WINTER BROTHERS
Avec Elliott Crosset Hove, Simon Sears, Victoria Carmen Sonne, Lars Mikkelsen
Synopsis : Emil travaille avec son frère dans une carrière de calcaire et vend aux mineurs l’alcool frelaté qu’il fabrique. Les relations changent lorsque la mixture préparée par Emil est accusée d’avoir empoisonné l’un d’entre eux.
Ce qui surprend et étonne, séduit aussi, immédiatement dans ce film sont les sons. Ici, ceux tonitruants d'une usine sous-terraine où les hommes travaillent dans des conditions dignes de celles décrites dans Germinal de Zola. Tous les bruits se transforment en sons qui donnent un rythme à chaque scène. J'ai pensé au travail de Björk et Lars Von Trier sur Dancer in the dark. D'ailleurs le réalisateur est Islandais.
Les hommes vivent sur place dans des baraquements en tôle à la limite de la salubrité. Les distractions sont inexistantes. Et il fallait bien que les deux frères de l'histoire tombent amoureux de la même fille qui elle-même semble hésiter entre les deux (on se demande bien pourquoi...). Cet aspect de la situation ne va pas améliorer les relations fraternelles puisque les deux garçons occupent parfois leur temps de travail à sortir leur bite pour savoir qui a la plus longue et qui pisse le plus loin. Ce que l'ennui fait faire parfois !!!
Emil ne semble pas être tout à fait sain d'esprit mais on n'en saura pas plus. Il travaille, fabrique son alcool écoeurant et observe derrière sa fenêtre la fille dont il est amoureux, de préférence quand elle s'habille ou se déshabille. Lorsqu'un mineur tombe gravement malade, le chef de chantier intervient. Et l'apparition de Lars Mikkelsen donne un nouvel élan au film dont jusqu'ici on n'avait guère d'autre choix que de s'intéresser à l'aspect esthétique. Car en effet, le réalisateur, doué, semble avoir accordé plus d'importance à la forme qu'au fond. Les images, froides, glacées, réfrigérantes, teintées de gris et de blanc sont magnifiques, les plans impeccablement cadrés, certaines scènes forcent le respect (une course dans la forêt, une lutte vraiment impressionnante entre les deux frangins) et les sons étonnants. Mais c'est fou comme un acteur avec une présence forte peut faire qu'on se redresse sur son siège en se disant pour soi-même : "enfin".
Hélas, les 3 scènes de Lars ne comblent pas l'ennui qui s'insinue peu à peu et c'est bien la forme qui intéresse ici. Mais à force de privilégier la forme et l'esthétique, le réalisateur perd en chemin la spectatrice curieuse et indulgente que je suis. Et ce n'est pas la façon abrupte dont se termine le film qui peut me faire changer d'avis.
Dans ce film tout le monde est antipathique et il est impossible de s'identifier à qui que ce soit ni de bien comprendre ce qui les anime les uns et les autres à part l'ennui et l'isolement, ce qui est peut-être déjà beaucoup, mais ce n'est pas ma came.
Vu récemment à Annonay, ne vous fiez pas à mon avis pour vous précipiter et découvrir une étrangeté car ce film y a remporté le Grand Prix. Mais personne n'a pu me donner d'explication sur la portée sans doute hautement métaphorique de l'histoire du chien...