WAJIB - L'INVITATION AU MARIAGE
de Annemarie Jacir ***
Avec Mohammad Bakri, Saleh Bakri
Synopsis : Abu Shadi, 65 ans, divorcé, professeur à Nazareth, prépare le mariage de sa fille. Dans un mois, il vivra seul. Shadi, son fils, architecte à Rome depuis des années, rentre quelques jours pour l’aider à distribuer les invitations au mariage, de la main à la main, comme le veut la coutume palestinienne du "wajib".
Tandis qu’ils enchaînent les visites chez les amis et les proches, les tensions entre le père et le fils remontent à la surface et mettent à l’épreuve leurs regards divergents sur la vie.
Le film est construit sur le modèle du road-movie et même si les deux personnages ne quittent pas Nazareth, ils parcourent la ville dans la vieille guimbarde du père. La distribution des invitations qui selon la tradition doivent être remises en mains propres à chaque invité, les poster est considéré comme une insulte, donne l'occasion de rencontrer de nombreux personnages et d'appréhender la vie et les diverses mentalités de cette ville Palestinienne. Et cette ville est infiniment complexe puisqu'elle est celle où Jésus a passé son enfance. Elle est peuplée de chrétiens, de musulmans et se trouve... en Israël !
Ce mini voyage d'une journée est aussi l'occasion d'une longue conversation entre un père et son fils. C'est parfois drôle, parfois tendu et cruel. Le père, tolérant pour énormément de choses, n'a pas compris que son fils ait quitté le pays. Qu'il vive hors mariage avec une jeune femme dont il écorche sans doute volontairement le prénom, le dépasse. Alors qu'il est un intellectuel très ouvert, il aimerait que son fils rencontre une fille du pays et y reste. Le fils respectueux se plie aux traditions comme celle de ce Wajib mais n'a qu'une hâte retourner en Italie où il vit et travaille.
Au fil du chemin, on visite la ville, par endroits très belles et on rencontre toute une galerie de personnages, pratiquement tous très sympathiques qui évoquent la vie quotidienne à Nazareth, l'amour du "pays", la peur aussi des conflits, de Daech. C'est fait sans lourdeur avec beaucoup de simplicité. Nous sommes là en observateurs et c'est vraiment très beau. Ces gens, dans cette région du monde insensée, vivent et nous n'avons pas besoin ici de nous interroger sur un conflit dont j'ai depuis longtemps perdu le cours ou l'éventualité d'en voir l'issue.
L'excellente idée de la réalisatrice palestinienne est d'avoir réuni pour jouer ce père et ce fils qui entament une longue conversation faite de colère, de tendresse, d'incompréhension, deux acteurs qui sont également père et fils dans la vraie vie. Ils se donnent la réplique pour la première fois et outre leur incroyable beauté (ne jamais négliger le plaisir des yeux), ils sont vraiment excellents l'un et l'autre. Drôles, simples, tendres, vrais.
Commentaires
Il me tente, ce film. De là à ce que je puisse le voir... c'est pas gagné.
Merci d'en parler.
C'est vraiment épatant. Il frôle les ****
Une autre blogueuse a dit beaucoup de bien de ce film. Je vais essayer d'y aller. L'ennui dans mes salles art et essai, c'est que les horaires sont souvent peu pratiques et il n'y a pas beaucoup de passages par jour.
Il faut que tu trouves le créneau qui te convient. Ce film est BEAU.