READY PLAYER ONE
de Steven Spielberg ****
Avec Tye Sheridan, Olivia Cooke, Ben Mendelsohn, Mark Rylance
Synopsis : 2045. Le monde est au bord du chaos. Les êtres humains se réfugient dans l'OASIS, univers virtuel mis au point par le brillant et excentrique James Halliday. Avant de disparaître, celui-ci a décidé de léguer son immense fortune à quiconque découvrira l'œuf de Pâques numérique qu'il a pris soin de dissimuler dans l'OASIS.
L'appât du gain provoque une compétition planétaire. Mais lorsqu'un jeune garçon, Wade Watts, qui n'a pourtant pas le profil d'un héros, décide de participer à la chasse au trésor, il est plongé dans un monde parallèle à la fois mystérieux et inquiétant…
En sortant de la projection, j'avais une question et une réponse en tête :
- "Qui est le patron ?
- C'est Spielberg".
Ce film n'est certes pas le plus beau, le plus fort, le plus émouvant que j'ai vu (celui-ci est LE film qui risque fort d'être LE film de l'année) mais il est incontestablement le plus surprenant, le plus original et le plus enthousiasmant malgré ses baisses de régime. Et aussi parce que c'est Spielberg qui n'en finit jamais de ne pas oublier de nous étonner. Je suis sortie de la projection enchantée voire requinquée, ragaillardie, ce qui fait un bien fou. J'en attendais peu et j'hésitais même à le voir tant les jeux vidéo me sont un univers totalement étrangers. J'ai bien tenté de m'y mettre dans les années 80 mais je n'ai jamais réussi à passer le 1er niveau de Super Mario. Je ne parvenais à choper ni les pièces ni les champignons. Rapidement, ça lasse. Il ne faut donc pas toujours se laisser convaincre par sa première impression.
Ce film est enthousiasmant. La première heure est trépidante. Pour échapper à un quotidien désespérant, le monde est en proie au désastre climatique annoncé, il est possible de se réfugier dans le virtuel qui pose comme seule limite l'imagination des participants. Chacun se crée un avatar idéal, fort, sexy et séduisant et peut participer à des courses ou des combats tellement abracadabrants qu'il est impossible de les gagner. D'autant qu'en chemin il vous est possible de rencontrer King Kong ou Godzilla en personnes, obstacles difficilement franchissables. L'important est donc de participer mais lorsqu'il s'agit de trouver l'Œuf magique dissimulé dans un jeu par le créateur même de l'Oasis avant de mourir et s'emparer d'un héritage de plusieurs milliards de dollars, Wade, adolescent orphelin malmené et mal dans sa peau (Tye Sheridan, le super enfant star de Tree of life ou Mud ou Joe) déjà passionné, se prend au jeu et tente sa chance. Il devient rapidement l'un des meilleurs participants et attire l'attention sur lui. A l'intérieur du jeu il rencontre Artemis, une chasseuse d'œufs comme lui, surdouée et séduisante.
Je vous passe les étapes où les participants, emmenés par Wade, allias Parzival, gagnent des points, ouvrent des portails, trouvent de précieuses clés et se confrontent à IOI une multinationale dirigée par le terrible Sorrento (méchant charismatique incarné par le charismatique Ben Mendelsohn) qui désire prendre le pouvoir d'Oasis. C'est mouvementé, survolté et franchement je on n'y comprend pas grand chose mais ce n'est pas grave car l'énergie ambiante est communicative et réjouissante.
Les abondantes références aux différents jeux d'arcade qui se sont créés au fil des années et des décennies et auxquelles les participants se réfèrent constamment devraient ravir les connaisseurs sans gêner les profanes ou les ignorants. Il y a même un Rubik's Cube magique... L'enthousiasme est contagieux. Lorsque les personnages virtuels, qui se sont inventés des physiques avenants et de grands pouvoirs qui impliquent de grandes responsabilités, se rencontrent enfin dans la vraie vie, le film prend une autre tournure plus... humaine forcément et l'émotion gagne de nombreuses scènes.
Dans les rôles principaux on retrouve donc un de mes chouchoux depuis des années, Tye Sheridan qui a commencé enfant et ne cesse de grandir dans tous les sens du terme. Je lui ai même trouvé des airs de Marlon Brando jeunot, ce qui n'est pas rien. Espérons qu'il ne se contente pas de jouer dans des blockbusters désormais et continue d'explorer la part sombre présente dans son regard et son front inquiets. Une petite Olivia Cooke (inconnue de mes services) lui donne la réplique et ne se contente pas d'être absolument ravissante. Autour d'eux des adultes confirmés tels Ben Mendelsohn dans le rôle du très vilain (déjà génial Georges VI dans les Heures sombres) ou Mark Rylance (déjà présent et génial chez Spielberg) qui souffre ici avec douceur et intensité. Peut-on le considérer, pour faire un raccourci rapide puisqu'il est toujours de bon ton de dire que Spielberg reste un grand enfant, comme le double ou l'avatar de Spielberg lui-même tant il refuse ou plutôt se montre incapable de quitter l'enfance ? A ce titre une des scènes finales est vraiment belle et incroyable... se retrouver en présence de soi-même enfant !!! (coucou Sophie Fillières...).
On salue donc sans conditions le génie de Spielberg qui sait comme personne mêler l'intime et le spectaculaire. Réaliser un film humain et généreux et l'intégrer harmonieusement dans un grand barnum virtuel sans oublier bien sûr l'émotion et l'humour.
Mais là où le réalisateur nous cueille avec malice et délice, et un grand frémissement palpable, euphorique et reconnaissant a parcouru la salle... c'est lorsqu'il réalise le rêve de tout cinéphile. Faire entrer son film et le spectateur gourmand dans un film culte de 1980. La scène est suffisamment longue pour qu'on prenne un plaisir colossal. Je ne vous en dis pas plus.
Une de mes scènes favorites, celle où Artemis (car la fille est bien futée ici) invite à danser la femme qui a hanté la vie faite de regrets de James Halliday qui n'a jamais osé l'embrasser... tendre et émouvant !
Spielberg est inspiré et généreux.
On dit merci.
Commentaires
'2045. Le monde est au bord du chaos' !
En 2018 aussi à priori :(
Je passe .....
Je peux t'assurer que comparé à 2045... on est encore loin du KO.
En gros, après 1972, y'a quoi qui t'attire au cinéma :-) ?
1973 ...... :-)
C'est vrai que c'était une super année.
American graffiti
L'arnaque
L'exorciste
La nuit américaine
L'affaire dominici...
The Laughing Policeman, Les Copains d'Eddie Coyle, Electra Glide in Blue, Emperor Of The North Pole, The Way We Were, Mean Streets, Soylent Green ou Serpico ......
Bref à quelques rares exceptions, les scénaristes ou supposés tels d'aujourd'hui sont à la ramasse.
Mon dernier 'exploit' J'ai dormi durant Phantom Thread .... :-)
Irrécupérable, je suis.
Ah oui on ne peut rien pour toi et ton cinéma est americano américain... En regardant vite et sans chercher, je ne connais que Serpico et Mean Streets dans ta liste sans doute parce qu'il y avait du beau gosse Inside. Oui il faut bien un critère pour choisir les films !
Avec Spielby tu ne t'endormirais pas :-)
Cool je vais tenter d'y aller ton avis est trop bien et puis Tye Sheridan m'avait tellement subjugué dans Mud ♥
Bon WE Pascale ;-)
Bisous
Règle numéro 1 : ne pas écouter Ronnie (Mister c'etait mieux avant) :-)
Aaaah Mud.
Bon week end à toi.
Une avalanche d'effets visuels, mais j'ai beaucoup aimé.
Le pop corn movie que j'étais venu voir. Ce Spielberg, quand même !!!
Oui c'est parfois too much, mais on comprend bien l'intention :-)
Il est incroyable. Le même réalisateur que Pentagon Papers ou le Pont des espions...
Pour moi, la vision du dernier Spielberg va devoir attendre une semaine, le temps que le CGR de Rodez se décide à programmer le film en 2D... seule la 3D étant proposée en première semaine (comme pour "Black Panther"... mais là ce n'était pas gênant, puisque je n'avais pas l'intention de voir le film). Quand le tiroir-caisse prend le dessus sur la cinéphilie...
Je n'ai même pas vu qu'il était proposé en 3D. Tu as raison c'est insupportable... ces images déformées et assombries.
Pas question que je m’abîme les yeux devant cette monstrueuse parade de références. Vu ton enthousiasme j’essaierai peut-être la version plate si on la propose dans mon périmètre.
Et j’attends toujours que le Christian Bale à moustache traverse mes mes plaines éloignées...
Monstrueuse parade ? Jai dû mal m'exprimer.
Je parle bien à celui qui s'est abîmé les yeux devant Black panther ou qui prend son pied devant Hellraiser ? :-)))
Quant à Christian... ce serait étonnant que le film sorte dans ta contrée si ce n'est fait :-('
J'assume la divine torture d'Hellraiser, mais je me suis bien gardé d'aller voir la panthère en 3D.
Quand je dis "monstrueuse", c'est bien dans le sens où Spielberg "montre" beaucoup. Et venant d'un tel patron de cinéma, je ne doute pas que le spectacle est de haute volée.
Tu peux assumer. J'ai bien revu un bout de Sissi récemment #memepashonte.
Je l'ai vu à plat le spielby. La 3D ne passe pas par moi.
Mais la panthère... je gacherai pas une seconde de mon temps à en écrire une ligne. Ah la scène de bagarre auprès du ravin !!! Elle résume la grande qualité du film. Manquait que l'écran bleu (ou vert). :-)))
Montre et monstre... c'est la même racine ???
Nous reparlerons de Spielberg quand tu l'auras vu. Mais avec les a priori tu risques d'être déçu. Dommage.
Ah, cette scène liée à ce "film des années 1980". :) Elle vaut le détour à seule. Pour le reste, pas le film bardé de références que l'on pouvait craindre ; c'est plus personnel que prévu. Dommage qu'esthétiquement, le film ne soit pas à la hauteur de son ambition thématique. Mais ça reste à voir.
Bien sûr que c'est à voir.
Et le frisson de plaisir quand on plonge dans le film :-)
Je vais essayer de revenir (même si j'ai pas mal de billets à la bourre ahahaha) sur ce film sur mon blog qui fait débat. J'ai trouvé le spectacle plutôt plaisant (même si la 3e partie s'éternise pour moi), y a certainement un propos intéressant autour de Spielberg même face à l'industrie du cinéma et du divertissement en général, c'est indéniablement bien mis en scène. Mais j'ai pas du tout adhéré au discours final, vraiment je tique, et je suis un peu sceptique sur la multitude de références, même si ce n'est pas ça qui me gêne le plus étonnament.
Fort de ton article louangeur, je me suis finalement décidé pour jouer la partie. ça a la pêche, mais... ça fait pas un peu catalogue tout de même ?
Pas du tout. ça fait film !