai dû réprimer un haut le cœur.
Que les moches, les gros, les vieux, les crados aient droit au bonheur et à l'amour, ok, je suis pour à 200 % mais pour nous le raconter au cinéma, nous y faire croire et nous embarquer, il faut un petit truc en plus qui n'existe pas ici. Ce film ne m'a semblé ni triste, ni gai (surtout pas) mais parfaitement neutre. Je suppose qu'il faut parler de pudeur et de dignité, mais on peut aussi évoquer l'ennui.
Restent des plans superbes, un voyage dans une région surprenante et magnifique et une actrice chilienne aperçue dans Brooklyn village, dont on sent qu'elle doit avoir une carrière assez remarquable et s'adonner aux rôles de composition si l'on en juge par la métamorphose ci-dessous...
Mais quand même Eva, pas de quoi se relever la nuit ! Si ?
Commentaires
Bonjour, je découvre ton blog avec grand intérêt via Dasola. Ce film est le prochain, tout bientôt, dans la liste des envies-curiosités, pour le voyage aussi. Je suis prévenue... ( que je peux peut-être en choisir un autre )
Merci et bienvenue.
Reviens me donner ton ressenti.
Le voyage est dépaysant mais la rencontre me laisse dubitative..
Ah, je ne me souvenais pas d'elle,e t d'ailleurs je n'avais pas aimé Brooklyn village. Je comprends parfaitement ton avis, même si j'ai bien aimé ce joli film quand même :) ( mais je te confesse m'être endormie un moment, enfin, comme ça m'arrive souvent, je ne l'impute pas au film hihi)
Je me disais l'avoir vue quelque part et je n'avais pas non plus aimé Brooklyn Village.
Ah oui toi aussi il t'arrive de somnoler ?
Comme je dis, "joli film" c'est pas bon signe :-) et la rencontre me paraît improbable, du coup, ça coince. J'essaie de m'identifier et de me mettre à la place de cette femme seule au milieu de nulle part. Non, je ne pars pas en camion avec un gros plein de soupe, crado pour finir par me faire lécher la fiole dans les chiottes :-)