VIERGES
de Keren Ben Rafael **
Avec Joy Rieger, Evgenia Dodina, Michael Aloni, Manuel Eskalassi Lardi
Synopsis : À Kiryat Yam, petite station balnéaire au nord d’Israël, tout semble s’être arrêté. Lana, 16 ans, s’est jurée de lutter contre l’immobilisme et la résignation. Elle est loin d’imaginer que la rumeur d’une sirène va réveiller sa ville de sa torpeur et lui permettre enfin de vivre.
C'est l'été et la jeune Lana s'ennuie copieusement, d'autant que sa mère qui tient un bar déserté de tout client sur la plage, lui annonce qu'elle va devoir s'occuper de Tamar sa cousine de 8 ans (à vue de nez) orpheline de mère et qui s'installe chez elles pour quelque temps.
Lana est une ado ronchon comme les ados le sont à travers le monde. Je n'ai pas senti ce désir de lutte "contre l'immobilisme et la résignation" annoncé dans le synopsis. Le grand rêve de Lana est de se rendre à Tel Aviv pour sortir en boîte et perdre dare-dare sa virginité. On ne peut pas dire que ça la démarque particulièrement de l'ado rudimentaire. En attendant ce jour béni, elle provoque ses amis, 3 garçons de son âge encore mal dégrossis, lors d'un strip poker, se dispute constamment avec sa mère, en réaction à cette injustice sans doute, rabroue beaucoup la petite Tamar qui croit à l'histoire de sirène qui circule et tente de résister tout en provocant le beau Tchipi miraculeusement sorti de l'onde.
Quant à la réalisatrice, elle annonce : "J'aime bousculer le spectateur en alliant réalisme et fantaisie". Et bien j'aurais aimé être bousculée par la lutte de Lana et la fantaisie du film. Il n'en fut rien. Et même s'il est délicat de filmer l'ennui et l'abattement sans que le spectateur sombre lui-même dans la torpeur, je dois reconnaître que, malgré quelques beaux moments, ce film pas très sympathique ne m'a pas fait sauter au plafond de bonheur et que j'ai dû réprimer quelques bâillements.
Le quotidien sinistre des habitants de la petite ville est bien rendu. Les pêcheurs ne s'en sortent plus et le maire (un idiot, je ne m'attarde pas) a interrompu la construction de la promenade, faisant du café de la mère de Lana, jadis prospère, un no man's land où plus personne ne vient. Même si on ne comprend pas (enfin, moi ça m'exaspère) pourquoi cette femme, beauté lasse et sans illusion, passe constamment ses nerfs sur sa fille, c'est davantage sur son histoire (elle est russe) que j'aurais aimé m'attarder. Car malgré la belle prestation énervée et ronchon de la jeune Joy Rieger (Lana), je ne peux pas dire que cette énième chronique adolescente soit particulièrement intéressante.
Mais il y a de très jolies images aux tons pastels très esthétiques. La mer, c'est toujours magnifique, même et surtout lorsque ses plages sont désertées. Le plus troublant est que les personnages secondaires un peu délaissés et pourtant à l'importance fondamentale dans l'histoire, Tamar la petite fille (au physique étrange, toujours habillée en princesse) et Tchipi le beau journaliste, me semblent beaucoup plus intéressants et profonds. Lorsqu'ils sont à l'écran, on ne voit qu'eux et avec eux, la magie opère, par instants.
Je n'ai pas compris la fin. Est-elle inutilement, incompréhensiblement dramatique ou bizarrement onirique ?