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LES AUTRES FILMS D'AVRIL (2) **(*)

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DANS LA BRUME de Daniel Roby **(*)

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Avec Romain Duris, Olga Kurylenko

Synopsis : Le jour où une étrange brume mortelle submerge Paris, des survivants trouvent refuge dans les derniers étages des immeubles et sur les toits de la capitale. Sans informations, sans électricité, sans eau ni nourriture, une petite famille tente de survivre à cette catastrophe... Mais les heures passent et un constat s'impose : les secours ne viendront pas et il faudra, pour espérer s’en sortir, tenter sa chance dans la brume...

En dépassant les invraisemblances (dès que l'on se trouve au-dessus de la brume elle n'est plus toxique...), j'ai réussi à passer un bon moment face à ce survival (genre que j'apprécie énormément) où des gens ordinaires se trouvent placer sans préavis face à une situation extraordinaire et forcément à des décisions et actes inédits.

L'originalité de la famille tient au fait que leur fille atteinte d'une maladie rare, vit dans un caisson qui ne se trouve pas au même étage que celui où ils ont dû se réfugier. La brume ne dépasse pas le 6ème étage. A intervalle régulier les parents sont donc contraints de venir changer la grosse batterie de l'engin où la petite vit enfermée depuis son plus jeune âge.

Oui c'est de la SF pure, mais ça se passe à Paris et le réalisateur a le bon goût de situer son action dans un quartier où l'on ne voit nulle tour en verre. La vue sur les toits de Paris est magnifique et au loin la Butte Montmartre où se sont réfugiés les survivants fait office de refuge où il semble que rapidement la cohabitation tourne à l'émeute. L'humain est tellement prévisible. Mais on n'aperçoit l'agitation que de loin du haut du toit où parfois le père se rend pour tenter d'évaluer la situation.

Avec une absence d'effets spéciaux et sans doute de moyens qui ne se voit pas, le réalisateur parvient à combiner action, angoisse et belles images. L'épilogue qui m'a effleurée au cours du film (je suis tellement fière quand ça m'arrive d'anticiper) est vraiment pas mal du tout et assez surprenant.

Les acteurs sont très bien.

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PLACE PUBLIQUE d'Agnès Jaoui **(*)

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Avec : Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri, Léa Drucker, Nina Meurisse, Kévin Azaïs

Synopsis : Castro, autrefois star du petit écran, est à présent un animateur sur le déclin. Aujourd'hui, son chauffeur, Manu, le conduit à la pendaison de crémaillère de sa productrice et amie de longue date, Nathalie, qui a emménagé dans une belle maison près de Paris. Hélène, sœur de Nathalie et ex-femme de Castro, est elle aussi invitée. Quand ils étaient jeunes, ils partageaient les mêmes idéaux mais le succès a converti Castro au pragmatisme (ou plutôt au cynisme) tandis qu'Hélène est restée fidèle à ses convictions. Leur fille, Nina, qui a écrit un livre librement inspiré de la vie de ses parents, se joint à eux. Alors que Castro assiste, impuissant, à la chute inexorable de son audimat, Hélène tente désespérément d'imposer dans son émission une réfugiée afghane. Pendant ce temps, la fête bat son plein...

Le duo irrésistible Bacri/Jaoui joue de ses antagonismes et de sa complémentarité. Lui cynique, revenu de tout, elle généreuse et encore naïve. Ils maîtrisent à merveille la partition qu'ils se sont écrits et cela fonctionne bien. Même si je dois admettre une nette préférence à Jean-Pierre Bacri qui devient touchant à force de cynisme parfois. Il parle souvent avant de réfléchir. Ce qu'il dit n'est pas forcément faux, sur la vieillesse, le jeunisme mais peut aussi blesser. Forcément à l'écran ça fait rire ou sourire car le grincheux le plus célèbre de France s'en donne à cœur sans craindre jamais le ridicule ou de frôler la bêtise et la méchanceté. Mais lorsqu'il évoque la vieillesse, la perte des idéaux, c'est particulièrement bien observé et Bacri est émouvant.

La satire contre le monde des apparences, le parisianisme, la course à la célébrité représentée ici par un jeune homme en jogging sans talent particulier mais qui a réussi à obtenir des millions de "vu" sur YouTube ou Facebook n'est pas très féroce mais bien vue. Le règne du smartphone est omniprésent. Et même si les films où l'action progresse grâce au téléphone me sont devenus insupportables à force de paresse scénaristique, je dois admettre qu'il est normal qu'il soit ici au centre de "l'action".

Une multitude d'histoires annexes viennent se greffer à celles des personnages principaux. Cela rend le film parfois inégal mais jamais ennuyeux ni inintéressant parce que les dialogues et la direction d'acteurs sont épatants.

Dites-moi si vous ressentez la même chose mais j'ai l'impression que Kévin Azaïs dans un rôle important mais pas central, capture le film dès qu'il paraît à l'écran. Assis sur une chaise, il a un  charisme fou.

Après une scène d'ouverture intrigante qui trouvera son explication à la fin, j'ai trouvé la seconde scène vraiment magnifique. Bacri et Azaïs qui joue son chauffeur sont appuyés sur la voiture de Bacri et entament une petite chorégraphie super.

Et le générique de fin est un petit bijou dont j'ai presque envie de vous dire qu'il vaut à lui seul le déplacement pour ce film. Bacri y révèle un talent que je ne connaissais pas... et paf, en plein cœur !

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KINGS de Deniz Gamze Ergüven **

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Avec Halle Berry, Daniel Craig, Kaalan Walker, Rachel Hilson

Synopsis : 1992, dans un quartier populaire de Los Angeles. Millie s’occupe de sa famille et d’enfants qu’elle accueille en attendant leur adoption. Avec amour, elle s’efforce de leur apporter des valeurs et un minimum de confort dans un quotidien parfois difficile. A la télévision, le procès Rodney King bat son plein. Lorsque les émeutes éclatent, Millie va tout faire pour protéger les siens et le fragile équilibre de sa famille.

Après son magnifique Mustang, la jeune réalisatrice a beaucoup de choses à dire et à faire entendre, de révolte aussi. Sauf qu'elle ne semble pas très bien quelle direction doit prendre son film. Quasi documentaire parfois (les télés sont allumées en permanence et la vidéo du tabassage de Rodney King (alors que les portables n'avaient pas encore envahi le monde) par la police tourne en boucle), elle hésite entre drame et comédie et doit en prime s'occuper de son couple de stars qui se dépense sans compter certes (merci de déshabiller Daniel Craig au passage) mais dont la rencontre ne tient pas la route. Ils se détestent et se méprisent même pas cordialement et tombent sous le charme l'un de l'autre l'instant d'après.

Evidemment la scène où ils sont menottés à un lampadaire est vraiment plaisante mais nous sommes en plein milieu d'un drame insensé et c'est pile à ce moment qu'elle tente de nous faire rire. Des enfants sont seuls dans une voiture et réussissent à la faire démarrer... des ados ont été pris dans une émeute et une stupide histoire de jalousie en a poussé un à poignarder l'autre... et pendant ce temps Cat Woman et 007 essaient en retirant leur pantalon de se débarrasser du lampadaire !!!

Dans le match Halle Berry/Daniel Craig, Daniel Craig sort vainqueur. Il est convainquant et épatant tout le temps malgré l'incongruité de certaines scènes. Tandis qu'Halle Berry, même si elle est une machine à bisous pour sa nombreuse marmaille (je n'ai pas réussi à compter), on n'y croit pas une seconde. Elle a beau arborer une coiffure afro, en femme du peuple au bord de la misère, on n'y croit pas. Tout comme on ne voit aucune crainte dans son regard ou son attitude lorsqu'elle est obligée de protéger sa progéniture en les cachant sous une table alors que dehors ça canarde. Car vous l'aurez compris ce drame se situe pendant les émeutes qui suivirent l'acquittement des policiers alors que les preuves de leur comportement sont évidentes. Mais un avocat en arrive presqu'à prouver que c'est Rodney King (dont j'ai lu le triste destin ensuite...) lui-même qui s'est jeté sur la matraque...

Malgré une scène de grande tension lors d'une nuit d'émeute, on reste vraiment sur sa fin et ses émotions alors que la puissance du thème aurait dû nous mettre KO comme le laissait supposer la première scène qui démontre que le racisme à Los Angeles concerne les "communautés" (je déteste ce mot) noires et asiatiques.

Dommage que la réalisatrice s'éparpille parce que lorsqu'elle s'attache aux basques des ados (comme dans Mustang finalement) elle marque des points. D'autant qu'elle a trouvé en Rachel Hilson une petite bombe irrésistible.

Néanmoins le film est parfois rageur et toujours sincère mais...

Commentaires

  • Je vais voir "Place publique" ce week-end, je te dirai .. J'aimerais bien voir Kings aussi, malgré les défauts que tu pointes.

  • Je vais essayer de rattraper "Dans la brume".
    Dis donc, c'est moi ou ça fait longtemps qu'on avait pas vu Romain Duris ?

  • Ah mais oui en effet. Je trouve qu'il change. Même sa voix. Ce n'est plus un gamin. Très crédible dans le rôle d'un père d'une ado.

  • Bonjour Pascale, pour une fois, j'ai aimé un film du tandem Bacri-Jaoui. J'ai passé un excellent moment et oui, Kevin Azaïs est bien mais tous les autres aussi. Un régal. Bonne après-midi.

  • Bonjour Dasola, C'est vrai qu'il est différent des autres et que la direction d'acteurs est excellent. Kévin je l'aime :-)

  • Tu ne devrais pas être déçue alors. Ils sont en forme.

  • Aaahh, les tatouages de Daniel Craig qui apportent un certain esthétisme et charme à l'ambiance malsaine de haine et de rage qui règne dans les rues de Los Angeles.
    Un bon film, ce Kings, intéressant mais pas mémorable non plus.
    Un bon moment, grâce aussi à Daniel Craig toujours aussi bon avec ou sans costumes de l'agent secret - d'ailleurs, j'ai cru comprendre que tu le préférais sans costume du tout ! :-)

  • Je n'aime pas les tatouages en général SAUF sur Angelina Jolie.
    Quant à Daniel Craig, disons qu'un rien l'habille mais que rien sur lui est parfois trop.
    Je le revois sortir de l'eau dans Casino Royale... 0-0
    Ursula peut aller se rhabiller si je puis dire.

  • J'ai vu "place publique" et j'ai passé un très bon moment avec tout ce microscome hétéroclite. Ça part un peu dans tous les sens, mais ce n'est pas gênant. Je suis d'accord pour Kevin Azaïs, il a une présence forte. J'ai adoré la séquence de fin, avec un Castro qui rachète un peu son cynisme précédent. Je l'ai trouvé méchant Castro par moment, mais plus par peur de la vieillesse que par tempérament profond. Beaucoup de notations justes par ci par là sur le monde du spectacle et les idéaux perdus. Et Léa Drucker elle est souvent très bien cette fille.

  • Oui on passe un bon moment.
    Castro peut paraître mechant mais je trouve qu'il dit des choses assez justes. Cest sa façon de dire les choses qui le rend souvent blessant et un peu trop expéditif.
    Ah on est daccord poyr Kevin.
    Léa Drucker est toujours très bien mais n'a pas encore décroché LE grand rôle.

  • Concernant l'épilogue de "Dans la brume", je trouve la pirouette un peu facile. C'est poétique, mais cela laisse beaucoup de choses en suspens. Du coup, alors que le film m'avait vraiment plu, je suis sorti un peu déçu.

    Je ne sais pas si c'est prévu au programme, mais ce long-métrage ferait un très bon pilote de mini-série télévisée.

  • Oui facile et on s'y attend un peu/beaucoup, mais ça m'a plu cette fin.
    Pour l'histoire du pilote et de la série, je suis toujours la dernière informée de ce genre d'évènements.

  • Je me suis rendu en "Place Publique" et je suis ravi de me conformer à ton avis. Azaïs est pas mal sur sa chaise en effet, quant à Léa, elle est à nouveau formidable. Rien de neuf chez les Bacri-Jaoui, juste une remise à jour du "goût des autres" façon "cuisine et dépendances". Mais comme ils sont très bons dans ce registre d'écriture, ça fonctionne. D'autant que madame montre un certain talent agile et altmanien à se faufiler de groupe en groupe pour en capter les conversations. Bien meilleur que son "parlez-moi de la pluie" qui m'avait exaspéré au plus haut point.

  • En général ils soignent tout les Jabac, les acteurs et les dialogues. Ici c'est inégal mais savoureux. Et puis Bacri qui danse puis qui chante... Bravo.
    Azaïs est irrésistible.

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