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PARANOÏA

de Steven Soderbergh **

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Avec Claire Foy, Joshua Leonard, Amy Irving

Synopsis : Une jeune femme, convaincue d’être harcelée, est enfermée contre son gré dans une institution psychiatrique. Alors même qu’elle tente de convaincre tout le monde qu’elle est en danger, elle commence à se demander si sa peur est fondée ou le fruit de son imagination …

Il paraît que le film réalisé et monté en un temps record a été filmé à l'IPhone. Je craignais une image cracra ou cahotique. Il n'en est rien. Steven sait donc manier un téléphone. Halleluyah. Visuellement, rien de choquant, c'est davantage au niveau du scenario que ça manque un peu/beaucoup de consistance et il faut pas mal d'indulgence pour adhérer à ce que l'on nous raconte. L'histoire a dû elle, être écrite à la hâte et cela se sent.

Les premières scènes où l'on découvre le personnage de Sawyer Valentini (quel nom, quel prénom !) ressemblent à des caméras cachées ou des vidéos amateurs qui donnent l'impression que la jeune femme est suivie, traquée, surveillée. Mais pas d'images tremblées ou floues pour autant. Seule l'impression de traque est évidente.

Pour s'être confiée un peu trop librement à une psy  compréhensive qui décèle dans son discours des risques potentiels (le grand "truc" psy : "vous êtes un danger pour vous et pour les autres"), la pauvre Sawyer, qui semblait jusque là être une personne à l'intellect solide, signe à son insu un document d'internement volontaire. On ne croit pas trop à cette scène où elle aurait mille occasions de s'échapper. Elle se laisse dépouiller de ses affaires et de ses vêtements sans pratiquement broncher. Plus tard, alors qu'elle aura réussi à joindre sa mère, il lui sera accordé une visite de 20 mn et là encore, on se demande comment les deux femmes font pour ne pas sortir de là en courant.

Evidemment, si Sawyer s'échappe, il n'y a pas de film, on est d'accord. Mais on a du mal à croire que tous les patients hommes et femmes soient enfermés la nuit dans une seule et même chambre sans surveillance. Tout comme à  la frêle patiente contre son presque gré qui se transforme instantanément en combattante, ne craignant pas les attaques verbales ou physiques de ses co-chambristes, tournant bravement le dos à leurs menaces. Evidemment, l'internement qui ne devait durer que quelques heures pour observation, se transforme en plusieurs jours et s'éternise puisque la jeune femme s'agite de plus en plus donnant raison aux toubibs qui la pensent dangereuse. Mais Sawyer en est persuadée et le répète, le type qui l'a harcelée pendant des mois, responsable de son trouble actuel, s'est fait embaucher comme infirmier très dévoué dans l'hôpital. Plus elle le clame, moins elle est crue et le personnel toujours armé d'une seringue la calme sans autre forme de procès.

Le doute néanmoins s'installe. Le personnel ne semble pas très empathique et même putôt inquiétant. Et ce n'est pas la blonde et lisse directrice au discours sirupeux qui peut rassurer. Et puis, Sawyer est-elle vraiment instable psychologiquement au point d'avoir des hallucinations ou le gentil infirmier est-il le psychopathe dont elle parle ? Lorsque l'on sait, on est déçu et l'histoire prend un virage grand guignolesque très insatisfaisant.

Il paraît que Claire Foy que je découvre, a fait des merveilles dans une série récente que je ne connais pas (The Crown). Ici encore elle est excellente et porte seule ce film avec fragilité et énergie.

On sait Steven Soderbergh capable de grands écarts dans sa production. Je l'ai préféré dans cette folie déjantée. Cette fois, on peut voir le film pour se faire peur et sursauter.

Commentaires

  • Autant qu'un film de genre, c'est une oeuvre expérimentale, à prendre comme telle. Au niveau du scénario, j'ai trouvé astucieux le mélange d'escroquerie à la Sécu, de harcèlement et de paranoïa. C'est une petite friandise d'été.

  • Mouais... de petites anecdotes bâclées (la sécu) et une technique pour cacher du vide. Peut mieux faire pour épater voire convaincre.
    Comme sucrerie je préfère la fourmi.

  • Il m'a manqué aussi quelque chose... Peut-être pour moi un peu trop bavard, j'attendais certainement plus de rythme ou de tension.
    Et puis le coup de faire un film avec un i-phone... je ne vois pas trop l'intérêt, si au moins cela se voyait ou cela apportait quelque chose de plus....

    Je n'ai pas vu The Crown, non plus, donc je ne connaissais pas Claire Foy, dont le film repose presque uniquement sur ses épaules et sur sa tête, l'intérieur de son esprit, harcèlement ou paranoïa...

    Un film qui se laisse voir, mais qui ne restera pas pour moi, dans les bons crus de Soderbergh.

  • Absolument. Je lai appris par hasard le coup de l'Iphone. Il s'est sans doute amusé avec son joujou... tant mieux pour lui.
    Rien de honteux mais pas transcendant.

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