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LES ANGES PORTENT DU BLANC

de Vivian Qu ***

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Wen Qi, Zhou Meijun, Peng Jing

Synopsis : Dans une modeste station balnéaire, deux collégiennes sont agressées par un homme d’âge mûr dans un motel. Mia, l’adolescente qui travaillait à la réception est la seule témoin. Elle ne dit rien par crainte de perdre son emploi. Par ailleurs, Wen, l’une des victimes, 12 ans, comprend que ses problèmes ne font que commencer…

Que des hommes puissent être attirés sexuellement par des petites filles de 12 ans, qui ici en paraissent 8 avec leur petit costume d'écolière, me fait et me fera toujours gerber.

Le film parle en gros de la condition féminine en Chine et franchement ça ne fait pas rêver. Mais il se focalise en partie sur ce qu'on peut appeler la double peine infligée aux deux petites victimes. Malgré les examens médicaux qui ne laissent aucun doute sur ce qu'elles ont vécu (on voit le regard effaré des médecins qui défilent devant elles, jambes écartées) ces deux petites filles ne savent pas encore qu'elles peuvent hurler le drame qu'elles ont vécu et balancer leur porc. Les adultes autour d'elles ne valent pas beaucoup mieux que l'auteur de ce crime. Même les parents cherchent à les faire taire et se laisseront facilement convaincre par quelques billets. La mère de l'une d'elle parlera même de provocation. Forcément, une fille qui se fait violer a forcément provoquer l'ordure ! Et la seule témoin de la scène, celle qui a vu entrer l'homme dans la chambre alors que les petits essayaient de le repousser, et a filmé la scène, ne peut parler car elle est sans papier et risquerait gros.

Les femmes réagissent à peine aux humiliations qu'on leur inflige. Lorsque le patron de l'hôtel où le forfait a eu lieu s'en prend à ses deux employées, il les fait mettre à genoux et les arrose au jet d'eau. Elles ne réagissent pas, attendant que ça cesse. La scène est effrayante. Elles se relèvent comme s'il ne s'était rien passé. Les hommes ici, du plus jeune au plus vieux, de l'instit', au père, au flic, aux jeunes qui zonent dans les parages (encore plus répugnants que les autres) ne sont pas bien reluisants. A l'exception d'un seul. Celui dont on ne s'attend pas du tout à sa réaction d'empathie voire de révolte.

Malgré toutes ces horreurs, la réalisatrice ne s'apesantit pas sur les effets mélodramatiques et ne cherche pas à nous tirer les larmes. Elle démontre et nous laisse observer. Et pendant ce temps sur la plage, en arrière plan, des couples en tenue de mariés se prennent en photos et multiplient les poses ridicules qui témoigneront d'une parodie de bonheur.

Le film est triste et révoltant. Et régulièrement on s'approche d'une statue gigantesque de Marilyn dans sa robe de mousseline blanche qu'elle portait dans 7 ans de réflexion, statue qu'on déboulonne. Etrange symbole de féminisme.

L'explication du titre par la réalisatrice : "Dans la ville côtière du sud où je voulais situer mon histoire, les plages étaient bondées tous les jours de jeunes mariés, posant avec extravagance pour leurs photos de mariage. C'est une coutume locale en vogue. Les mariées, vêtues d’une robe de mariée souvent sale et louée, semblaient heureuses. Elles étaient sûres que les taches sur leurs robes pourraient être facilement enlevées par une retouche numérique et qu'elles auraient une robe immaculée sur la photo qu’elles conserveraient pour toujours. Depuis les temps anciens, nous associons la couleur blanche à la pureté. Dans la société actuelle où tout peut être banalisé, nous n'avons pas encore réexaminé le sens de la pureté. Les Anges portent du blanc est donc une hypothèse, une interrogation sur les temps passés, présents et futurs."

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