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SOLLERS POINT - BALTIMORE de Matthew Porterfied ***

Avec Mccaul Lombardi, James Belushi, Zazie Beetz

Synopsis : Sollers Point, Baltimore. Aujourd’hui. Après une absence forcée, Keith, 24 ans, retourne habiter chez son père, il retrouve Sollers Point, son quartier de Baltimore de plus en plus marqué par le chômage, la violence et la ségrégation. Il y retrouve aussi ses démons.

On a déjà vu ce genre de film qui évoque la réinsertion dans un milieu qui n'y est pas favorable. Celui-ci a beaucoup d'atouts et le réalisateur ne résout rien, il constate. Il tourne autour de son héros dont on vient de retirer le bracelet électronique qui lui a fait faire du surplace chez lui pendant plusieurs mois. Il vit avec son père, un brave type pourtant mais qui ne manque jamais une occasion de rappeler la marginalité de son fils. Keith a l'air  aussi d'un brave gamin qui a fait des bêtises mais le passé ressurgit et la violence est toujours à fleur de peau. Dans une ambiance délétère de chômage, de déclassement social, de petits trafics de drogue et de racisme, Keith ne fait pas toujours les bons choix.

Il y a énormément de rebondissements, une tension permanente qui semble nous mener droit dans le mur et vers le drame. Keith est toujours en mouvement mais aussi toujours décalé. Il veut reprendre une formation mais se pointe avec 45 minutes de retard. Il veut pouvoir quitter l'Etat pour assister à la fête d'anniversaire de sa nièce ; là encore il n'est pas dans les délais pour faire sa demande. Son ancienne compagne résiste à ses tentatives de renouer. Il envisagerait bien une garde partagée du chien, mais va s'y prendre autrement pour arriver à ses fins. Keith semble plein de bonne volonté, il aime sa mamie qui lui conseille de reprendre des études, mais il est imprévisible et impétueux. Il est aussi en contact avec Le Marquis un ancien ami noir qui tente de le protéger, le seul qui va s'en sortir peut-être, grâce au rap.

McCaul Lombardi, de pratiquement tous les plans, est magnétique.

Sollers Point, est paraît-il un quartier à l'abandon de Baltimore, la ville dont le réalisateur est originaire, une enclave afro-américaine du sud-est de Baltimore. Pour le réalisateur, son film permet de s’intéresser à "une communauté abandonnée par l’industrie qui l’avait elle-même créée. J’espère ainsi pouvoir faire un film dont l’intimité n’aura d’égal que la force de ce contexte, et l’urgence qu’éprouvent ces gens à être réhabilités aux yeux du monde".

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EQUALIZER 2 d'Antoine Fuqua **

Avec Denzel Washington, Pedro Pascal, Bill Pullman, Melissa Leo

Synopsis : Robert McCall continue de servir la justice au nom des exploités et des opprimés. Mais jusqu’où est-il prêt à aller lorsque cela touche quelqu’un qu’il aime ?

J'ai prétendu que je n'avais jamais entendu parler d'Equalizer... En fait j'avais faux. J'ai même vu le premier épisode et j'étais déjà très friande de voir Denzel chalouper de dos. Voir ce type marcher est un spectacle ! Donc, je connaissais Robert McCall et je ne m'en souvenais plus. Pourtant ce n'est pas si ancien. Mais bon, c'est le genre de film parfaitement oubliable, même s'il n'a rien de déshonorant. 

Bob est toujours inconsolable de la perte de sa moitié je peux comprendre et il attaque le dernier des 100 livres qu'il faut avoir lus avant de mourir. Je suis assez fière contente, je n'ai pas encore compté, mais j'en ai lus un sacré paquet moi aussi. Mais pour défendre les opprimés, je ne suis pas armée.

Bob a jadis été agent de la CIA et il est devenu une sorte de chauffeur de taxi qui entre en empathie avec tous ses clients et ne supporte ni l'injustice ni qu'on fasse du mal à autrui. Dès qu'il sent qu'il peut défendre la veuve, l'orphelin, la jeune fille violée ou la gamine enlevée, il lâche son Proust et va expliquer aux mal comprenants le sens de la vie. Je rêverais d'avoir un Robert McCall à ma disposition parce que parfois, j'ai vraiment l'impression de mal me faire comprendre. Reconnaissons quand même que les méthodes ne sont pas des plus pacifistes mais Bob laisse parfois une chance à son interlocuteur d'éviter la baston voire pire. Il peut aussi se montrer très délicat : "tu es droitier ou gaucher ?" et laisser en bon état la main la plus utilisée.

Bob est facilement irritable quand il flaire l'injustice mais lorsqu'on s'attaque à ses proches, je ne vous dis pas dans quel état ça le met. Et justement, sa meilleure amie va passer un sale quart d'heure...

Denzel (dont je vous invite à aller admirer le fiston ici) fait le job entre nonchalance et ultra violence (j'ai dû fermer les yeux plusieurs fois). Il ne se contente pas de jouer les redresseurs de torts, il tente également de remettre dans le droit chemin un jeune black qui est en train de se laisser tenter par les gangs et l'argent facile.

C'est manichéen en diable, la scène finale est trop longue, trop diluée et s'éternise mais cela reste du bon divertissement à l'intrigue parfois alambiquée mais qui se laisse apprécier sans ennui.

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A SILENT VOICE de Naoko Namada **

Synopsis : Nishimiya est une élève douce et attentionnée. Chaque jour, pourtant, elle est harcelée par Ishida, car elle est sourde. Dénoncé pour son comportement, le garçon est à son tour mis à l'écart et rejeté par ses camarades. Des années plus tard, il apprend la langue des signes... et part à la recherche de la jeune fille. 

Si je ne l'avais lu à propos de ce film, je n'aurais pas su que le handicap était considéré comme une honte au Japon. Le film montre bien qu'être "différente" est loin d'être simple quand on intègre une classe de jeunes loustics plutôt prêts à faire les marioles pour faire rire les copains qu'à aider son prochain. Mais j'ai bien envie de dire que ce n'est pas plus une réalité au Japon qu'ici et réciproquement. Le handicap est toujours considéré il me semble comme plus ou moins une tare.

D'accord, ici, Ishida y va un peu fort et considère la toute mignonne Nishimiya comme un monstre. Il la bouscule, la malmène, casse ses appareils auditifs et j'en passe. Nishimiya s'excuse. Elle s'excusera d'ailleurs pendant tout le film sans qu'on comprenne vraiment pourquoi. Et n'aura de cesse de vouloir sympathiser avec son tortionnaire. Ishida quant à lui, sera atteint d'une rédemption surprenante que je n'ai pas vu arriver. Un jour il est le harceleur, le lendemain, il apprend le langage des signes.

J'ai par ailleurs eu un peu de mal à comprendre comment Nishimiya pouvait réussir à suivre les cours dans une classe où les profs ne font pas le moindre effort pour s'adapter au handicap. Ils parlent sans cesse, tournent le dos...

Le film est très beau visuellement et aborde des thèmes difficiles, le handicap et le harcèlement et réserve de magnifiques moments. Mais il ne m'a pas touchée. Il est d'abord très long (2 h 15) et souvent répétitif. La réalisatrice aurait été bien inspirée de recentrer l'action. Par ailleurs, sans doute ai-je manqué d'attention, mais les enfants grandissent, portent de multiples surnoms ou diminutifs, et je finissais pas ne plus savoir qui était qui.

Et comme une de ses camarades de classe, je reconnais que j'ai fini aussi par en avoir assez d'entendre Nishimiya s'excuser.

Même visuellement, je pense avoir préféré Your Name de Makoto Shikai.

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BONHOMME de Marion Vernoux **

Avec Nicolas Duvauchelle, Ana Girardot, François Rollin, Béatrice Dalle

Synopsis : La vie de Piotr et Marilyn, jeune couple de la banlieue lilloise, va être bouleversée suite à un accident de voiture. Traumatisé crânien, Piotr, s’il garde son physique avantageux, n’a plus toute sa tête : tantôt matou apathique, tantôt fauve en rut à l’hypersexualité débridée. Pour Marilyn, convaincue que son amour pour lui peut le sauver, c’est le début d’une épopée menée vaille que vaille et cul par-dessus tête.

Encore une histoire de handicap, mais cette fois il fait irruption dans la vie d'un jeune couple qui va tenter de braver tout ce que ce cataclysme provoque dans la vie quotidienne. Après quelque temps de coma, Piotr sort de l'hôpital et il n'est plus tout à fait le même. Marilyne bravement décide qu'elle s'en occupera. Pourtant il a changé et notamment sa sexualité désordonnée est devenue envahissante. La jeune femme fait face mais s'expose à des retards au travail. Difficile de gérer le quotidien avec cet adulte devenu un grand gamin, qui se perd dans la cité, met le feu à la cuisine et rend quelques services aux femmes...

Le récit bifurque à plusieurs reprises de façon assez surprenante et j'ai été moins séduite par l'utilisation du priapisme de Piotr qui tire un peu le film vers la farce. Il est beaucoup plus subtil lorsqu'il parle de l'attachement, de l'amour de Piotr et Marilyn que l'irruption du handicap n'a pas entamé. On voit à quel point on peut être démuni face à un tel drame et à quel point la société reste froide face aux contraintes et aux bouleversements.

La réalisatrice regarde avec beaucoup de tendresse ces deux amoureux. Nicolas Duvauchelle en fait parfois un peu trop mais parvient à être touchant notamment lorsque sa mère réussit à le récupérer et le bourre de médicament. La méthode de Marilyne est à l'opposé. Par contre, je n'avais jusqu'ici jamais été convaincue par le talent d'Ana Girardot. Je l'ai trouvée formidable, parfaitement à sa place et convaincante en jeune adulte courageuse, débrouillarde et amoureuse.