CROC BLANC
d'Alexandre Espigares ***
Avec Raphaël Personnaz, Virginie Efira, Domique Pinon
Synopsis : Croc-Blanc est un fier et courageux chien-loup. Après avoir grandi dans les espaces enneigés et hostiles du Grand Nord, il est recueilli par Castor Gris et sa tribu indienne.
Mais la méchanceté des hommes oblige Castor-Gris à céder l’animal à un homme cruel et malveillant, le mal nommé Beauty Smith. Sauvé par un couple juste et bon, William et Maggie Croc-Blanc apprendra à maîtriser son instinct sauvage et devenir leur ami.
Je n'ai hélas pas lu le roman de Jack London et des adaptations cinématographiques, je ne connais que celle de Randal Kleiser avec Ethan Hawke. Cette version animée est en tout point magnifique et passionnante. En ne prenant ni les spectateurs ni les enfants pour des idiots, le réalisateur réussit un film où rien n'est éludé de la violence et de la bêtise des hommes tout en réussissant le pari de le rendre accessible et absolument visible aux plus petits. N'écoutez donc pas ceux qui prétendent que le film est réservé aux plus de 8 ans. Je vous garantis que non et que mon accompagnant de 4 ans et demi a parfaitement tout compris et grandement apprécié les aventures et mésaventures du chien loup.
Même le montage est intelligent. L'histoire commence alors que Croc Blanc est contraint par l'infâme Beauty Smith à participer à des combats publics contre des chiens hargneux rendus fous furieux par leurs maîtres. On distingue nettement les crocs et l'agressivité des bestioles mais les combats se déroulent hors champs. Et puis, flash-back, on retrouve Croc Blanc tout bébé qui découvre auprès de sa maman son environnement hostile des montagnes. Ce serait un peu comme lorsque Bambi apprend la vie avec Panpan mais en moins édulcoré. Ici la survie est un travail de tous les instants.
Nous ne sommes pas chez Tonton Disney, remercions donc Alexandre Espigares de ne pas céder à l'anthropomorphisme et aux chansons. Les animaux ne parlent pas. Ils sont suffisamment expressifs pour qu'on comprenne la moindre de leur pensée et les personnages ne se mettent pas brusquement à hululer des chansons explicites.
Croc Blanc connaîtra des propriétaires successifs. D'abord Castor Gris, un indien sédentaire qui vit au bord d'une rivière avec sa famille et contraint de racheter aux "blancs" la terre que sa famille occupe depuis plusieurs générations. Le racisme et l'ostracisme dont il sont l'objet est le centre d'une belle scène qui évoque le cauchemar quotidien des indiens à la fin du XIXème siècle. Ensuite il sera recueilli par William et sa femme qui occupent une ferme isolée. Un vrai western. Le couple est impeccablement doublé par Virginie Efira et Raphaël Personaz, ce qui ajoute encore un supplément d'âme à l'histoire et à la façon dont elle contée.
Les images, les dessins, le graphisme, les lumières, les tons, les couleurs, tout est sublime dans ce film qui passionne petits et grands jusqu'à un beau final qui paraît-il s'éloigne de celui du roman mais particulièrement intelligent.
Pas un temps mort, aucune mièvrerie, de beaux personnages et un chien loup craquant. Foncez.