de Dominic Cooke **(*)

Avec Saoirse Ronan, Billy Howle, Anne-Marie Duff, Emily Watson, Samuel West

Synopsis : 1962. Dans une Angleterre encore corsetée par des conventions sociales étouffantes, Florence et Edward, la petite vingtaine, viennent de se marier.

Aussi inexpérimentés l'un que l'autre, ils passent leur première nuit ensemble dans un hôtel guindé sous l'œil un rien moqueur du personnel. Totalement tétanisés à l'idée de faire le moindre faux-pas, ils se souviennent, chacun, de leur rencontre. Florence, brillante violoniste élevée dans une famille fortunée et conservatrice, était tombée sous le charme d'Edward, aspirant écrivain issu d'un milieu plus modeste…

Ils m'ont fait de la peine ces deux tourtereaux. Physiquement, intellectuellement ils s'accordent harmonieusement. Leur discussion de mélomanes musicologues sur la plage (elle est violoniste, il est passionné de jazz) est un régal. Ils gambadent, sautillent, éclatent de rire, se tiennent la main et s'embrassent chastement aussi souvent que possible. Rien ne semble pouvoir apporter d'ombre au tableau idéal.

La famille très simple d'Edward dont la mère souffre d'une maladie mentale qui la rend imprévisible et excentrique accepte Florence sans hésitation. Mais Florence, fondatrice d'un Quatuor à cordes, dont le regard s'échappe souvent vers le violoncelliste du groupe... entend bien faire accepter sa volonté, et y parvient.

La nuit de noces dans un Hôtel de la plage de galets de Chesil qui rend la promenade difficile, Florence chaussée de ballerines trébuche, s'annonce comme un fiasco. Les deux jeunes gens aussi maladroits qu'inexpérimentés n'y entendent rien aux choses de l'amour physique. Ils retardent comme ils peuvent le moment de se mettre au lit. Et chacun se souvient. Les flash-backs remontent le temps de la rencontre, du coup de foudre et diffèrent le moment fatidique.

Les choses se compliquent lorsque Florence terrifiée se montre révulsée de devoir supporter son bel amoureux affalé sur elle qui, comment dire... aboutit rapidement. Mais ai-je bien vu... le père de Florence la rejoignait-il dans sa chambre quand elle était plus jeune ? L'image est tellement fugace que je n'en ai pas la certitude.

Encore un film qui donne envie de lire un roman ; celui de Ian McEwan, paraît-il cruel, dont il est l'adaptation fidèle. La chronique de ce ratage annoncé est rendue très stressante à l'écran par le fait que le moment de passer au lit est toujours reporté. Passé ce moment pathétique, la réaction de Florence et Edward est totalement inattendue. Le film un peu sage mais qui évoque néanmoins la façon dont on peut avec application rater sa vie, n'atteint sans doute pas la puissance du roman. Mais les deux acteurs magnifiques parviennent à faire passer l'émotion avec beaucoup de nuances. Saoirse (dire toujours seur-cha... je ne parviens pas à retenir cette prononciation) Ronan confirme qu'elle est à l'aise et à sa place dans toutes les situations et Billy Howle (une révélation) parfois méconnaissable d'une scène à l'autre sont parfaits.

La dernière scène que les romantico-sentimentaux tels que moi attendent, anticipent, appréhendent est rendue bien belle par la force de conviction des deux acteurs même si, je suis d'accord avec la critique encartée, la maquilleuse a dû être bousculée par Monsieur Plus... qu'elle soit renvoyée.