d'Annarita Zambrano ***
Avec Charlotte Cétaire, Giuseppe Battiston, Barbora Bobulova, Fabrizio Ferracane, Marilyne Canto, Jean-Marc Barr
Synopsis : Bologne, 2002. Le refus de la loi travail explose dans les universités. L’assassinat d’un juge ouvre des vieilles blessures politiques entre l’Italie et la France. Marco, ex-militant d’extrême gauche, condamné pour meurtre et réfugié en France depuis 20 ans grâce à la Doctrine Mitterrand, est soupçonné d’avoir commandité l’attentat.
Le gouvernement italien demande son extradition. Obligé de prendre la fuite avec Viola, sa fille de 16 ans, sa vie bascule à tout jamais, ainsi que celle de sa famille en Italie qui se retrouve à payer pour ses fautes passées.
Ce film politique comme on n'en fait plus, un peu dans la veine des Costa-Gavras d'antan revient sur un engagement pris par François Mitterrand en 1985 à l'égard des terroristes italiens qui ont acquis l'asile politique en France. ll s'agit de la Doctrine Mitterrand expression désignant un engagement verbal pris par le Président de la République d'alors de ne pas extrader les anciens activistes et terroristes d'extrême gauche ayant rompu leurs engagements lors des années de plomb.
Et c'est évidemment passionnant car la réalisatrice croise la grande et la petite histoire, celle d'une famille dont l'un des fils condamné à la perpétuité en Italie s'est réfugié en France 20 ans plus tôt. Il a complètement rompu avec ses activités terroristes, a fondé une famille et est devenu un intellectuel reconnu.
J'ai trouvé que le sort de Marco était réglé de façon un peu artificielle et que, bien qu'elle s'en défende (la réalisatrice était présente lors d'une avant-première) tranche sur la culpabilité et la punition... Néanmoins le film est passionnant et pose un nombre incalculable de questions auxquelles il est parfois difficile d'apporter une réponse catégorique. Le scenario fait de constants allers retours entre la famille restée à Bologne, des intellectuels, qui n'ont plus jamais repris contact avec Marco et Marco ex terroriste devenu pacifiste, gros nounours totalement fou de sa fille qui n'a plus qu'une idée : sauver sa peau.
Un terroriste repenti peut-il parce qu'il a "refait sa vie" et que 20 ans ont passé être absous de ses fautes ou au moins ne plus être inquiété pour son passé criminel ? Et la famille, est-il juste qu'elle paie le prix pour des fautes qu'elle n'a pas commises ? On oscille constamment tout au long du film entre l'accusation et l'acquittement. Terrible.
L'acteur Giuseppe Battiston, à qui la réalisatrice a refusé de lui donner l'apparence d'un héros romantique et séduisant au premier abord, est formidable et celle qui incarne sa fille, la jeune Charlotte Cétaire une révélation, une vraie présence.
Commentaires
Je l'ai vu hier. C'était une bonne idée d'aborder le sujet par le biais des dégâts sur la famille. J'ai autant aimé la partie italienne que française. Quand la fille hurle à son père qu'il ne pense qu'à sa gueule, ça résume bien la situation, je l'ai trouvé assez opaque lui comme personnage. Elle joue bien la jeune. La fin est assez facile en effet, lourd fardeau pour la gamine ce qui est arrivé.
Ah super. Je crois qu'on ne va pas être nombreux à le voir.
Le père est très ambigu. Lors de son interview il dit des horreurs et nous met vraiment le doute... On se fait juge.
La fille est extra oui.