de Samuel Jouy ***

Avec Mathieu Kassovitz, Olivia Merilahti, Souleymane M'Baye, Billie Blain, Lyes Salem

Synopsis : A plus de 40 ans, Steve Landry est un boxeur qui a perdu plus de combats qu’il n’en a gagnés. Avant de raccrocher les gants, il accepte une offre que beaucoup de boxeurs préfèrent refuser : devenir sparring partner d’un grand champion.

Quelques mots car ma prochaine actualité va être très chargée...

Après le foot, me voici sur la planète boxe, sport qui ne me fait pas plus rêver (sinon moins, si c'est possible) que de voir des gugusses courir derrière un ballon. Certes il y a plus de boxe ici que de foot là mais je suis vraiment ravie d'avoir vu ce premier film très réussi. Et je m'aperçois que ce qui me motive, m'intéresse et me plaît de plus en plus ce sont les acteurs. Même si tous ceux qu'on ne voit pas à l'écran sont en grande partie responsables du résultat, je dois dire que la présence et l'intensité des acteurs me fascine.

Et avec Mathieu Kassovitz, pas moyen d'être déçue. Je trouve le parcours de ce garçon vraiment intéressant autant dans ses réalisations que ses interprétations où il parvient la plupart du temps à être le type moyen qui fend le coeur. Il est pour moi un acteur qui fait que je me déplace pour voir un film alors qu'il ne doit sans doute pas se considérer comme bankable. D'autant que connaissant le tempérament un tantinet rentre dedans et à l'insulte facile du garçon dans la vraie vie, il doit s'agir ici d'un rôle de composition tant son personnage déploie de douceur, d'humilité voire parfois de soumission.

Revenons-en à ce beau film qui met en lumière un métier qui n'en est pas un : sparring-partner. Je connaissais le terme. Je n'avais aucune idée de ce qu'il signifiait et cachait ni qu'il était exclusivement réservé à certains sports. D'autant qu'avec le mot partner, je pensais davantage à quelque chose de positif. Il s'agit en fait d'un partenaire d'entraînement, un boxeur de niveau moyen mais suffisant... destiné à entraîner pendant un mois un autre boxeur qui se prépare à un match important pour sa carrière. Autant dire qu'il sert de sac d'entraînement vivant à un champion, même si lors d'une très belle et touchante scène sur la plage le champion assure qu'il ne veut pas d'un sac de frappe et son sparring de confirmer qu'il n'en est pas un.

Steve a 45 ans, la boxe l'a toujours passionné mais sur 49 combats il comptabilise 13 victoires, 3 nuls et 33 défaites. Les scènes où il affronte le champion beaucoup plus barraqué et expérimenté que lui s'apparente parfois à des raclées. Cette sensation culmine lors d'une scène terrible où lors d'un entraînement public, le champion l'humilie volontairement devant le public ce dont il s'excusera en ces termes : "tu m'excuses vieux pour l'autre jour mais le spectacle, c'est ça qu'ils veulent". Mais l'autre aspect de cette fonction de sparring partner avec tous les risques qu'elle comporte sur le plan de la santé est qu'elle peut être grassement payée et sans charges ni déductions fiscales apparemment :-)

Et justement, Steve a une vraie vie. Un boulot "normal" mais pas très rémunérateur, une femme et deux enfants. Et c'est là que le film se fait encore plus fort car le réalisateur réussit avec finesse, intelligence et beaucoup de tendresse à évoquer au milieu de cette histoire sportive, la relation d'un homme à sa famille et surtout à sa fille aînée, une petite ado CRAQUANTE (Billie Blain absolument délicieuse) qui a placé son papa plein de coups et de bosses sur un piédestal. Les scènes familiales, de repas, de sorties au restau sont les plus belles du film. Et l'on est fort émus par l'attitude de ce mari et de ce père, prêt à se saigner aux quatre veines pour offrir un piano à sa fille et tenter de tenir sa promesse que son 50ème match sera le dernier... 

Allez-y sans hésiter, la puissance d'incarnation de Mathieu Kassovitch tout cabossé mais courageux avec son cœur d'artichaut, les scènes qu'il partage avec la petite devraient vous ravir et pourquoi pas vous mettre K.O...