La Fondation Gan est formidable pour le cinéma.
En 1987, lors de la 40ème édition du Festival de Cannes, l’assureur Gan annonce la création d’une Fondation en faveur du cinéma. C’est le cinéaste Costa-Gavras, alors Président de la Cinémathèque française, qui en inspire le domaine d’intervention et en devient le Président d’honneur.
Depuis son origine, elle n’a eu de cesse d’œuvrer à l’émergence d’une nouvelle génération de cinéastes, de défendre un cinéma de qualité et original, de l’écriture du scénario jusqu’à la diffusion des œuvres en salle, grâce à l’Aide à la Création et l’Aide à la Diffusion, ses principales missions.
Gabriel et la montagne de Felippe Barbossa ****
Un de mes coups de cœur de 2017, chroniqué ICI.
France/Brésil 3-0
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Après la guerre d'Annarita Zambrano ***
Film en avant-première - France/Italie
Avec Charlotte Cétaire, Giuseppe Battiston, Barbora Bobulova, Fabrizio Ferracane, Marilyne Canto, Jean-Marc Barr
Synopsis : Bologne, 2002. Le refus de la loi travail explose dans les universités. L’assassinat d’un juge ouvre des vieilles blessures politiques entre l’Italie et la France. Marco, ex-militant d’extrême gauche, condamné pour meurtre et réfugié en France depuis 20 ans grâce à la Doctrine Mitterrand, est soupçonné d’avoir commandité l’attentat. Le gouvernement italien demande son extradition. Obligé de prendre la fuite avec Viola, sa fille de 16 ans, sa vie bascule à tout jamais, ainsi que celle de sa famille en Italie qui se retrouve à payer pour ses fautes passées.
Ce film politique comme on n'en fait plus, un peu dans la veine des Costa-Gavras d'antan revient sur un engagement pris par François Mitterrand en 1985 à l'égard des terroristes italiens qui ont acquis l'asile politique en France. ll s'agit de la Doctrine Mitterrand expression désignant un engagement verbal pris par le Président de la République d'alors de ne pas extrader les anciens activistes et terroristes d'extrême gauche ayant rompu leurs engagements lors des années de plomb.
Et c'est évidemment passionnant car la réalisatrice croise la grande et la petite histoire, celle d'une famille dont l'un des fils condamné à la perpétuité en Italie s'est réfugié en France 20 ans plus tôt. Il a complètement rompu avec ses activités terroristes, a fondé une famille et est devenu un intellectuel reconnu.
J'ai trouvé que le sort de Marco était réglé de façon un peu artificielle et que, bien qu'elle s'en défende (la réalisatrice était présente) tranche sur la culpabilité et la punition... Néanmoins le film est passionnant et pose un nombre incalculable de questions auxquelles il est parfois difficile d'apporter une réponse catégorique. Le scenario fait de constants allers retours entre la famille restée à Bologne, des intellectuels, qui n'ont plus jamais repris contact avec Marco et Marco ex terroriste devenu pacifiste, gros nounours totalement fou de sa fille qui n'a plus qu'une idée : sauver sa peau.
Un terroriste repenti peut-il parce qu'il a "refait sa vie" et que 20 ans ont passé être absous de ses fautes ou au moins ne plus être inquiété pour son passé criminel ? Et la famille, est-il juste qu'elle paie le prix pour des fautes qu'elle n'a pas commises ? On oscille constamment tout au long du film entre l'accusation et l'acquittement.
L'acteur Giuseppe Battiston est formidable et celle qui incarne sa fille, la jeune Charlotte Cétaire une révélation, une vraie présence.
Vous pourrez apprécier ce film le 21 mars.
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Cornélius, le meunier Hurlant de Yann Le Quellec **(*)
Film en avant-première - France
Avec Bonaventure Gacon, Anaïs Demoustier, Denis Lavant, Gustav Kervern
Synopsis : Un beau jour, un village du bout du monde voit s’installer un mystérieux visiteur, Cornelius Bloom, qui aussitôt se lance dans la construction d’un moulin. D’abord bien accueilli, le nouveau meunier a malheureusement un défaut : toutes les nuits, il hurle à la lune, empêchant les villageois de dormir. Ces derniers n’ont alors plus qu’une idée en tête : le chasser. Mais Cornelius, soutenu par la belle Carmen, est prêt à tout pour défendre sa liberté et leur amour naissant.
Voici un film formidable qui souffre comme souvent les premiers films de sa longueur. Un bon quart d'heure de trop, quelques scènes inutiles et sans grand intérêt (la danse dans la forêt avec d'étranges créatures). Dommage car dès les premières images on est à la fois intrigué et séduit par le personnage de Cornelius qui sort du sable et parcourt des monts, des vallées, des montagnes par tous les temps pour s'installer Au bout du monde, un terrain laissé vacant au sommet d'un village. Il va y construire un moulin insensé, une mécanique merveilleuse et redonner du pain au village. Mais les désagréments qu'il cause et empêche tout le monde de dormir vont le transformer en bête à abattre. Et on sait que la nature humaine ne manque jamais d'imagination pour rejeter ceux qu'elle a accueillis. D'autant que Cornelius provoque la jalousie d'un habitant du village amoureux de la belle Carmen qui tombe totalement sous le charme du meunier.
L'histoire paraît simple mais c'est la façon dont elle est traitée qui est totalement inédite et folle. Foisonnant de couleurs, de chants, de danses, d'acrobaties on est ébloui par certains personnages, dont Cornelius interprété par un garçon impressionnant dans tous les sens du terme Bonaventure Gacon, authentique saltimbanque dont les spectacles merveilleux sont paraît-il incontournables. Autour de lui Anaïs Demoustier déploie toute la folie dont elle est capable. Denis Lavant reste l'acteur fou furieux et élastique qu'on connaît. Christophe Paou, le beau gosse assassin de l'Inconnu du Lac est tordant en cow-boy des montagnes grimaçant.
Inégal mais coloré, déjanté, musical, triste et joyeux, vous pourrez vous faire une opinion sur ce film unique en son genre le 2 mai prochain.