LES AUTRES FILMS DE MAI 2018
ou l'enfance maltraitée...
GUEULE D'ANGE de Vanessa Filho ***
Avec Marion Cotillard, Ayline Aksoy-Etaix, Alban Lenoir
Synopsis : Une jeune femme vit seule avec sa fille de huit ans. Une nuit, après une rencontre en boîte de nuit, la mère décide de partir, laissant son enfant livrée à elle-même.
Je pensais avoir vu le film le plus triste de l'année. C'était compter sans Vanessa Filho, Marion Cotillard et Ayline Aksoy-Etaix.
Marlène est une mère irresponsable, immature, alcoolique, victime de son physique de bimbo pas farouche. Elle commet une bêtise énorme le jour même où elle tente de "refaire sa vie" en épousant un gentil garçon dont la famille est pourtant consternée par la vulgarité de l'heureuse élue.
Elli, 8 ans assiste impuissante au spectacle de sa mère sans emploi, affalée et s'abrutissant dans son canapé devant des émissions de téléréalité affligeantes, toujours une bouteille à portée de main. Le frigo est vide, Elli termine les verres et les bouteilles, se maquille, se fait malmener à l'école par les gosses qui peuvent se montrer tellement cruels à cet âge et notamment par une gamine d'une laideur et d'une bêtise hors du commun.
Et puis, Marlène disparaît sans prévenir. Elle met sa fille dans un taxi pour suivre un bellâtre sans plus de cervelle qu'elle et laisse sur le répondeur des messages remplis d'amour pour sa fille qui se débrouille comme elle peut.
Ce film, le destin de ces deux gueules d'amour, sont un crève cœur. Plusieurs fois, je me suis demandée quand le cauchemar d'Elli prendrait fin.
Et puis elle croise la route d'un ange gardien au cœur fragile. Alban Lenoir dans ce rôle est magnifique.
Il est ici question de maltraitance sur enfants, de l'alcoolisme d'une petite fille mineure abandonnée à elle-même, de l'égarement d'une mère irresponsable qui appelle au secours sans qu'on l'entende jamais. Certaines scènes sont d'une force incroyable. Marlène, soudain pleine de bonne volonté incapable d'entrer dans une agence de Pôle Emploi. Elli qui supplie qu'on l'aime. Vous l'avez compris, ce film est totalement inconfortable et parfois difficile à supporter.
Des facilités de scenario n'empêchent pas de s'accrocher au parcours inquiétant de Marlène et Elli. J'ai trouvé Marion Cotillard comme toujours exceptionnelle et la petite Ayline Aksoy-Etaix incroyable, capable de porter la plus grande partie du film sur ses petites épaules.
Allez-y en sachant à quelle épreuve vous attendre...
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MON KET de François Damiens **(*)
Avec François Damiens, Matteo Salamone,Tatiana Rojo
Synopsis : Dany Versavel a un souci avec son fils : à 15 ans, Sullivan ne veut plus d’un père qui fait le king derrière les barreaux. Pour Dany, son « ket », c’est sa vie, hors de question de le laisser filer. Il décide donc de s’évader de prison prématurément ! Entre cavales, magouilles et petits bonheurs, il a tant de choses à lui enseigner. Un apprentissage à son image. Au pied de biche, sans pudeur ni retenue. Mais là où l’on pouvait craindre le pire, se cache peut être le meilleur…
Je pense que pour voir ce film il faut être fan de François Damiens et surtout de ses caméras cachées.
Ce que je suis.
Il se trouve aussi que j'avais aujourd'hui un grand besoin de décompression et une envie terrible de rire sans me poser trop de questions...
On sent nettement la fille qui n'assume pas et tente de se trouver les bonnes raisons d'être allée voir ce Ket alors qu'elle rêve de se Lost in la Mancha, non ? Tant pis, je vais essayer d'assumer. Mais je dois avouer que j'ai été un peu déçue, espérant rire davantage.
François Damiens reprend la formule de ses caméras cachées complétement déjantées où il pousse le bouchon tellement loin qu'on se demande parfois comment les gens se laissent piéger. Il s'agit donc d'une succession de sketches mais il a néanmoins réussi l'exploit d'écrire un scenario, une histoire qui se tiennent à peu près, entre un père taulard qui s'évade et son fils qu'il récupère à la sortie de l'école et à qui il entend faire profiter de son expérience de la vie.
C'est totalement barré mais ce que je ne savais pas c'est qu'à part le père, son parrain et le fils, tous les "acteurs" sont des personnes piégées à l'insu de leur plein gré et qui ont accepté ensuite de figurer dans ce film complètement débile. C'est parfois courageux.
On sait que François Damiens peut être un crétin idéal qui n'a peur de rien ni de personne. Mais ce qui m'étonne toujours c'est la patience et la gentillesse de la plupart des personnes piégées. Tous ces personnages dessinent une belle galerie de portraits qui va du gardien de prison d'une bienveillance exceptionnelle, au banquier, au gardien de parking poli et prêt à risquer sa vie pour empêcher un mal embouché de quitter le parking sans payer, en passant par le chirurgien esthétique, l'avocate ou la cliente d'un buraliste choquée qu'un père apprenne son fils à fumer : "mais c'est normal qu'il tousse, il n'est pas encore dépendant..."
C'est totalement barré. François Damiens pousse parfois le bouchon très très loin mais ce qui surprend par dessus tout c'est la gentillesse des gens ou la prétention incroyable d'une femme artiste qui se trouve trop raffinée pour se laisser draguer par un type au look trop paysan pour elle : "il n'y a pas quelques livres, il y a toute une bibliothèque entre nous !".
Je n'ai pas hurlé de rire mais j'ai pensé souvent "chapeau !" car François Damiens qui s'est composé un look improbable entre Depardieu et Johnny Halliday ne recule devant rien, jamais, au risque de mettre mal à l'aise parfois.
Commentaires
Ils ne me tentent ni l'un, ni l'autre, trop glauque pour le premier et les caméras cachées, ça me met d'avance très mal à l'aise (et pourtant j'aime beaucoup François Damien, mais seulement dans des rôles de fiction).
Le 1er est vraiment dur. Et le second est tout a fait dans l'esprit que tu imagines...les 2 parlent d'enfants en souffrance... il y a plus distrayant...
Bonjour Pascale, je suis désolée mais non, je n'ai pas envie de voir ce genre de film et sortir déprimée de la projection. J'ignorais que le film de Damiens était triste. Je passe. Bonne journée.
Bonjour Dasola. Le film de Damiens n'est pas triste, il est même drôle mais il faut apprécier les caméras cachées. Mais son "fils" n'est pas dans un contexte idéal avec ce père qui lui apprend à fumer, souhaite le retirer de l'école et l'implique dans ses magouilles... rien de sérieux ici.