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L'APPARITION

de Xavier Giannoli ****

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Avec Vincent Lindon, Galatea Bellugi

Jacques, grand reporter pour un quotidien français reçoit un jour un mystérieux coup de téléphone du Vatican. Dans une petite ville du sud-est de la France une jeune fille de 18 ans a affirmé avoir eu une apparition de la Vierge Marie.

La rumeur s’est vite répandue et le phénomène a pris une telle ampleur que des milliers de pèlerins viennent désormais se recueillir sur le lieu des apparitions présumées. Jacques qui n’a rien à voir avec ce monde-là accepte de faire partie d’une commission d’enquête chargée de faire la lumière sur ces événements.

Dès les premières minutes où l'on découvre Jacques en Syrie, on a l'impression que Vincent Lindon, toujours plus grand, a été grand reporter dans une vie antérieure. Baroudeur anéanti physiquement (une bombe a dû exploser près de lui et il souffre atrocement de l'oreille) et moralement (il ramène son meilleur ami photographe entre quatre planches), il accepte l'enquête qu'on lui propose après que le Cardinal rencontré au Vatican lui assure qu'il s'agit d'une enquête, confidentielle certes, mais comme les autres. Le scepticisme voire l'athéisme de Jacques n'est-il pas d'ailleurs un atout car ce que le Vatican veut, ce sont des preuves tangibles de ce qu'Anna raconte. Car la Sainte Autorité préfèrera toujours passer "à côté d'un véritable miracle plutôt que de reconnaître une imposture". Et l'on découvre médusé que les caves du Vatican recèlent des milliers d'archives, de dossiers classés sans suite depuis des siècles concernant ces apparitions qui se font jour régulièrement.

Dans ce film intense et dense les croyants comme les non-croyants sont respectés avec beaucoup de tolérance et de politesse. Chacun restera avec ses questions, ses doutes ou ses certitudes mais entre temps il y aura eu cette intense réflexion menée au fil d'une enquête, véritable thriller où il est question de foi et de l'apparition de la Vierge Marie qui aurait livré un message d'amour à une toute jeune fille de 16 ans quasi mystique. C'est pourtant la psychiatre, car il est aussi question de démontrer qu'Anna n'est pas dérangée, qui aura pratiquement le mot de la fin, car nous autres athés serions les premiers à reconnaître qu'ils se trompent : "la foi est un choix libre et éclairé. Avec une preuve, il n'y aurait plus de mystère..." Alors voilà, la foi est un mystère et il nous faut nous débrouiller avec ça.

A mesure que l'enquête avance, elle se fait de plus en plus complexe jusqu'à un épilogue vraiment inattendu. C'est ce qui fait aussi la force de ce film. Jamais il ne nous perd en route et il finit par recouper toutes les pistes qu'il explore. Le sceptique et la croyante s'observent d'abord avec méfiance mais à force de se rencontrer, il se passe quelque chose entre eux et les scènes entre Vincent Lindon et Galatea Bellugi sont les plus belles du film. La jeune fille est d'une intensité rare et son beau visage irradie littéralement tandis que sa voix douce assure "je ne suis pas une menteuse". C'est pourtant elle, si jeune et si fragile et qui souffre de plus en plus de constater ce qu'elle provoque, qui consolera l'homme blessé. C'est magnifique et on peut compter sur la profondeur insensée de Vincent Lindon pour incarner cet homme.

Autour d'eux gravitent des personnages très intéressants, le Père Borodine, protecteur d'Anna (Patrick d'Assumaçao décidément toujours juste depuis L'inconnu du lac quel que soit le rôle qu'il aborde) ou le Père Anton, prêtre américain qui voit dans cet événement une source de profit et de gloire.

Qu'Anna mente ou pas n'est finalement pas le plus essentiel et au lieu de livrer une réflexion austère, Xavier Giannoli envoie un cow-boy solitaire et revenu de tout auprès d'une jeune fille qui s'affaiblit mais illuminée par sa foi et c'est beau.

Commentaires

  • Merci de ce beau résumé, grâce auquel j'ai décidé d'y courir tout à l'heure !

  • Bravo.

  • A priori, le sujet ne me tente pas trop mais est-ce que c'est aussi bien que Marguerite, son précédent film, que j'avais beaucoup aimé ?

  • C'est largement aussi bien. Giannoli s'empare du sujet et en fait un.western. C'est palpitant vraiment beau et les acteurs font du bon boulot.

  • Je ne suis pas très attirée par le thème, mais Vincent ... maintenant que je sais ce que tu en penses, je ne vais pas hésiter.

  • Merci de ton commentaire d'une justesse inouie. J'ai été prise par cette histoire et le traitement de la situation avec des "dossiers" permet d'y voir vaguement plus clair, voire pas du tout plus clair dans notre quête de savoir si elle a vu ou pas. Vincent Lindon semble en effet vraiment avoir été tiré d'un reportage sur un théâtre d'opérations juste pour le film, la jeune Galatea Bellugi joue incroyablement bien l'illumination et la prostration (j'ai lu qu'elle arrive du Théâtre du Soleil (ça te parle, non ?).
    Les autres personnages dépeignent également parfaitement la "vraie vie", en effet, toutes les théories sont possibles, les croyants, les non-croyants, les observateurs, sont tous respectés. On ne voit absolument pas arriver l'épilogue, et finalement, on comprend mieux pourquoi cet évêque a choisi ce journaliste pour mener une enquête que les autres protagonistes de la commission ne peuvent pas mener.
    J'en suis sortie totalement emballée moi aussi.

  • Merci.
    Même si ce nest pas le sujet on ne peut dire si Giannoli est croyant ou pas tant il y a de respect pour les uns et les autres dans ce film.
    J'aurais voulu que les scènes entre Vincent et Galatea s'éternisent.

    Aaah le Théâtre du soleil!!! J'y ai vu un spectacle au fin fond du bois de Vincennes il y a quelques années. Ariane distribuait des soupes aux spectateurs...
    Qu'on soit comédien ou spectateur on ne sort pas indemne du soleil. La preuve... Notre Philipe... il cherche encore...

  • Je n'ai jamais eu l'occasion d'y voir un spectacle mais j'ai entendu parler des distributions de soupe, et des nuits complètes passées à voir une pièce où le spectateur était pris dans l'action (il parait que la configuration des lieux s'y prêtait).
    Oui, petit clin d’œil à notre grand Philippe.

    En effet, j'ai oublié de dire que les scènes entre Vincent et Galatea sont immenses, et pour autant, malgré l'intensité de leurs échanges, il reste impartial. Compréhensif, mais impartial.
    Après, il faudrait retourner voir le film en connaissant la fin pour éventuellement déceler des micro-détails qui pourraient nous mettre sur la voie, mais, là, je reconnais que j'en ai un (qui n'avait pas vérifié la durée du film) qui m'a déjà attendue longtemps pour dîner, je ne suis pas sûre qu'il soit prêt à réitérer l'expérience. Peut-être en avion lors d'un prochain voyage.

  • Bonjour Pascale, mon billet à paraître. J'ai aimé ce film qui évite les écueils sur ce genre de sujet. Que l'on soit croyant ou pas, on peut se sentir concerné ou ému. En tout cas, une histoire qui ne laisse pas indifférent. Lindon est excellent et tous les autres aussi. Un film à voir que je conseille à tous ceux qui passent par ici. Bonne après-midi.

  • Bonsoir dasola. En effet c'est un film à recommander hautement. Giannoli est vraiment un grand réalisateur français. Et Vincent... on n'a plus de mots.

  • Tenté. Peut-être que ce sera mon premier film français de février.
    Il serait temps !

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