de Craig Gillepsie **(*)

Avec Margot Robbie, Allison Janney, Sébastian Stan

Synopsis : En 1994, le milieu sportif est bouleversé en apprenant que Nancy Kerrigan, jeune patineuse artistique promise à un brillant avenir, est sauvagement attaquée. Plus choquant encore, la championne Tonya Harding et ses proches sont soupçonnés d'avoir planifié et mis à exécution l'agression…

Il s'agit d'un biopic pur et dur. Un vrai de vrai. Il nous raconte la vie non pas de la victime, pas plus que l'affrontement des deux athlètes, mais la vie de celle qui fut soupçonnée de l'agression et en paya le prix fort.

La vie de Tonya Harding est un enfer, un cauchemar quotidien. Déjà à 4 ans, sa mère, une folle, un monstre, une vraie cochonnerie, la battait et la traitait de mauviette car elle considérait que seuls les coups et les insultes permettrait à sa fille d'avancer. Elle voulait en faire une championne. Et championne, elle le fut, mais à quel prix !!! Dès qu'elle le put, très tôt, la jeune Tonya pour échapper à sa tortionnaire de mère, a suivi le premier baltringue qui l'a trouvée jolie. Elle l'a épousé et parce qu'elle ne méritait pas autre chose, il s'est immédiatement mis à la cogner.

Malgré cette vie de merde, sur la glace elle vivait, renaissait. Elle manquait de grâce et d'élégance, elle était plus costaud que les autres et n'avait pas les moyens de s'acheter de jolis costumes qui brillent. Et comme elle était une redneck, une plouc de province qui n'avait pas les moyens, elle se confectionnait elle-même des justaucorps rose fluo affreux. Mais sur ses patins, elle était la seule au monde à passer l'Everest du patinage, le triple axel. Techniquement, Tonya n'avait pas son pareil mais là encore, les jurys impitoyables, la notaient mal parce qu'il ne suffit pas de passer l'excellence technique, il faut aussi afficher un sourire ultra bright et présenter une famille qui fait rêver. La mère de Tonya, ce boulet, ce fardeau n'entrait pas dans les canons des exigences de la fédération. Un monde impitoyable et pas folichon qui pratique ouvertement le racisme social.

Son mari accoquiné à un abruti, obèse, crasseux complètement con qui se prenait pour un agent secret vont fomenter l'agression de Nancy Kerrigan qui au départ devait se limiter à quelques menaces. Ce n'était déjà pas bien futé mais ça n'aurait pas dû aller si loin.

Je vous passe les détails de la suite. Mais rien ne s'arrangera jamais pour Tonya. A un moment elle dit : "j'ai été aimée", on soupire en pensant : enfin, même si on n'en a rien vu, au moins l'a-t'elle cru. Puis elle ajoute : "j'ai été aimée... une minute". Sans doute quand elle a réussi son triple axel. Avant et après ce n'est que misère et injustices, jusqu'à un lacet qui se casse en pleine compétition...

Imaginons que ce film serve à réhabiliter Tonya Harding qui n'a fait que se prendre des coups dans la figure toute sa vie, dans tous les sens du terme. Je me souviens parfaitement de ce fait divers, tellement bien raconté par les média que j'avais pensé que cette fille avait de bien curieuses méthodes pour éliminer ses concurrentes.

Je trouve par contre curieux, voire inadmissible que le réalisateur se permette des traits d'humour à propos de ce calvaire. Parfois face caméra l'actrice nous parle et nous dit presqu'hilare : "regardez, je vais encore me prendre un coup. Regardez comme j'encaisse". Je me demande qui cela peut faire rire.

Néanmoins on reste accroché de bout en bout, le cœur battant, aux patins de Tonya. Il faut dire qu'elle est interprétée avec une fougue et une justesse incroyables par Margot Robbie qui lui donne une énergie, une audace, une vulgarité, un caractère ébouriffants.

Cette vie sur laquelle le malheur s'acharne est un crève cœur.